- Hyung ! J’ai du nouveau. Jun-i a oublié son téléphone, c’est sa correspondante, Mélanie, qui l’a. Elle pense qu’il s’est peut-être perdu. Elle propose de nous aider à le retrouver mais à condition qu’on vienne la chercher parce qu’elle ne peut pas bouger.

- On doit aller la chercher ? Où ça ?

- A l’hôpital…

- Je comprends pourquoi Jun-i s’inquiétait. Bon, demande lui l’adresse de l’hôpital, et dit lui qu’on arrive. On a une heure max devant nous.

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Je dois retourner à l’hôpital pour récupérer mon téléphone et pouvoir rentrer à l’appart avant qu’il ne soit trop tard. Ça fait environ vingt minutes, une demi-heure que je suis partie de l’hôpital en courant, je n’ai pas dû aller bien loin.

Je vais commencer par demander mon chemin aux passants. Comment c’est en français déjà ? « Bonjour, je veux aller à l’hôpital, pouvez-vous m’aider s’il vous plaît ? » Oui ça doit être ça. Je m’approche d’un jeune homme, il est vêtu d’un jogging, appuyé contre un mur à regarder son téléphone.

- Bonjour, je veux aller à l’hôpital, pouvez-vous m’aider s’il vous plaît ?

Il lève les yeux de son téléphone et me jauge du regard. Il ne semble pas très amical.

- Wesh le Noichi ! Tu veux aller à l’hosto ?! T’es malade ?! Rentre chez toi, laisse tomber !

Je ne comprends rien à ce qu’il dit. Je n’ai pas l’impression que ce soit très sympathique. Je vais essayer avec quelqu’un d’autres. J’aurais peut-être plus de chance.

Ah voilà un jeune couple qui avance dans ma direction. Je vais à leur rencontre et leur pose ma question. Ils se consultent un instant du regard et pendant que l’homme essaye de m’expliquer le chemin sa femme cherche l’itinéraire sur son téléphone. Heureusement ce n’est pas très compliqué. Surtout du tout droit. Pour rejoindre la grande avenue il va d’abord falloir que je tourne sur ma gauche dans la rue dans une dizaine de mètres. Je remercie le couple et je me dépêche.

J’accélère jusqu’à me mettre à courir.

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Ils vont venir, je leur ai envoyé mon étage et mon numéro de chambre dans un dernier message. C’est déjà une première étape de validé. Mais je ne veux pas qu’ils aient à trop me manipuler pour me mettre en position assise sur le lit. Ce serait embarrassant, pour eux comme pour moi. Le temps qu’ils arrivent je vais tâcher de me m’asseoir sur le lit.

Je décompose le mouvement. D’abord me tourner pour me mettre sur le côté. Puis en m’aidant de la potence, me servir du mouvement de balancier de mes jambes dans le vide pour me redresser. Après ce qui me parut une éternité je suis assise sur le bord de mon lit. Je me cramponne de toutes mes forces au matelas d’une main et à la potence de l’autre. Je réalise que sans ça, il me serait vraiment difficile de tenir redresser comme ça. Mes abdos et surement d’autres muscles dont je ne connais pas les noms ont fondu ou en tout cas perdu leur tonicité.

Pour l’instant je suis capable de tenir, mais je ne pourrais pas garder la position longtemps. J’espère vraiment qu’ils ne vont pas tarder…

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Ils ont fait aussi vite qu’ils le pouvaient. Jim Do et Hae Kuk arrivent dans le hall de l’hôpital en sueur tout essoufflé. Hae Kuk repère sur les panneaux bilingue les ascenseurs et se dirige vers ces derniers suivis de Jim Do. Ils sélectionnent le bon étage puis parcourent le couloir à la recherche de la bonne chambre. Jim Do repère quelque chose devant eux, posé sur une chaise dans le couloir et se précipite.

- Hyung ! Regarde ! Un bouquet de fleurs ! Pile devant la bonne chambre. Dit-il en ramassant les fleurs en question et en jetant un œil à la porte fermé.

