Chapitre 13

7 minutes de lecture

— Alec !

Il ouvrit les yeux avec difficulté, et la première chose qu’il vit fut le visage de Jordan, à quelques dizaines de centimètres du sien. Il était en train de le fixer de ce regard bleu, irrésistible. Quoi de mieux que de se faire réveiller par…

— Putain, tu m’as mis de l’eau dans les yeux ! râla Alec.

— Ouais j’ai les cheveux mouillés, désolé.

Il mit quelques secondes avant de s’adapter à la lumière, et put enfin admirer le torse nu de Jordan. Décidément, il ne s’en lassait pas. Il était penché juste au-dessus de lui, il n’avait enfilé que son pantalon et quelques gouttes perlaient encore sur ses épaules et ses pectoraux. Il avait terriblement envie d’emmener ses doigts faire une balade sur sa peau bronzée…

— T’as encore pris une douche ?

— Ouais, matin et soir. Je suis un mec propre, moi.

— Pas très écolo, répliqua Alec.

— Qu’ils aillent se faire foutre, les écolos.

— Je savais que t’allais dire ça.

Jordan regarda Alec, amusé. Il lui sourit et lui fit une petite tape sur la tête.

— J’ai encore reçu de l’eau dans la gueule, hein.

— Ça te réveillera, feignasse. T’as 5 minutes pour te préparer, on va être en retard.

— Déjà ? Putain…

Il se tira avec difficulté hors du lit, pendant que Jordan enfilait un t-shirt. Il prit quelques affaires et s’enferma dans la salle de bains pour une douche express, juste le temps de se laver.

Quand il sortit, Jordan était déjà prêt à partir, assis sur son lit penché sur son téléphone.

— Grouille-toi, j’ai pas que ça à faire, lui lança-t-il.

— T’es pas obligé de m’attendre, tu sais.

— Ouais, t’as raison.

Jordan se leva alors, rangea son portable dans sa poche et lui fit un clin d’oeil. Puis il se dirigea jusqu’à la porte de la chambre et partit, tout simplement.

Alec soupira. Il ne devrait pas être étonné, venant de Jordan. Et subir ça de bon matin, alors qu'il n'était même pas encore complètement réveillé, c'était fatigant. Ça ne devait pas être évident de le supporter tous les jours. Il plaignait sa future femme, ou bien son futur...

Après s’être préparé, il se rendit dans la salle du petit déjeuner. Jordan était déjà attablé avec le reste du groupe, et se retourna vers lui avec un grand sourire, tout fier.

Alec regarda la salle. Elle était assez grande, avec beaucoup d'espace pour circuler entre les tables. Pour le reste, c'était assez minimaliste : des murs blancs sans décoration et des tables rondes recouvertes de nappes en papier. C'était un self-service, et la moitié des plateaux étaient déjà vides. Quelques employés commençaient déjà à débarrasser les tables. Il arrivait sûrement trop tard…

Marion lui fit un signe de la main, et l’invita à s’asseoir à côté de d’elle.

— Tiens, je t’ai pris une assiette, fit-elle en lui passant un plat de nouilles avec des oeufs.

— Merci… Tu savais que j’allais arriver en retard ?

— Bien sûr, tu me prends pour qui ?

Il n'avait pas la force de lui sourire, mais le coeur y était. Il prit les baguettes qui étaient posées sur la table et commença à manger, sans trop de conviction : il n’avait pas vraiment faim…

— Toi, t’as mal dormi, lui lança Marion. C’est Jordan qui t’a fait chier toute la nuit ?

— Nan, c’est juste que… le lit était pas confortable, mentit Alec. Et puis Jordan a été très sympa hier, contrairement à c’que tu penses.

Elle leva les yeux au ciel et le laissa manger tranquille. Il se dépêcha pour rattraper le retard qu’il avait pris. Il avait cette impression désagréable que tout le monde était en train de l’attendre.

Il finit donc en vitesse, et le groupe put enfin partir pour démarrer cette deuxième journée de visite.

Ils se rendirent dans le plus grand gratte-ciel de la ville, et eurent la chance de monter quasiment tout en haut de celui-ci. Il y avait un espace réservé pour les touristes, avec une vue imprenable sur la ville. Tout le monde sortit son appareil photo et commença à prendre ses meilleurs clichés.

Les visites continuèrent, ils se rendirent dans un musée sur l’histoire de Shanghai, qui expliquait la fondation de la ville et la construction de tous ces gratte-ciel et immeubles modernes… Mais personne n’y prêtait réellement attention, vu que tout était écrit en chinois.

Puis vint l’heure du déjeuner. La prof avait l’air tout excitée :

— Nous allons nous rendre dans un restaurant très connu de la ville ! Il se situe dans les quartiers touristiques, donc il y a beaucoup de monde. J’ai dû réserver il y a deux jours pour le groupe ! Alors tenez-vous bien, je ne veux pas de bêtises, vous représentez votre lycée et votre pays !

En disant cette dernière phrase, elle avait fixé Jordan, comme par hasard. Celui-ci s’était contenté de lui afficher son plus grand sourire, toujours avec cet air insolent qui agaçait terriblement la prof. Et malheureusement, tout le monde s’était tourné vers lui.

