Sale gosse.
Cette fillette me tuera un jour... Comment on peut être aussi petite et aussi hargneuse ?
- Akio, arrête de pleurer mon grand, t'es un garçon, les garçons ça ne pleure pas, regarde, tu n'as rien... Et Himiko, excuse toi.
Elle détourne le regard, les bras croisés, elle fait la tête, si ça continue, dans cinq minutes, ce sera la faute d'Akio.
- C'est pas ma faute ! Il chiale pour n'importe quoi ! C'est une fille ! J'y suis pour rien moi, j'l'ai à peine bousculé et il chouine ! Les filles n'aimeront jamais un garçon qui chouine !
Cette petite est infernale... Si seulement elle avait pu un peu plus prendre de son père, et moins de sa mère... Tsuki, je t'ai toujours dit qu'avec ton caractère, il ne fallait pas que tu fasses des enfants, j'étais sûr que ça finirait mal cette histoire. Regarde ce que tu nous as pondu.
- Himiko, tu sais, Akio veut juste être ton ami. Tu devrais être un peu plus gentille avec lui, au lieu de le repousser comme tu le fais en permanence. Aller, vas t'excuser et allez jouer.
Elle ne m'écoute pas... J'aurais dû m'en douter. Cette gamine est la copie conforme de sa mère...
- Je rentre à la maison !
Comment ça ? !
- Rev-... Depuis quand les gamines courent aussi vite ?
" Les filles n'aiment pas les garçons qui courent moins vite qu'elles ", c'est ça ?
- Himiko court plus vite que n'importe lequel des garçons de l'école*... Vous ne l'attraperez pas.
Plus qu'à appelé Saitou pour le prévenir...
" Allo, Saitou ? C'est Denji, ta fille s'est barrée en courant après s'être fait engueulée, elle arrive chez toi, impossible de rattraper cette petite... T'aurais vraiment pu te marier avec une femme plus... Calme, regarde ce que vous nous avez fait, pas un deuxième s'il te plaît. "
Et évidemment, il est mort de rire, cet homme n'a aucune conscience du danger qu'est Tokyo, pour une fillette de cet âge-là.
***
- Himiko ? ! Qu'est-ce que tu fais là ? ! Tu devrais être à l'école !
Cette petite me tuera un jour.
- C'est pas ma faute ! Akio m'embêtait, alors je l'ai poussé, et il s'est mis à chouiner, et après Denji m'a engueulé !
De qui elle tient son caractère, vraiment ? J'étais comme ça quand j'étais petite ? Pardon maman, ça n'a pas dû être facile.
- Tu n'es pas possible comme petite... Viens, on va balader... Faut que tu sois plus gentille avec tes copains, Himiko, un jour, tu vas te retrouver toute seule, et laisse moi te dire, qu'être toute seule, c'est pas rigolo.
Elle est trop petite pour comprendre qu'on s'inquiète pour elle, ma chérie, si tu savais la difficulté de vivre seule.
- J'ai pas besoin des autres ! Je suis assez forte pour m'en sortir seule !
J'ai vraiment l'impression de me revoir, c'est fou.
- Ma chérie, écoute maman. Elle va te raconter une histoire.
" Quand j'avais quinze ans, j'étais partie de la maison. Ma maman et mon papa s'inquiétaient pour moi, mais j'étais trop fière pour le voir, j'étais sûre qu'ils faisaient tout pour me tenir en laisse. Et moi, je pensais être plus forte que les autres, alors, je suis partie. J'ai rejoint un groupe de Bosozoku* pendant quelque temps, c'était rigolo au début, on faisait le tour de la ville, on mettait le bazar sur nos motos, et on avait le sentiment d'être libre. Mais tu sais, au final, tout ce qu'on faisait, c'était fuir, et qu'importe combien on était, on était toujours seule. On s'en est rendu compte le jour ou tout à exploser. Les garçons ont commencé à se bagarrer pour les filles, les filles pour les garçons, et au final, le groupe était complètement séparé, et ils se sont fait arrêter par la police. Certains d'entre eux ont fini par rejoindre les Yakuza, d'autres sont en prison, et d'autre... Je préfère ne pas en parler. Mais quand tout le monde s'est fait attrapé, il ne restait plus que moi, et j'étais seule, encore. Je ne pouvais pas retourner chez mes parents après ce que je leur avais fait subir, il ne me restait plus qu'une seule option : continuer, seule... J'ai dormi çà et là, dans des bâtiments abandonnés, me bagarrant avec des gens pas gentils, j'avais peur, en permanence, j'avais toujours une batte sur moi, au cas où. Il faisait froid la nuit, mon lit me manquait, mais quand tu as fait du mal aux gens, et que tu le sais, c'est difficile de demander pardon. Alors, j'ai continué de balader, çà et là. Et un jour, alors que je me bagarrais avec un monsieur, et qu'il avait ramené ses copains, parce que lui, il n'était pas seul, je pensais être morte, que tout était fini. Et c'est la que ton papa est apparu, un jeune officier de police qui a cassé la tête des méchants, il m'avait sauvé la vie. Il m'a sorti de ma solitude, et protéger contre des personnes qui me voulaient du mal. C'était pas facile au début, il avait l'air tellement, tellement bête, il riait tout le temps, m'avait surnommé " chat errant ", et il m'énervait. Mais je n'étais plus seule, quand on est seule, on est en danger, on est faible. Je ne veux pas que tu le sois ma chérie. Tu es encore petite, tu ne dois pas tout saisir, mais je te le demande, ne finis pas seule. "
- Ça va aller maman ! Je suis forte ! Y a aucun garçon qui me rattrape à la course ! Et hier, y a une nouvelle qui est arrivée à l'école ! Yokko, elle est gentille ! Et super jolie ! Elle a même une petite épingle à cheveux en forme de lapin ! Et elle aussi, les garçons l'énerve, alors je ne serais pas toute seule !
- Tant mieux... Je n'ai pas à me faire du souci alors ! Tu voudras l'inviter à la maison ? Comme ça, tu pourras me montrer cette épingle lapin. Enfin, n'oublie pas de t'excuser auprès d'Akio quand même, ce n'est pas un méchant garçon, il veut juste être ton ami.
- J'ai pas envie de m'excuser ! Il est toujours derrière moi ! Ça m'énerve ! En plus, il est lent, et il chouine, on dirait un bébé ! Moi, je veux pas jouer avec des garçons qui sont lents et qui chouinent ! Et lui, il fait les deux !
Annotations
Versions