Voiture à vendre (comédie en un acte)
Le décor, minimaliste, consiste en une voiture, un éclairage urbain, et deux acteurs d’âge indéterminé vêtus de sombre.
- Bonjour ! Vous avez mis une annonce pour vendre votre voiture, et je serais intéressé. C’est bien celle-ci ?
- Oui, c’est exact, mais pour le moment je n’ai vraiment pas le temps… vous pouvez repasser demain ?
- En fait, j’en aurais besoin dès ce soir…
- J’ai une dernière course à faire avec. Vous êtes pressé à ce point ?
- Plus que vous ne pensez.
- Bon. On fait un tour rapide du véhicule, et on voit demain pour les papiers ?
- Ça me va. Elle m’a l’air en bon état, à part cette éraflure sur l’aile avant… et le phare qui est cassé.
- Un accident stupide. Il n’y a que le verre à changer. Ça ne vous coûtera pas cher, et ce sera déduit du prix affiché.
- Et la malle, elle a une grande contenance ?
- Oui, mais je préférerais que l’on regarde tout ça demain.
- pourquoi ? La serrure est bloquée?
- Non…
- Mais alors, qu’est-ce qui nous empêche d’y jeter un coup d’œil ?
- Bon. Vous m’avez l’air d’un gars à qui l’on peut faire confiance, alors je vous dis tout : Il ya un corps à l’intérieur.
- Une femme ?
- Non, un cycliste.
- Ne m’en parlez pas, ils nous pourrissent la vie avec leurs pistes cyclables !
- Celui-ci a grillé le stop et ne portait pas de casque. Vous savez ce que c’est, la nuit tombe vite en automne, je ne l’ai pas vu arriver... On peut dire qu’il a fait un sacré vol plané !
- Il ne faut pas s’apitoyer. Il l’avait bien cherché.
- Par miracle, le vélo n’a presque rien. Si vous voulez, je vous fais un prix groupé… Mais vous, pourquoi êtes vous si pressé de conclure cette vente ?
- Puisqu’on en est aux confidences… Il faut que je me débarrasse du corps de ma femme. C’était un accident, sa tête a heurté le coin du buffet, mais personne ne me croira. A cause de mon casier…
- Vous voulez un coup de main pour le corps ?
- Volontiers ! Il est roulé dans le tapis du salon, mais je me voyais mal le trimballer tout seul jusqu’au canal
- Je vous comprends. Un tapis, il n’y a pas de prise il vaut mieux être deux.
- Je vous aide pour le cycliste, et on s’occupe de ma femme après ?
- ça marche, si vous êtes toujours partant pour acheter la voiture une fois que tout sera arrangé.
- N’ayez crainte, j’aurai besoin d’une voiture pour faire les courses, maintenant que je suis veuf.
- Il faut dire que ça rend bien des services ! Ne perdons pas de temps : la nuit va tomber, on sera tranquilles, les réverbères ont tous été vandalisés le long du canal.
- Et quand tout sera fini et bien fini…
- On restera en contact ! C’est dans l’adversité que l’on reconnait ses vrais amis.
(rideau)
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Le figurant (qui jouait le rôle du cycliste dans le coffre) :
- Hé ! il y a quelqu’un ? Laissez-moi sortir! J’étouffe là-dedans, le guidon me rentre dans les côtes !
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