Deal ?
Je me retourne tranquillement, et lève la tête pour voir Samy, planté devant moi de toute sa grandeur, sourire au bec.
Samy: « Salut », me dit-t’il.
Angela: « Ah bah ça alors Samy, qu’est-ce-que tu fais là mon grand ? ».
Je ricane comme une idiote au bord d’un coma éthylique.
Samy: « Je suis venu pour toi… D’ailleurs jt’ai à peine reconnu », argumente-il, en regardant ma nouvelle coupe.
Angela: « Ah oui ! T u sais c’est moi qui ai fait ça ! Enfin non… Moi j’avais fait un mulet, mais Carla elle m’a transformé en Kylie Jener ! Enfin non en fait mai… », m’arrêté-je en milieu de phrase, en entendant une chanson que j’adore.
Je regarde Samy en ouvrant grand les yeux, et je lève mon verre en l’air.
Samy: « Ok t’es bourrée fort là… Viens on rentre j’te raccompagne chez toi, on parlera demain…».
Angela: « Chuuuuuut Samy, c’est ma musique préférée », l’engueulé-je en lui mettant le doigt sur la bouche pour qu’il se taise, « Princes de la ville, on va tout faire pour devenir les princes de la ville !!!!! Tu seras ma princesse, on va devenir les princes de la ville !!! ».
Il me regarde stupéfait.
Angela: « Et moi je suis trop un prince pas vrai ? En tout cas toi t’en es pas un, toi t’es un gros zozo pas gentil avec moi ».
Samy: « Aller viens s’il te plait, je te promets qu’après je te laisse, j’veux juste que tu rentes chez toi en un seul morceau ».
Angela: « Menteur ! Tu me colle tout le temps au cul ».
Je ne l’écoute pas, chante et me tortille dans tout les sens, le bras qui tient tenant ma boisson levé. Samy me regarde à la fois désespéré, mais ravi de la vue qui s’offre à lui.
Jusqu’à ce que la soirée prenne un tout autre tournant, lorsque je me butte sur quelqu’un et lui renverse mon verre dessus.
Angela: « Oh oh… J’ai fait bêtise ».
Inconnu: « Espèce de salope, tu peux pas faire attention ?! », m’insulte-il en me surplombant de tout son corps.
Angela: « Tu veux quoi mouche à merde ? ».
Inconnu: « Comment tu m’as appelé là? »
En y regardant de plus près, je reconnais Yasin. Et je vois dans ses yeux que lui aussi m’a reconnu. Quand je pense que Carla m’avait assuré qu’il n’y aurait ni Samy, ni Yasin…
J’ai envie de lui arranger le portrait mais Samy se met entre nous deux.
Samy: « Elle voulait pas, elle a un peu trop bu, bonne soirée », rétorque-t’il sèchement en prenant mon bras d’assaut pour qu’on y aille.
Mais l’énergumène nous retient.
Yasin: « Je veux qu’elle s’excuse ».
Angela: « Bouge avant que je t’en colle une ».
Samy, qui commence à s’énerver, met une main sur ma bouche pour que je la ferme et se place en face de lui, presque front à front, pour lui tenir tête. J’ai beau me débattre comme un vulgaire moucheron, ses muscles me retiennent prisonnière.
Samy: « Je t’ai déjà dit qu’elle est bourrée et qu’elle l’a pas fait exprès, il te faut quoi de plus ? Tu veux manger une autre droite, la dernière t’a pas suffit ? ».
Yasin: « Et moi j’en ai rien à foutre, d’ailleurs tu faisais pas l’effrontée quand tu trémoussais ton gros cul tout à l’heure », dit-il en se tournant vers moi pour me narguer, vicieusement.
Je vois Samy qui sert la mâchoire et les poings, prêt à attaquer, mais il n’a pas le temps d’agir que je bois cul sec le reste de mon cocktail et brise le verre sur le crâne du bonhomme énervé.
Une seconde après, je relise mon acte.
Crotte.
Samy me regarde choqué sans qu’un seul mot puisse sortir de sa belle bouche charnue.