Hae Kuk le rejoint rapidement. Il frappe à la porte puis entre avec Jim Do. Hae Kuk étant le premier à franchir la porte, il découvre en premier la jeune fille frêle qui s’accroche comme elle peut au bord de son lit mais qui est sur le point de lâcher. Il se précipite pour la retenir avant qu’elle ne bascule.

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Je n’en peux plus, mes forces disparaissent, je sens que je relâche peu à peu ma prise. Je me sens tomber en arrière. En soi ce n’est pas grave, je vais juste me retrouver allongée sur le lit. Mais je ne parviendrais pas à me redresser sans l’aide de quelqu’un et c’est exactement ce que je voulais éviter.

Au moment où je lâche tout, la porte de la chambre s’ouvre et un jeune homme se précipite sur moi. Il me rattrape juste à temps. Je le remercie, soulagée qu’ils soient enfin arrivés. Un second jeune homme entre avec un bouquet de fleurs à la main. Je lève un sourcil, ne comprenant pas pourquoi il a amené ça avec lui. Ce n’est pas le moment.

Voyant mon expression, il essaye de s’expliquer en coréen ponctuant ses paroles par des gestes. C’est ainsi que je comprends, Jun a dû amener les fleurs mais les a laissées sur la chaise juste à côté de la porte.

Chacun à leur tour, ils se présentent. Je fais donc connaissance avec Jim Do et Hae Kuk. Je me présente à mon tour en coréen, ils sont très surpris de voir que j’arrive à parler en coréen. Hae Kuk me dit que si je préfère je peux leur parler en anglais car il a appris la langue.

Je leur explique la situation générale rapidement et leur fait comprendre que je vais avoir besoin d’un fauteuil roulant pour me déplacer. Pendant que Hae Kuk m’aide à me maintenir droite, Jim Do part à la recherche de mon moyen de transport dans les couloirs. Après quelques minutes il revient triomphant.

Soudain, alors que je réfléchissais au moyen de m’installer sur le fauteuil, Hae Kuk passe un bras sous mes jambes tandis que son deuxième bras reste au niveau de mes omoplates. Il me soulève et m’assoie sur le fauteuil comme si je ne pesais rien. Je le regarde avec surprise et il sourit fière de lui.

Avant de partir je récupère quelques affaires dont les téléphones et une couverture pour mes jambes. Nous voilà prêt ! Je quitte ma chambre sans un regard en arrière.

J’ai dit que j’allais les aider à retrouver Jun, et pour cela il me faut un plan d’attaque. Je sais qu’en partant de cet hôpital il y a une grande avenue, je pense la remonter en demandant aux passants s’ils ont vu mon ami. J’ai une photo de lui sur mon téléphone.

S’il est parti en marchant il n’a pas dû aller bien loin, sauf bien sûr s’il a pris des transports en commun, mais dans ce cas je pense que cela signifierait qu’il serait rentré chez lui, or ce n’est pas le cas. S’il est parti en courant, il n’a pas dû s’embêter à tourner et se perdre dans les ruelles.

Je suis donc persuadé qu’en remontant l’avenue nous finirons par le trouver. Ou au moins trouver quelqu’un qui l’aura vu et saura nous indiquer dans quelle direction il est allé.

J’explique mon programme aux garçons, ils acquiescent. Nous commençons à le chercher. Je demande presque à chaque passant mais la réponse ne varie pas. « Non, je ne l’ai pas vu. ». Environ vingt minutes après que nous ayons commencé les recherches, je sens que les garçons deviennent nerveux.

- Tout va bien ? Je suis sûr que nous allons le retrouver.

- Oui… c’est juste que nous avons une réunion avec le manager et que nous ne devons surtout pas être en retard. C’était l’une des conditions pour qu’il accepte le voyage en France. Me répond Jim Do.

