Lumière dans les ténèbres.

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Un briquet qui s'allume, puis l'odeur d'une cigarette... Ce type me dégoûte. Je vais lui arracher les yeux. Il a buté le Boss avec une arme, comme un lâche, et maintenant, il ose fumer... Et le frère du Boss qui se pointe comme une fleur et nous demande de l'écouter. Ça m'énerve !
- Bien, je vais vous demander encore un peu de votre temps d'attention...
" Nous avons... Vingt-deux heures et vingt-cinq minutes devant nous. Passés ce délai, Eikichi, ne reviendra pas. Voyez-vous, le temps défile à une vitesse absolument folle dans le monde des morts. Ici, il ne s'est passé que quinze minutes, en bas, il s'est passé des éons. Eikichi est déjà bien plus vieux que n'importe lequel des êtres vivant sur Terre, en réalité, si je me base sur mes connaissances... Il devrait être actuellement assez vieux pour être capable de dire " j'ai vu l'Atlantis sombré " et être crédible. "
Il a pété un câble, qu'est-ce qu'il me raconte ?
- Rien à foutre de ça ! Et puis comment tu peux bien le savoir, toi ? T'es déjà mort ?
" Non, mais j'ai visité le monde des morts... Et je ne suis pas le seul à l'avoir fait, en réalité, ici, nous sommes trois à l'avoir fait. Moi, Kentaro, et toi, Haru, tu as visité le monde des morts il n'y a pas si longtemps que ça... Au cœur du Mont Sentsu. C'est là, que se trouvent les portes du monde d'en bas. Ton bien-aimé " Boss " la reconnaîtra quand il se trouvera face à elle. Sous la montagne, le Tombeau du Serpent, est l'entrée du monde des morts... Mais tout cela, n'est pas bien important. Non, ce qui est important, c'est de se demander si votre ami, amant, bien-aimé, frère, boss reviendra. N'oubliez pas, c'est la mort qui le tient entre ses griffes. Rien ne dis qu'il réussira à s'en arracher. Il n'y a que ses choix qui pourront le sortir de là-bas. Il n'y a pas de destin, pas pour nous autres humains. "
Pas de destin ? Il dit qu'Eikichi est possiblement le résultat du Magnum Opus ou je ne sais plus trop quoi, qu'il peut... Survivre au fait d'être mort ? Et nous maintient qu'il n'y a pas de destin ?
- S'il survit à un truc comme ça, c'est forcément que le Boss Eikichi a un destin ! Ça ne peut pas être " personne "!
" Écoutez-moi, jeune Kyoko. Vous avez tous vos raisons de le suivre, et parmi les quatre " lieutenant " ici présent, que vous soyez sous ma supervision, ou celle d'Eikichi, vous agissez dans son interet. Himiko, tu m'as suivi tout ce temps pour réparer tes erreurs et lui demander pardon. Haru, tu te sens coupable, de l'avoir traité comme tu l'as fait, et as pris la décision de le suivre pour le mettre en garde face aux dangers qui s'approchent. Au vu de ton comportement à son égard, ma petite Kyoko, je dirais que ce qui te guide, de la même manière qu'Himiko, sont des sentiments amoureux... Que c'est romantique... Kimura, toi qui as vu ce dont l'humain était capable, qui a baigner dans cette immondice qu'est l'humanité, tu as dû voir en ce jeune homme, une lueur d'espoir, je suppose que c'est là ta raison de le suivre... Tout