Prédateur

7 minutes de lecture

Il est encore tôt quand je quitte la chambre. Mon sac sur le dos avec uniquement des habits et ma carte de crédit. Himiko est encore en train de dormir, je me surprends moi-même par moment, réussir à m'extraire du lit sans même qu'elle ne s'en rende compte, c'est tout un art.

L'hôtel est calme, si calme, pas un bruit. Les couloirs sont couverts de différents tableaux de différents artistes-peintres, et le sol, d'un tapis rouge écarlate, j'aime cette couleur. C'est vraiment un joli bâtiment, il faudrait que je pense à leur mettre une bonne note sur leur site, ils méritent. À chaque coin de chaque couloir je m'assure que personne ne soit posté, à m'attendre, ce cher Haru m'a déjà surpris par le passé, et si jusqu'à présent, cela restait bon enfant, aujourd'hui, les choses sont différentes, je ne peux pas le laisser faire. Précotionneusement, je traverse les corridors, l'odeur jusqu'à présent légère des encens semble étonnement forte à cette heure du matin. Alors que je marche, je me souviens des trois dernières semaines, des jours qu'on a passé à balader dans le coin avec Himiko, des bols de ramens, et du temps qui a suivis mon hospitalisation... C'était pas si mal, Himiko était aux petits soins avec moi, et Yokko aux petits soins avec Himiko. Les gars, eux étaient fidèles à eux-mêmes, de vrais bordels sur pattes... Quoi que j'en dise, je garderais de ma balade à Miyazu, un super souvenir. Mais comme toutes les meilleures choses, elles doivent bien finir un jour.

Il fait frais, c'est agréable... Alors que je pose mon pied dehors, je sens la brise matinale, c'est pour ça que j'aime sortir tôt le matin. Le sel porté par le vent, j'aime la mer, peut-être qu'un jour, je pourrais la prendre, ça me plairais bien de partir en bateau pour vivre sur les mers pendant un temps. Mais j'ai du travail avant de faire ça.

" Ou tu vas, beau gosse ? ".

Alors que je commence à marcher, deux bras viennent m'enlacer et une voix s'élève... Qui c'est ? Pas Himiko en tout cas, je reconnaîtrais son étreinte entre milles, ces bras sont trop fort, il n'y pas cette tendresse que seule Himiko est capable d'offrir.

- Tu pensais quand même pas partir sans nous ?

Je reconnais cette voix... Haru tu déconnes...

- Akio, c'est Haru qui t'as prévenus, je présume.

- Touché.

Haru, Akira, Yokko, la totale... Même Himiko est derrière moi... Quelle galère...

- Eikichi ? C'est vrai c'qu à dit Haru ?

Haru espèce d'énorme traître.

- Oue, j'me casse. Seul, je vais trouver mon frère. C'est pas contre vous, mais cette histoire est en train de partir trop loin, et j'ai pas envie que vous vous fassiez buter ou que vous finissez par buter quelqu'un.

- Sans moi ?

Himiko... Ne me fait pas ça par pitié.

- T'as dit qu'on irait ensemble, que j'étais aussi de ta famille, ton frère est aussi le miens maintenant, j'ai le droit de te suivre.

Quel enfer, je déteste les séparations, ce genre de scène dans les manga me rendent fou d'habitude... C'est niais, et chiant.

- Certaines choses doivent être faites seules. Tu te souviens de Porco Rosso ? C'est pareil, certaines quêtes doivent être menée par une seule personne. Marco est seul dans son hydravion. Je reviendrais, t'en fais pas, mais ces histoires sont en train de partir en couille. Et je n'peux pas te laisser y prendre part plus longtemps.

- Mais il y a autant d'autres choses qui doivent être faites à deux ! Et Porco n'était pas seul, il avait Fio avec lui. Ryo a Kaori, Onizuka a Fuyutsuki-Sensei et Ryuji. Si tu pars sans moi, sans tes potes, on te poursuivra que tu le veuilles ou non, parce qu'on a décidé de t'aider. Mais toi et moi, ce sera fini, une fois qu'on aura retrouvé ton frère, tu seras seul. J'imaginais plein de trucs pour nous, j'imaginais qu'une fois tout ça terminer, on irait à la fac, qu'on aurait un apart pourris et qu'un jour, par accident je tomberais enceinte, mes parents approuveraient pas mais on le garderait et on vivrait bien, puis on finirais pas partir à la campagne et vivre tranquillement... Mais si tu pars, il n'y aura plus rien, réfléchis Eikichi.

Hein ? C'est quoi cet ultimatum ? Oy, Himiko, tu m'fais quoi ?

- T'inquiète Himiko, il partira pas ton chéri, il ne pourra pas le faire de toute façons. Oy Eikichi, tu veux partir ? Alors montre moi que tu peux survivre sans nous.

Akio ? Tu t'fous d'ma gueule pas vrai ? Tu veux te taper ? Maintenant ? T'as jamais gagné contre moi, pourquoi, ce serait différent maintenant ?

