Chapitre VIII - Contact

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La pause café de dix heures approchait et ce n'était pas de cette boisson noire dont il avait hâte. La charmante oratrice termina son exposé et sonna la récréation, il se sentait comme un collégien et sortit en trombe de l'auditorium sous le regard incrédule de la-dite demoiselle un peu vexée par ce départ précipité.

Samuel regarda le plan des lieux dans le hall et repéra une terrasse à l'étage, il gravit les escaliers quatre à quatre pour s'y rendre sans même savoir s'il avait le droit de s'y rendre. Il se disait que, peut-être, qu'il capterait mieux s'il prenait de la hauteur. Il en rigola tout seul en pensant qu'il y avait un satellite pour des neuro-transmissions. D'ailleurs, était-elle aux cieux ou en sous-sols ? Ou dans une autre dimension ?

Il s'assit en tailleur en position de Yoga, ferma les yeux, ralentissa sa respiration et tenta d'établir la connexion. Il imagina le son d'un modem 56k de jadis et sourit avant de se reconcentrer.

~ Uüstia ? Je suis là ! Est-ce que tu m'entends ?

Pas d'écho. Samuel respira calmement et contrôle son diaphragme, les mains paumes en l'air sur ses genoux.

~ Uüstia ? Allô ! Il y a quelqu'un ?

Toujours pas de réponse, cependant une odeur de croissants frais emplirent ses narines. Il ouvrit les yeux, regarda autour de lui, rien ! D'où venait cette odeur ? Comme il avait peu mangé ce matin, cela lui ouvrit l'appétit. Maintenant, un odeur de grains de café fraîchement torréfiés perturba son sens olfactif. Samuel n'y comprit pas grand chose et tenta de se concentrer en projetant dans son esprit des souvenirs coquins de la veille pour appeler sa belle sylphide.

~ Pain au chocolat ou croissant ?
~ Uüstia ? C'est toi ?
~ Qui d'autres communique avec toi par la pensée ?
~ Haha, je suit trop content ! C'est toi qui m'a envoyé ces bonnes odeurs ?
~ Je crois oui ! Mais tu n'as pas répondu à ma question, ajouta-t-elle avec douceur et taquinerie.
~ Laquelle ?

Tout à coup, un frisson le parcourut et des lèvres vinrent caresser les siennes.

- Pain au chocolat ou croissant ? réitéra-t-elle, plantée devant lui, un sac en papier dans chaque main au niveau de sa tête.

Samuel ouvrit les yeux, vit de jolies jambes devant lui. Il releva doucement la tête le long de ce joli corps qu'il reconnut et fût interloqué face au visage rieur d'Uüstia.Un sourire extatique se dessina sur son visage en saccade comme dans ces dessins animés avec des personnages en pâte à modeler.

- Alors, tu te décides ?

Samuel se releva d'un bond et l'embrassa avec vivacité alors qu'elle tenait toujours ses sacs en l'air.

- Tu as pu revenir ! J'ai eu trop peur ...
- Bon, de toutes façons, j'ai pris les deux, dit-elle en ouvrant l'un des sacs, se prenant un croissant et l'orientant vers Samuel.

- Merci, dit-il en se servant tout en ne lâchant pas les yeux de cette invitée surprise.
- Rassis -toi, je vais te raconter.

Ils s'installèrent en tailleur, l'un en face de l'autre, les mains dans les mains. Quelques embrassades au goût de croissant plus tard, elle commença son explication.

~ Je me suis volatisée ce matin, mais pas par choix. C'est en analysant l'historique de mes voeux que j'ai constaté que le dernier considérait seulement ma réapparition et non ma disparition.
~ Zut, je n'ai pas été assez précis alors, s'indigna Samuel.
~ C'est déjà énorme que je sois là, en plein jour, avec toi ! le rassura-t-elle avec une caresse sur la joue. Ha j'oubliais, j'ai du café !

Elle ouvrit son sac, sorti deux verres en cartons et un thermos dont l'odeur à l'ouverture emplit avec plaisir les narines des deux compagnons. Elle servit le café et ils burent chacun une gorgée de ce liquide sombre.

- Ça c'est du café ! Ce matin, rien n'avait de goût, se lamenta-t-il.
- Contente que ça te plaise !
~ C'est parce que j'ai essayé d'avoir des pensées érotiques que tu as pu apparaître ?
~ Non, je n'ai plus besoin de ce paramètre. Mais j'ai dû réapprendre ma nouvelle configuration. J'ai essayé de me rematerialiser avant ton réveil en vain, puis j'ai tenté de me connecter à toi quand tu as quitté l'hôtel, expliqua-t-elle.
~ C'est pour ça que mes oreilles bourdonnaient alors et que j'avais l'impression d'avoir des hallucinations de toi partout ! agréa-t-il en croquant allègrement dans son croissant.
~ Sûrement oui ! Ensuite, la connexion a réussi quand tu es rentré dans cette grande salle, cependant la communication était mauvaise. Je n'avais encore jamais communiqué en pensée à distance, et je devais ajuster et amplifier les ondes.
~ C'est pour ça que ça grésillait, tout s'explique ! Et pour ma perte de saveurs matinales ?
~ Ha ça, je n'y suis pour rien ! Pas volontairement du moins.

Samuel finit son café et regarda sa montre, il devait y retourner à contrecoeur.

- On se retrouve ici ce midi ? lui proposa-t-il.
- Oui, tu veux manger quoi ? Je peux me matérialiser partout dans le monde grâce à toi, clama-t-elle en lui sautant au cou.
- T'es sérieuse, tu peux aller partout ? La chance ... Et moi je suis coincé là !

Ils se relevèrent, Uüstia epousseta le pantalon et la veste de Samuel, puis ils se serrerrent dans les bras tels deux aimants. C'était trop dur de se quitter à nouveau alors elle décida de disparaitre dans une volute d'écailles translucides. Samuel resta un instant à apprécier ces éclats colorés l'air réjoui, puis il reprit le chemin de l'auditorium.



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