Une fleur de cerisier

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Il était tôt... Ou tard tout dépend du point de vue, je m'étais levé, il n'y avait pas si longtemps pour aller courir comme d'habitude. J'ai découvert Tokyo hier, pour un petit gars de la campagne comme moi, c'était un truc de fou, à cette heure-ci, il faisait encore jour ! Quel plaisir, il devait faire quelque chose comme 25 degrès, pas trop chaud, pas trop froid, juste comme il faut. Le seul problème, c'est que comme toujours, mes crampes me lancent. Je courais, mes jambes me hurlant, me suppliant de m'arrêter juste deux minutes pour reprendre mon souffle, mais c'était hors de question. On ne devient pas grand en se reposant. Je devais me dépasser, moi et la douleur, si tu veux la paix, prépare la guerre.
C'est au détour d'une ruelle que j'entendis une voix qui appelait à l'aide. Et comme un con, je m'y précipite, évidemment que je m'y précipite. Et c'est là que je les aperçois. Un gars qui baigne de son sang, au sol, et une fille, effrayée. Deux gars plutôt baraqué et manifestement armés l'attirent plus profondément dans la ruelle. Ils vont me faire jouer les héros putains !
À ce moment-là, mon corps était devenu soudainement plus léger. Mes jambes avaient fermé leurs gueules, mes bras ne se plaignaient plus, et mes poings avaient décidé d'enfin me laisser tranquille. C'était dingue, l'adrénaline faisait son effet, et je me sentais revivre, j'avais l'impression d'être Son Goku contre Freezer !
Sans la moindre hésitation, je chargeais les enfoirés qui cherchaient à kidnapper la demoiselle.
                    *****
Sous les yeux confus de la petite dame, l'un des malfrats fut propulsé au sol. Et devant elle, à sa place, se dresser Eikichi. Le poing serré et prêt à en découdre. Elle crut voir l'un de ces super héros de comics américain, et sentit la peur s'évanouir petit à petit.
Mais ce n'était pas fini. Le camarade de l'homme à terre se saisit d'une lame et tenta à plusieurs reprises de poignarder le garçon en l'abdomen. À cet instant précis, Eikichi remercia ses années de boxe. D'un crochet du droit frappant directement dans la main de son agresseur, il le désarma. Le couteau dessina un arc dans les airs avant de se planter derrière lui, dans une planche de bois contre le mur.

Il se sentait plus puissant qu'il ne l'avait jamais été, la peur n'avait pas d'emprise sur lui, et son désir de justice brûlé. De là où il venait, ce genre de choses n'arrivait jamais, c'était un petit coin tranquille, mais ici, en pleine ville, ces événements étaient courants. La simple idée que ce genre de choses soit déjà arrivé l'enrageait.
" Touché à une femme de la sorte, ce n'est pas digne d'un homme ", pensa-t'il alors qu'il chargeait à nouveau son adversaire. Débarrasser de son arme, il ne pouvait pas répondre aux assauts du garçon et finit rapidement à terre. Ces hommes devaient avoir passé la vingtaine, et face à eux, s'imposait un gamin qui devait être au lycée. Cette vision surréaliste fit monter le rouge aux joues de la dame, prise d'un soudain espoir de s'en sortir indemne.

Mais les deux hommes n'étaient pas seuls.


Sortant de l'ombre de la ruelle, un véritable golgoth se dessina. Il devait facilement faire trente centimètres de plus que le garçon et son visage couvert de cicatrices témoignés de ses nombreux combats passé. Pour la première fois, Eikichi sentit que la victoire ne lui était pas acquise, qu'il n'avait pas le droit à l'erreur. L'adrénaline le poussait encore, faisant taire la douleur dans ses membres, et l'obligeant à faire face à ce nouvel ennemi.
- Bande d'incapables, dit-il alors qu'il piétinait les corps de ses subalternes. Pas assez fort pour faire face à un adolescent, vous me dégoûtez.
A ces mots, l'homme dégaina sa propre arme. Un colt M1911, une arme de poing utilisée du début jusqu'à la fin des années deux-milles par l'armée americaine. La qualifiée de léthal, et d'illégal serait un euphémisme.