— Jordan, s’il te plaît, lui lança Noémie en le suppliant presque.

— T’as un problème ?

— Oui, c’est toi ! Fais un effort, cette fois-ci.

— Va te faire foutre.

Là, Noémie parut complètement choquée, elle resta immobile pendant quelques secondes, les yeux grands ouverts. Elle se tourna immédiatement vers la prof et lui prit le bras.

— Madame, vous avez entendu ce qu’il vient de me dire ?

La prof avait déjà l’air complètement blasée, elle semblait déjà habituée.

— Ne l’écoute pas, il te provoque exprès. Je dirais tout au directeur quand on sera rentrés du voyage. Il va probablement se faire virer. D’ailleurs, je me demande pourquoi ce n’est pas déjà le cas…

Jordan resta impassible. Mais il avait quand même l’air d’avoir pris un coup, là. Alec remarqua qu’il était en train de serrer le poing, et voyait ses veines ressortir. Pourtant, son visage gardait toujours ce petit sourire aux coin des lèvres. Il encaissait sans rien dire, toujours en gardant cette fierté.

Et ils se rendirent au restaurant, dans une ambiance pesante..,

La façade était grandiose, tout en rouge, la salle était bondée et les plats avaient l’air délicieux.

— Vous avez beaucoup de chance de pouvoir manger ici ! fit la prof de chinois, toute fière d’elle. Je vous oblige à goûter leur porc au caramel, c’est le meilleur de tout le pays !

Il y avait queue assez longue devant le restaurant, ça n'annonçait rien de bon...

— Ne vous inquiétez pas, j’ai fait une réservation. C’est obligatoire pour ce genre d’établissements, ils sont toujours remplis à chaque service.

Elle s’approcha de l’homme qui était à l’accueil et commença à lui parler en chinois.

Elle commença à perdre lentement son sourire, son visage se décomposa peu à peu, elle commença à s’énerver, elle était sur le point d’agresser le mec.

Finalement, elle revint vers le groupe, toute rouge, furieuse.

— Je comprends pas… J’avais réservé, et il me dit qu’il n’y a plus de place, et qu’il va falloir attendre environ 2 heures !!

Elle paraissait dégoûtée, comme tout le reste du groupe, d’ailleurs. Elle faisait presque pitié. Les autres essayèrent de lui remonter le moral, mais tout le monde avait l’air déçu.

Et Jordan n’avait pas bougé d’un poil pendant tout ce temps. Il regardait la scène avec gravité, les bras croisés, un peu isolé des autres.

— Bon, laissez-moi faire, lança-t-il alors.

Tous se retournèrent brusquement vers lui, et il se rendit à l’entrée du restaurant pour discuter avec le serveur. Ils parlèrent pendant un long moment, une, deux, cinq minutes… en faisant chacun des grands mouvements de bras. Personne n’y comprenait rien, mais ça devait être un échange assez musclé.

— Il se débrouille super bien, votre pote, fit Noémie, d’un air méprisant.

— Alors de un, c’est pas notre pote, répliqua Marion.

— Et de deux, continua Alec, il fait du chinois depuis la sixième avec un prof particulier. Et de trois, c’est mon pote…

Marion se retourna vers lui avec des yeux gros comme des billes. Depuis quand Jordan et lui étaient potes ?

Elle devait sûrement être en train de se dire qu’il avait dû se passer des choses pendant la nuit d’avant, et elle n’avait pas totalement tort.

Puis Jordan revint vers le groupe, toujours avec cette démarche de cow-boy…

— Je vous ai négocié des places, dans une salle VIP à l’étage.

Tout le monde le fixa. Ils crurent d’abord tous à une blague, mais Jordan avait l’air sérieux. Le serveur les salua et leur fit signe de le suivre. Ils n’en croyaient pas leurs yeux.

Ils montèrent des escaliers. À l’étage se trouvaient des tas de salles privatives, loin du grand bruit qui régnait au rez-de-chaussée. Le carrelage était brillant, on pouvait y voir son reflet, les murs étaient ornés de tableaux, à l’entrée de chaque salle se trouvait une porte, avec un numéro doré dessus.

Il ouvrit l’une d’elle et les invita à entrer.

Il y avait une grande table ronde qui les attendait royalement. Sur les quatre murs de la salle, il y avait encore des tableaux, et d’autres décorations.

Et Noémie fut la dernière à entrer…

— Stop, fit Jordan en se postant sur son passage. Je maintiens ce que j’ai dit tout à l’heure : tu vas te faire foutre.

— Mais je…

— C’est dommage, on est 13, et il n’y a que 12 places. Il va falloir que tu te sacrifies…

Il savourait sa victoire, et Alec trouvait qu’il avait bien raison. Il admirait ce mec, il était génial. Son petit air insolent défiait le regard perdu de Noémie, qui ne savait pas où se mettre.

— Je rigole, lâcha finalement Jordan. Tu peux entrer. On va se serrer un peu, je vais chercher une chaise supplémentaire.

Et Noémie s’assit à table, à côté des autres, la tête basse, humiliée…

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Rowani ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0