Mais c’est trop tard, des gens qui ont vu la scène on appelé le videur qui nous jette avec perte et fracs, tous les deux, sur le trottoir du club.
Samy, me regarde encore bouche bée.
Samy: « Mais t’es malade en fait ».
Angela: « Ça me démangeait depuis longtemps ».
Samy: « S’il revient à la charge j’te jure que j’vais lui casser les chicos à ce **** ** **** ».
Je ne réponds pas, et on marche ensemble machinalement, jusqu’à notre allée. La haine redescent et un besoin primaire envahit mon corps une énième fois, et me donne envie de retourner sur mes pas.
Angela: « Samy ? ».
Samy: « Quoi ? », me répond-t’il en s’attendant au pire.
Angela: « Tu crois qu’ils nous laisseraient re-rentrer pour que j’aille aux toilettes ? ».
Samy: « Tu te fou de ma gueule ? T’as cassé un putin de verre sur la gueule d’un putin de mec et tu crois qu’il vont te laisser poser ta pêche tranquille ? ».
Angela: « Mais non, je veux juste faire pipi, ça presse », dis-je en me secouant comme une enfant qui n’arrive plus à se retenir.
Samy: « Bah j’sais pas moi, t’as qu’à aller dernier un buisson là », me montre-t’il du doigt, un peu agacé.
Je galope en faisant le poney jusqu’au dit endroit, et me faufile derrière les herbes hautes. Samy me suit à la trace, sans doute par peur de me perdre.
Angela: « Hé ! Tu vas pas me matter quand même ! ».
Samy: « Nan regarde, je me tourne comme ça je peux rien voir, je veux juste m’assurer que tu tombes pas dans ta pisse », me nargue-t’il, comme s’il parlait à une fillette de 5 ans.
Rassurée, je me déshabille et commence ma petite affaire.
Samy: « Tu pourrais faire moins de bruit quand même, on dirait une vache ».
Angela: « J’y peu rien! J’ai beaucoup bu tu sais ».
Samy: « Nan ? Sérieusement ??? », lance-t’il sur un ton à peine ironique.
J’ai l’impression que c’est interminable. Je me demande combien de litre j’ai bien pu boire ce soir.
Angela: « Aie ! ».
Samy: « Ça va ?? », se retourne-t’il paniqué.
Angela: « Héééé !!! Regarde pas ma foufoune !! ».
Samy: « Mais je regarde pas ta foufoune ! », se retourne-t’il une deuxième fois, tout gêné de la situation, « J’ai cru que tu t’étais fait mal… ».
Angela: « C’est le cas ! Je me suis rentré une banche dans le c…. », tenté-je de dire avant qu’il ne me coupe.
Samy: « Wesh Angela ! j’veux pas savoir ça moi ! ».
Je m’essuie avec un ticket de caisse qui se trouvait dans mon sac. C’est pas très digne, mais vu l’allure de ma soirée, ça ne choque plus personne.
Samy: « Mais tu te bourre la gueule tous les weekend ou quoi ? ».
Angela: « Pourquoi tout le monde me dit ça ? », dis-je en essayant d’articuler tant bien que mal, « Vous me prenez pour une alcoolique ?.
Il me laisse sans réponse, avec un simple regard, sourcils haussés, qui en dit long.
On continue notre route, jusqu’à s’assoir sur notre banc, qui a connu toutes nos dernières disputes.
Samy: « T’es belle comme ça »,lance-t’il d’un coup en caressant mon visage et mes cheveux du bout de ses doigts.
Je n’ai pas la force de rétorquer alors je le laisse faire. On passe un moment comme ça sans rien dire. J’enlève mes talons, m’allonge sur le banc et pose mes pieds sur lui.
Samy: « Tends ta main ».
Bêtement je fais ce qu’il me dit.
Angela: « Dépêche toi, j’ai les muscles qui travaillent là ».
Je l’examine pendant qu’il plonge sa main dans ça poche pour sortir un petit pocheton qui contient un bout de « je ne sais quoi », marron. Une odeur forte s’en dégage. Il prend la petite barrette et commence à l’effriter dans ma main.
Angela: « Samy !!!!! », hurlé-je.
Il sursaute et fait tomber quelque morceaux par terre.