De deux balles, il supprima ses propres hommes, avant de pointé l'arme sur Eikichi. Des sueurs froides lui coulèrent le long du dos. Il devait bouger, et vite. Les armes à feu n'ont qu'un seul point faible, elles nécessite d'avoir la personne devant le viseur. Il n'avait qu'une seule option, se jeter à corps perdu dans le combat au corps-à-corps. Mais comment aborder un adversaire de cette carrure ? Même s'il arrivait à le désarmer, cet homme lui semblait parfaitement monstrueux, lui qui avait toujours été qualifié de force de la nature, se surprenait à craindre un adversaire.
Il n'eut cependant pas le temps d'y penser plus longtemps. Ses jambes furent les premières à réagir. Et enfin, le voilà propulser au coeur de l'action.

Il le savait très bien, il n'avait qu'une seule option. Pour faire chuter un adversaire de nombreuses fois plus lourds ou plus fort, il n'y a qu'un seul endroit à frappé, la tempe.
C'est ce qu'il viserait. Alors qu'il évitait les frappes puissantes, mais lentes du colosse, Eikichi cherchait à atteindre cette tempe. Mais celle-ci était haute, trop haute pour qu'il ne puisse la prendre d'assaut. Il s'épuisait, il était obligé de bouger, mais toute l'adrénaline du monde n'aurait pas suffi à entretenir un tel effort. Il frappait sans relâche, pas un seul instant ne se passait sans que les grosses mains du monstre ne fouettent l'air. Et si elles venaient à l'atteindre, il le savait, le combat serait fini. Ses jambes commençaient à trembler, et la douleur petit à petit refit surface. Ce n'était pas le moment. Il était acculé, dos au mur, le géant souriait, il avait attrapé sa proie.
Sa main s'abattit sur le ventre d'Eikichi, lui coupant net la respiration, et lui infligeant une douleur que seul un marteau pourrait infliger. Il était fort, trop fort. Alors qu'il se battait pour rester debout, il ressentit les deux mains de son adversaire se poser de chaque côté de sa tête, le gardant en place, l'empêchant de tomber. Et à nouveau, une douleur indescriptible le frappa. De toute sa force, l'homme vint écraser son propre front contre celui d'Eikichi. Il avait le crâne dur, et le pauvre garçon vit flou.

Mais il était enfin à sa portée.

- T'as perdu gros tas.
Serrant son poing de toutes ses forces, Eikichi prit une grande respiration, ignorant la souffrance et son envie de capituler. Il pouvait encore l'emporter, il comptait le faire.

Dans un hurlement d'outre-tombe, il envoya un dernier crochet à son adversaire. Dans cette unique frappe, il déversa sa colère, sa douleur et son désir de victoire. Et le poing fit mouche. Le crâne était dur, mais la tempe était faible. Pris d'un choc électrique, le monstre chut, comme décapité.
Lui, se tenait sur ses deux jambes, tremblant, souffrant le martyre, mais il était encore debout. Victorieux.
                        ****
J'ai mal... Putain, je vois que dalle... Il est tombé ? Elle va bien ? J'crois que j'ai une... Non, deux côtes complètement pétées, bordel, j'vais pas crever dans une vieille ruelle toute pourrie quand même ?

Ca craint...
- Allo ? La police ! Vite ! Je vous envoie nos données gps, mais bougez vous ! Il nous faut une ambulance, quelque chose !
C'est quoi c'bordel ? Une ambulance ? La police ? Pourquoi le monde tourne ? Je sais que la terre tourne, mais quand... quand même, c'est déconné...


Quand je me réveillais, j'étais dans un lit d'hôpital, les médecins m'avaient fait des radios, deux côtes cassées, et l'arcade ouverte... Bordel, je m'en souviendrais de mes idées de jouer au héros...

Mais malgré tout, j'eus droit à un certain réconfort. Elle était là, assise à côté de mon lit, Himiko, c'était la première fois que je la rencontrais. Je m'en souviendrais. Elle me fout toujours dans des embrouilles pas possibles cette fille, et après on me demande pourquoi je n'veux pas d'un couple. Mais il faut admettre, qu'elle était aussi jolie qu'une fleur de sakura.

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