cela, ce n'est pas le fruit du destin. C'est le fruit de vos propres choix. Le destin existe, mais il n'influence pas nos vies, ou pas directement. Comme vous expliquez... C'est un peu comme un jeu vidéo, une trame se déroule, les événements se passent parce qu'ils doivent se passer, et vos choix influencent la suite. Le Monde, suit une trame, il suit une ligne directive, et nous, nous sommes pris dans cette ligne, mais ce qui vas changer notre vie, ce n'est pas tant cette ligne, que les choix que nous ferons en fonction de cette ligne. Un exemple tout bête. Quand Himiko a rencontré le jeune Kudo, elle était sur le point de subir des choses peux recommandable. Pourquoi ? Parce qu'elle a décidé de sortir à cette heure précise et de faire ces choses précises. Cet événement devait arriver, mais pas forcément lui arriver à elle. C'aurait pu être une autre fille à sa place. Mais elle fut sauvée par Eikichi qui était aller faire son sport. Quand il lui a sauvé la vie, elle avait plusieurs choix, le laisser et s'enfuir, rester et appeler une ambulance à la fin, ou tout simplement hurler à l'aide. Elle a appelé une ambulance, et ainsi de suite, si au lieu de l'avoir assistée pendant tout le temps de sa convalescence, elle lui avait juste dit " merci pour m'avoir sauvée ", ils ne seraient sûrement pas tombés amoureux, etc., elle ne serait pas ici. Elle aurait vécu une vie de fille normale, aurait trouver un copain normal, etc, etc.. Tout ça n'est pas le résultat du destin, il ne s'agit que de la somme de vos choix. Le destin, n'existe pas. Si Eikichi parvient à sortir du monde des morts, c'est parce qu'il a fait les bons choix, au bon moment... Mais ça, nous ne le saurons que dans vingt-quatres heures. Passé ce délai, plus de retour possible, le lien entre son corps, et son âme aura atteint sa limite. "
***
Le geôlier était mort, aux pieds d'Eikichi, ne gisait plus que son squelette rongé jusqu'à la moelle.
Face à Eikichi, des hordes d'esprits, les gardiens du monde d'en dessous, se tenaient là, prêt à en découdre.
- Rends-toi, Mortel ! Tu as pu vaincre le Geôlier grâce à une ruse, mais tu es à court d'option ! Vous autres humains, êtes faibles, un seul d'entre nous pourrait venir à bout de ta misérable carcasse ! Tu as beau avoir dévoré la chair de notre maître, le temps accroché au Vieil Homme ne t'as pas laisser indemne ! Ton âme n'est pas encore remise, tu n'as aucune chance ! Regarde-toi. Ta cage thoracique est encore à vif, nous pouvons voir ton cœur pompé les quelques gouttes de sang que tu as pu créer en ingérant le Geôlier. Seuls tes bras et la moitié de ton visage ont retrouvé un semblant de vie ! Tu es faible !
Eikichi soupirait. Ces gardiens, le pensaient faible... Et honnêtement, ils n'avaient pas complètement tort, il était loin d'être au top de sa forme. Même après son léger repas, ses forces ne lui étaient pas encore complètement revenue. Et par dessus tout, il se posait une question : "La chair des êtres d'en dessous, comptent-elles comme un repas ? Suis-je bloqué ici ? " Il n'existait qu'un seul moyen de le savoir.