                   ****

- Approche, si tu veux partir sans nous, tu vas devoir me buter, même sans jambes, je ramperais pour venir t'emmerder. Alors approche.

- Tu veux jouer ? Jouons.

Eikichi se rua sur Akio, et quand son poing vint s'écraser contre le visage de celui-ci, ce dernier riait. L'attaquant ne comprenait pas pourquoi il riait, mais il avait senti que son poing n'avait pas eu le même impact que d'habitude.

-  C'est tout c'que t'as à m'offrir, sérieusement ?
C'était à son tour de frapper, et le poing d'Akio n'eut pas le même impact que celui de son ami. Il avait senti le crochet à travers tout son corps, il remerciait sa mère de lui avoir offert un corps qui récupérait rapidement. Des fractures comme les siennes auraient dû prendre plusieurs mois à se remettre, il lui en fallut deux semaines. Si ce coup l'avait atteint avant qu'il ne soit remis, Eikichi serait certainement au sol en train de se tordre de douleur. La frappe résonnait encore à travers ses membres, et quand lui revint à l'assaut, il avait le sentiment de n'avoir aucune force.
- Aller, montre moi l'Eikichi que j'ai connus en début d'année, celui qui m'avait allongé avec un seul uppercut !
Plus il frappait, plus il le sentait, inconsciemment, au moment de l'impact, il retenait sa force. Son poing ralentissait jusqu'à n'être que l'ombre d'un direct. Il la sentait, la peur. Eikichi avait peur de frapper après son dernier combat. Et cette peur était la cause de son état. Son ami, lui, ne se retenait pas, malgré les suppliques d'Himiko qui l'implorait d'arrêter, Akio défoulait sa rage sur Eikichi.
- Alors ?! Réponds ! Frappe enfoiré ! Tu penses survivre sans nous si tu te bats comme ça ?! Tu vas me dire que ces poings ont buté un type ?!
Dans une impasse, Eikichi était pris entre deux feux. D'un côté, son ami se défoulait sur lui, de l'autre Eikichi devait batailler contre son propre for intérieur. Ses bras se refusaient à lui obéir.
- Bouge-toi connard ! Mes amis ne chouinent pas ! Ramène-moi mon pote ! T'es pas bien à cause de ces conneries ? Eikichi est pas du genre à broyer du noir ! Où est le chef de l'équipe de foot qui est toujours sûr de lui et à fond ?!
" La ferme ", pensa Eikichi, acculé.
- Tu vois pas l'état dans lequel tu mets tout l'monde ? Tu vois pas l'état dans lequel est Himiko ?!
" La ferme ", répéta-t-il.
- Réveille-toi putain ! Ton frère est disparu ? ! T'as raison de vouloir le retrouver, mais t'as tort quand tu te dis que tu dois le faire tout seul ! On est un groupe ! Arrête d'agir comme ces emos qu'on voit dans les films, arrête de te la jouer Sasuke ! T'es le premier à dire qu'ils sont débiles ces persos, alors fais pas la même chose ! T'es un homme ! T'as pas le droit de chouiner ! Arrête ton cirque, et rends-moi mon pote cool qui se marrait quand il était sur le ring !
- LA FERME !
Les mots de son ami, ainsi que ses coups, il en était assez. Eikichi sentait la rage montée, et avec elle, sa peur de blesser s'évanouissait. Il noyait Akio sous un torrent de frappes furieuses. Malgré tout, ce dernier souriait, il avait manifestement atteint son but, réveiller Eikichi. Chaque frappe étaient semblables à de nombreux coups de massue sur les bras d'Akio, il le voyait dans les yeux de son ami, la flamme reprenait de la force. Il savait à quel point les deux dernières semaines avaient été rude pour lui, le jeune homme dont l'une des plus grandes fiertés était sa force, incapable de s'en servir pendant si longtemps, voilà un terrible châtiment. Un additionnant à cela, son traumatisme causé par la mort de son adversaire, Eikichi avait subi, pour la première fois, un coup dont il aura bien du mal à se remettre. Mais il ne pouvait pas le laisser sombrer, le seul moyen dont il disposait, pour reveiller son ami était de frapper assez fort.
Et l'étincelle fut allumée, le lion avait été réveiller dans les yeux d'Eikichi. Le garçon qui jusqu'à présent, vivait pour le frisson de la chasse, avait repris les armes. Le lion montre les dents.
Alors qu'Akio touchait le sol, il souriait, son ami avait commencé à sortir la tête de l'eau. C'est en se relevant, qu'il se mit à rire.
- Tu m'as habitué à mieux, mais c'est déjà pas mal. Y a du mieux. Maintenant qu't'es réveiller, on y va ? Il est tôt, j'aimerais régler ce problème puis aller au pieu.
                    ******
Ils sont insupportables ceux-là... Me faire en arriver là.
- De toute façons j'ai l'impression que j'pourrais pas m'enfuir. On y va, j'ai des infos à récupérer.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Le Professeur ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0