Des mots sur mes Maux (2/3)
Eléonore se trouve souvent seule dans la cour de récréation, regardant tristement les autres enfants jouer et rire ensemble. Elle se sent différente physiquement et cela lui pèse. Les problèmes qui étaient faciles à surmonter avant semblent maintenant très insurmontables. Elle est harcelée et cela la rend très malheureuse. Les mots malveillants et les actions implacables de ses bourreaux la blessent et la font douter d'elle-même. Petit à petit, elle commence à croire ces messages négatifs et elle se déteste, elle déteste son corps qui ne fonctionne pas comme elle voudrait. Pourquoi est-elle née handicapée ? Pourquoi ? Elle se demande pourquoi les autres la rejettent ainsi et cela la rend triste. Elle se sent seule, incomprise et trahie.
La douleur émotionnelle qu'elle ressent est profonde et lancinante, chaque jour devient une épreuve de survie contre les assauts constants de l'hostilité et de la malveillance. Elle se demande si elle mérite vraiment d'être traitée ainsi, si son existence même est une erreur à réparer. Les larmes coulent en silence alors qu'elle lutte pour trouver un sens à cette injustice qui semble la poursuivre où qu'elle aille.
La fatigue s'installe lentement dans l'esprit d'Éléonore, tel un poids qu'elle porte chaque jour en espérant que cela se termine bientôt. Chaque matin, elle se réveille avec l'incertitude et la douleur, rappelant que sa lutte continue. Elle avance malgré tout, un pas après l'autre, dans ses pensées les plus sombres. Devant le miroir, elle examine attentivement son reflet, cherchant ce qui ne va pas, ce qui expliquerait le rejet qu'elle endure. Ses yeux scrutent chaque détail de son visage, de son corps, à la recherche de la raison du mépris quotidien. Son regard se fixe sur ses dents légèrement proéminentes et les poils délicats de ses bras. Et puis finalement, son bras… son handicap.
Et puis tout doucement à mesure que les jours passent, Eléonore se retrouve prisonnière d'une spirale de pensées sombres. Chaque fois qu'elle se regarde dans le miroir, elle ne voit que des imperfections, des traits qu'elle trouve de plus en plus laids. Son reflet lui renvoie l'image d'une personne brisée par son propre corps, marquée par un handicap qu'elle commence à mépriser. Chaque jour, elle se surprend à détester un peu plus cette partie d'elle-même, à se sentir diminuée par les limites physiques imposées par sa condition. Elle se trouve moche, défigurée par une réalité qu'elle aurait préféré ignorer. Son handicap, autrefois accepté avec courage, devient désormais une source de honte et de dégoût.
Eléonore se retrouve piégée dans un tourbillon d'autodépréciation, incapable de voir au-delà de ses imperfections et de reconnaître sa propre valeur. Chaque jour qui passe semble renforcer son sentiment de mépris envers elle-même, l'isolant davantage dans sa lutte contre les démons intérieurs qui menacent d'éteindre la lumière qui brillait autrefois si intensément en elle.
Pourquoi est-elle la cible de tant de méchanceté et de cruauté ? Cette question la hante jour et nuit, sans trouver de réponse satisfaisante. Elle se sent démunie, impuissante face à l'irrationalité de la haine qui lui est adressée. Alors, dans un geste désespéré pour oublier, elle s'inflige une douleur plus tangible, plus palpable que celle qui la dévore de l'intérieur. Une lame de rasoir glisse le long de son bras, laissant des marques rougeâtres sur sa peau, accompagnée d'une douleur lancinante qui la ramène à la réalité. Mais c'est une douleur qu'elle peut comprendre, une douleur qu'elle peut contrôler. Elle sait que ce n'est pas la solution, qu'elle ne fait que repousser l'abîme, mais pour quelques instants, elle trouve un répit, une pause bienvenue dans la tourmente qui l'engloutit.
Dans le silence oppressant de son désespoir, Eléonore garde ses tourments pour elle-même. Elle voudrait tant échapper à l'angoisse quotidienne de l'école, mais ses obligations la contraignent à affronter chaque jour les démons qui la hantent. La fatigue pesante l'accable de plus en plus, tandis qu'elle se traîne d'une journée à l'autre, laissant derrière elle des traces invisibles de son fardeau écrasant. Sa mère, inquiète, tente de percer le voile opaque qui recouvre le cœur d'Eléonore, mais celle-ci lui assure toujours que tout va bien, dissimulant habilement la douleur qui la consume de l'intérieur. Pourtant, au fond d'elle-même, elle sait que ce n'est pas vrai, que rien ne va bien.
Dans ces moments sombres, Eléonore se sent seule, perdue dans un océan de douleur et d'incertitude. Elle souhaite ardemment pouvoir exprimer sa détresse, mais les mots restent prisonniers de sa gorge serrée, étouffés par la peur du jugement et de l'incompréhension. Alors, dans le silence de son désespoir, elle continue de lutter, cherchant désespérément une lueur d'espoir dans l'obscurité qui l'entoure. Mais elle n’en voit pas. Son envie de vivre s'évanouit lentement, comme une bougie vacillante sur le point de s'éteindre. Elle se sent engloutie par le poids accablant de sa détresse, incapable de trouver un répit dans cette mer de souffrance. Elle se retrouve dans une impasse, ne sachant plus quoi faire pour échapper à cet enfer qui dure depuis si longtemps.
(partie 3 à suivre)
Annotations