- Vous êtes dur les gars. Vous savez, les humains ne sont pas aussi faibles que vous le pensez... M'enfin, y a pas mille façons d'en être sûr. Approchez, j'ai pas toute la journée moi.

À l'unisson, les esprits poussèrent leur plus puissant cri de guerre. Un rugissement qui fit trembler le Yomi par sa puissance. Leur jeune opposant, lui, ne broncha pas. Au contraire, il semblait s'amuser de cette situation. Toute forme de questionnement sur l'existence, sur la morale, sur le bien ou le mal s'évanouissait doucement, au travers de sa cage thoracique, son cœur battait la chamade. L'excitation avait pris le dessus, ces êtres ne pouvaient pas réellement mourir, ils l'étaient déjà, il n'avait pas besoin de se retenir.

Un éclair, puis un nuage de poussière. La chair volée, et quelques toussotements s'échappèrent de la poussière.

- Ok, trop rapide... J'crois que j'suis pas prêt pour ça.

Malgré ses paroles, un autre éclair, un autre nuage de fumée, d'autres toussotements, et d'autres morceaux de chairs. Les os craquaient, et l'on entendait un bruit faible, celui de la viande qui s'arrachait à un os suivis de celui d'une personne qui mâche. L'opération se répétait, encore, et encore, jusqu'à ce que, s'arrachant de la fumée. Eikichi, fasse son apparition, et pour la première fois depuis fort, fort longtemps, le Yomi connu la lumière.

Sous les yeux des esprits restant, le jeune homme se dessinait dans toute sa gloire. Son corps avait repris sa jeunesse, sa puissance, il semblait couronné d'un millier de soleil.

- C'est mieux comme ça, vous permettez que je tente à nouveau ?

Eikichi s'étira en laissant s'échapper un lent râle de soulagement, ses os craquaient. Le voilà enfin libre dans ses mouvements. Sa chair ne le limitait plus, sa conscience était claire, drainée de tout remords, de tout souci, ces adversaires ne ressentaient même pas la douleur après tout.

- Ok les gars, maintenant, on va s'marrer.

La lumière inondée le monde d'en dessous, chassant les ombres, dévorant les ténèbres, et Eikichi, à la manière d'un rayon de soleil, fondit sur la horde. Les uns après les autres, les esprits furent dévorés, absorbés par ce démon qui avait été libéré dans le Yomi... Et pourtant, leur nombre ne semblait pas diminué, et le jeune homme ne pouvait éviter chacune des frappes.

- C'est à moi ça !

Son bras, tranché par la lame d'un des esprits gardiens, faisait maintenant office de matraque. Armé de ce membre gigotant, grossier et pour tout dire, vulgaire, le jeune homme frappé sans relâche, le sourire aux lèvres, face à une horde qui semblait infinie.

Qu'importe la férocité avec laquelle il se battait. Qu'importe le nombre d'ennemis qu'il dévorait, il n'en voyait pas le bout, toutes les légions du monde des morts s'abattaient sur lui. Le combat s'éternisait, des années, des décennies, des siècles puis des millénaires passaient, et le nombre des légions commençait à diminuer... Et tout cela, au moment où Eikichi la vit.

Là, à quelques dizaines de mètres de lui, planté dans un rocher, une lame. Une lance, Ame no Nuhoko, la lance dont usa Izanagi lors de la création de l'archipel  Japonais. Elle se présentait à lui, pour peu, qu'il soit digne de la sortir de son rocher.

Déterminer, et sûr de lui, le jeune homme plongea sur le rocher. Cette arme, il était certain qu'elle aurait la force nécessaire pour lui ouvrir la voie, pour lui permettre d'échapper au domaine d'Izanami. De son bras droit qui avait repoussé à force de consommer la chair des esprits, il saisit le manche de la lance. Prit une grande respiration, et tira sur celui-ci...

Et c'est devant les yeux ébahis des gardiens, qu'il sourit... Le résultat ne fut pas celui qu'il espérait, mais cela ferait l'affaire.

En effet, il avait bien arraché une chose. Le rocher. Il n'était pas un dieu, impossible pour lui de tirer la lance. Mais sa force égalait sans le moindre doute celle de Susanoo. Ainsi, ce ne fut pas la lance qu'il arracha au rocher... Mais le rocher, qu'il arracha à la terre.

Armé d'un rocher accroché à une lance, Eikichi retourna à l'assaut de ses opposants, amusé par cette nouvelle arme de fortune.

Le combat fut féroce, et la bataille agitée, mais finalement, Eikichi, sortit vainqueur. Il posa le rocher au sol, puis, après un léger rot, retourna proche du Vieil Homme, et s'assit.

- J'ai trop bouffé, tu permets qu'j't'emprune ton écorce une dernière fois pour faire la sieste ? J'dois digérer tout ça.

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