Samy: « Qu’est-ce-que t’as encore ? ».
Angela: « Je rêve ou t’es en train de te servir de ma main pour te rouler un bédo? ».
Samy: « Au temps pour moi, j’pensais que t’étais assez déchirée pour pas t’en rendre compte », se moque-t’il de moi.
Enervée, et prise d’une frénésie venue de je ne sais où (alcool), j’amène ma main jusqu’à ma bouche et y met toutes les miettes qui s’y trouvaient.
Samy: « T’es tarée ou quoi ?? Recrache ! ».
Angela: « Ça t’apprendra à être con ! ».
Samy: « Mais recrache putin ! ».
En voyant que je fais rien, il me force à ouvrir ma bouche en grand d’une main, et gratte ma langue de l’autre pour enlever tout le shit qui s’y trouve.
Je rigole comme une hyène sous son agacement, de plus en plus conséquent.
Samy: « T’es en roue libre là ! ».
Angela: « Roiiiiin roinnnnn ».
Samy: « C’est quoi ça ? ».
Angela: « Le moteur d’une bécane en roue libre ! Pouhaaaaa », explosé-je.
Samy: « Et ben, je sens que ma soirée va être longue… », marmonne-t’il. `
Angela: « Hein ? Qu’est ce que t’as dit ? ».
Samy: « J’ai dit que plus personne n’utilise le mot bécane depuis 2002 ».
Je me rallonge, et le regarde fumer son joint. Peu à peu, ses yeux se rapetissent, et deviennent rouges.
Angela: « T’as les yeux en rondelle de couille ».
Il part dans un fou rire qui ne s’arrête plus.
Angela: « Qu’est-ce-que j’ai dit encore ? », boudé-je, les bras croisés.
Samy: « On dit « en couille d’hirondelle » ».
Comme il voit que je suis toujours vexée, il s’approche de moi et pince mes grosses joues.
Angela: « Arrête ! Je veux pas rigoler avec toi, j’ai pas oublié ce que tu as fait ! ».
Il se calme sur le champs, et change son air de gamin pour un plus triste.
Samy: « Je sais, j’ai déconné, mais laisse moi t’expliquer… ».
Angela: « T’es zinzin de la tête ou quoi ? Tu me laisse en plan pour rester avec une grognasse et tu veux que te laisse la chance de t’expliquer ? ».
Samy: « C’est pas ce que tu crois j’te jure ! Si tu m’écoutais tu comprendrais ! ».
Angela: « Mais j’ai rien à comprendre ! », répondis-je en me levant du banc pour partir, « Ciao le gigolo ».
Il se lève également et me suis. Je marche de plus en plus vite pour le semer, mais tout ce que j’ai ingurgité me ramène à la raison et je finis par m’arrêter.
Samy: « Tu crois que je vais te laisser rentrer chez toi toute seule dans cet état là ? ».
Angela: « Tu m’as bien laissé cet après midi… ».
Je passe subitement d’un état de semi-euphorie, semi-colère, à un sentiment un peu plus sombre. Il touche mon bras pour me rassurer.
Samy: « Écoute, je sais que j’ai merdé, et que t’as pas envie d’entendre c’que j’ai à dire ».
je confirme ses dires en bougeant ma tête de haut en bas.
Samy: « Mais on va passer un marché d’accord ? », commence-t’il sous mon regard interloqué, « Demain quand ça ira mieux, je t’expliquerai ma version des choses. Après ça, laisse moi un mois pour te prouver que je suis pas qu’un con. Et si au bout d’un mois tu vois que je suis quelqu’un de bien malgré ce qu’il a pu se passé entre nous jusqu’à maintenant, tu me laisse une chance. Sinon, j’te promets que j’te lâcherai pour de bon, et que t’entendras plus parler de moi… », finit-il.
Angela: « À la condition que tu me racontes tout. Tout ce que t’as pas voulu me dire, peu importe ce que c’est ! ».
Je vois un sourire de contentement s’esquisser sur son visage.
Samy: « Deal ? », me demande-t’il en me tendant sa main, que je serre.
Angela: « Deal ».
Annotations