Hae Kuk lui jette un regard scandalisé en lui donnant un coup de coude dans les côtes. Je comprends que je n’aurai pas dû être au courant de ça. Mais d’un certain côté ça ne me surprend pas. Je me rappelle des images qui me sont revenues un peu plus tôt. Ces cinq garçons sur un écran géant qui dansent et chantent dans une ville que je ne connais pas. Je me rappelle des échanges avec Jim Do, où il parlait déjà de la réunion, du manager, mais également de fan et de vidéo.

- Ah je comprends mieux alors…

Tous deux s’arrêtent et me fixent.

- Comment ça tu comprends mieux ? Me demande Hae Kuk.

- Tu veux dire que tu sais ce que fait réellement Jun-i ? On a pas le droit de le dire pourtant… Rajoute Jim Do

- Non il ne m’a rien dit, mais… j’ai compris toute seule. Je ne sais pas comment je peux m’en souvenir, mais depuis que je me suis réveillée de mon coma j’ai des images qui me reviennent. Comme des souvenirs. Pourtant je suis bien incapable d’expliquer quand est-ce que j’ai vécu ces moments. Je sais très bien que je ne les ai pas vécus avant l’accident. Et après l’accident c’est également impossible puisque je me suis réveillée il y a seulement quelques jours. Toujours est-il que je me rappelle avoir vu Jun sur un écran géant en train de danser et de chanter avec vous deux et deux autres garçons, dans une ville que je ne connais pas mais dont je peux deviner le nom… et puis tout à l’heure par message, Jim Do a déjà parlé de la réunion avec un manager à propos d’une vidéo pour des fans. Vous êtes un groupe célèbre en Corée du Sud n’est-ce pas ?

Ils échangent un regard résigné avant de me faire face de nouveau.

- Oui, confirme Hae Kuk. Mais il faut vraiment que je te demande de ne pas en parler. A personne. C’est très important, cela pourrait causer des problèmes à Jun-i et plus largement à nous tous…

Je comprends soudain de quoi ils ont peur. Je n’avais vraiment pas pensé à ça au début… mais c’est vrai que si quelqu’un apprend leur véritable identité, surtout avec tout ce que Jun m’a raconté, il pourrait leur faire beaucoup de tord en contactant la presse. Je ne veux pas dire que Jun m’a confié des choses graves. Mais nous avons parlé de nous, nous avons fait connaissance et il m’a confié des choses de l’ordre de la vie privée. Ces informations croustillantes intéresseraient forcément un magazine à scandale. Je n’ai absolument pas l’intention de révéler quoique ce soit. Avant tout Jun est un ami. Et il est hors de question de lui faire du tort !

- Non je ne dirais rien. Jun est mon ami, je ne veux pas lui causer de problèmes. Ni à lui ni à vous. Je vous le jure. Si vous avez besoin que je signe un document, si ça peut vous rassurer, je le ferais.

Ils semblent se détendre légèrement.

- Mélanie !

Je me retourne en entendant mon nom. Qui m’a appelé ?

Jim Do et Hae Kuk aussi se mettent à scruter la foule. Nous savons tous les trois à qui appartient cette voix. Jun. Il surgit soudain de derrière l’une des voitures garées sur le trottoir et nous rejoins rapidement.

- Mélanie ! Ça va ? Pourquoi es-tu dehors ? Il faut vite que tu retournes à l’hôpital, c’est dangereux. Dit-il inquiet avant de considérer ses deux amis qui m’accompagne. Que faites-vous ici ? Il y a un problème ? Ajouta-t-il en coréen.

- J’ai essayé de te joindre mais je n’y arrivais pas. Explique Jim Do.

- Oui, j’avais oublié mon téléphone dans la chambre de Mélanie… Dit-il doucement en commençant à comprendre ce qu’il se passait.

- Oui, dis-je. Et tes amis essayaient de te prévenir que tu avais une réunion avec votre manager pour parler d’une vidéo pour les fans. Mais tu ne répondais pas, ils se sont inquiétés. Je ne voulais pas me mêler de ta vie au début, mais je ne pouvais pas laisser tes amis s’inquiéter sans rien faire. Je leur ai expliqué ce qu’il s’était passé. Ils m’ont rejoint et on est parti à ta recherche.