Un fameux « àbas#Morue » de Chantal gdl
Ce premier avril 2024, bravant la pluie fine et le frimas d'un printemps qui se gèle, une foule amassée s'est retrouvée devant les halles pour s'associer à un curieux mouvement né spontanément au sein de notre cité côtière bien aimée.
De grandes pancartes arboraient toutes àbas#Morue.
Sur place, nous avons dépêché notre journaliste Madame Laure Poisson.
Retrouvez l'intégralité de l'article gratuit pour les abonnés de votre journal préféré d'information locale et internationale quand le thème s'y prête.
"Approchant les halles, j'ai réussi à me frayer un chemin pour parvenir à l'étal de poissonnerie de Monsieur et Madame Colin.
Que signifie ces pancartes et banderoles àbas#Morue ? Une nouvelle revendication ?
Alors, nous en avons assez ! Depuis un moment déjà, nous les poissonniers de notre cité et d'autres de France et de Navarre, soutenons que c'est proprement injuste d'avoir associé le nom d'un jeune poisson d'eau de mer à une dénomination rendue vulgaire jusqu'à l'insulte, expliqua Monsieur Colin.
Vous pourriez préciser ? Je ne vois pas où la métaphore animale porte préjudice au dit-poisson ?
Madame, l'expression est née au XIX ème siècle alors que des bourgeoises radines ne donnaient que quelques sous bien en dessous de la valeur de cette pêche, renchérit Madame Colin.
D'accord, vous soutenez le pouvoir d'achat des poissonniers ?
Non, nous soutenons que nous devons rebaptiser le nom de la #Morue en un autre terme plus respectueux pour l'espèce. Gardons le nom de morue pour celles très bipèdes, vitupérer madame Colin.
Une forme de retour aux bonnes mœurs sans doute ?
Parce que vous trouvez que vendre ses faveurs est bien respectueux ? ajouta-t-elle.
Je n'ai pas d'avis, juste je conduis une interview pour éclairer les lecteurs sur les faits d'hiver de notre ville.
Mais, vous ne comprenez pas, il ne s'agit pas d'un fait divers, pourquoi pas la rubrique des constructions de ronds points ? On vous explique, madame, qu'il y a offense envers ce poisson respectable qui vaut son nom à son jeune âge. Il se nommera ensuite cabillaud une fois grandi, nous apprend Monsieur Colin, ne citant pas ses sources à vérifier toutefois.
Je perçois une forme de volonté de protection de l'enfance trop exposée aux violences verbales des adultes ?
Mais les enfants n'aiment pas le poisson. Ce n'est pas notre rayon ! Gronda Madame Colin.
Quelle est votre proposition alors ? Je ne saisis pas l'enjeu ...
Vous les journalistes, vous cherchez tout de suite le buzz pour vendre votre feuille de chou même quand elle est numérique, lâcha Monsieur Colin.
Vous voulez renommer la #Morue en quel autre terme ?
Licornemer. Voilà. Licornemer. Respectueux merveilleux, dirent-ils en chœur.
Les licornes n'existent pas.
Si je n'étais pas poissonnier je vous dirai que vous êtes boucher, madame ! Dit Monsieur Colin frisant l'insulte.
Bouchère ce serait plus adapté. Pourquoi vous me regardez avec des yeux de merlans frits ? L'accord au féminin est encore labellisé dans notre belle orthographe. Et toc.
Ha ha, vous, je vais vous laisser muette, accord respecté, comme une carpe quand je vous dirai que c'est déjà accepté en haut lieu la dénomination choisie à l'unanimité par la foule réunie ce matin.
àbas#Morue et vive Licornemer.
Et la foule scanda Licornemer.
L. Poisson pour le JdP édition numérique.
Chantal gdl
Annotations
Versions