Chapitre XIV.
Après avoir diné, je me suis assis sur mon lit, et j’ai ouvert le bout de papier sur lequel était inscrit un petit mot :
« Julien,
Je comprends totalement que tu m’en veuilles, enfin un peu, sache que si j’ai fait tout ça c’est parce que je t’aime et que je ne souhaite que ton bonheur.
Oui, j’aurais pu te demander d’abord pour ton oncle, pour Jeanne aussi d’ailleurs…
Si tu souhaites que je me fasse plus discrète ou autre, pas besoin de t’énerver comme tu l’as fait, tu viens me parler et on voit ce que l’on peut faire.
Si tu veux parler calmement, je suis là quand tu le veux pour t’écouter.
J’espère que tu viendras…
Ta mère qui t’aime »
Sur le coup, j’ai fait une boule avec le papier et l’ai jeté à l’autre bout de ma chambre. Je me suis endormi peu de temps après.
Le lendemain, je me suis réveillé en avance. Lorsque que je suis descendu, ma mère était encore là, j’ai donc pris de quoi déjeuner et suis monté dans ma chambre, en attendant qu’elle parte. Je me suis habillé, lavé, et suis parti prendre mon bus.
En arrivant au lycée, j’ai embrassé Nicolas, puis nous avons parlé de ce qui s’était passé la veille. Et sa réaction n’a pas été celle à laquelle je m’attendais. Il m’a dit que je m’étais peut-être énervé sur la mauvaise personne, que, comme ma mère me l’a dit dans sa lettre, elle a fait ça pour moi, certes de façon qui n’était pas forcément bonne, mais qu’elle a quand même toujours été là pour moi.
Je me suis senti un peu coupable, car il n’avait pas tort. Je verrais ce soir ce que j’allais faire.
Toute la journée, je me suis questionné, mais je ne savais toujours pas quoi penser. J’ai décidé d’en parler à Marie, elle a toujours les bons mots.
Après les cours, je suis donc allé voir Marie pour lui expliquer la situation, et elle m’a dit à peu près la même chose que Nicolas. Mais il fallait que j’y réfléchisse, tout se mélangeait dans ma tête.
Sur tout le trajet du retour, j’ai pensé à tout ça, et j’ai pris une décision, en espérant que c’était la bonne…
Quand je suis arrivé chez moi, je suis monté directement dans ma chambre, ma mère n’était pas encore rentrée. J’ai donc fait mes devoir pour le week-end et j’ai réfléchi une dernière fois à ce que j’allais faire.
Puis j’ai entendu la porte d’entrée, et ma mère :
— Julien, je suis rentrée !
J’ai donc attendu quelques secondes et je suis descendu et me suis assis sur le même fauteuil que la veille, et je l’ai appelée.
— Maman !
— Oui ! dit-elle en courant à toute vitesse.
— Faut qu’on parle.
— Oui, qu’y a-t-il ?
Elle savait très bien de quoi nous allions parler…
— Donc, hier je me suis un peu emporté, mais si je l’ai fait c’est parce que je veux que tu comprennes que j’ai une vie et que je n’ai pas envie que tu ailles la raconter à Pierre, Paul, Jacques. Ce n’était pas à toi de dire à Paul pour Nicolas et moi, ni à la mère de Nicolas d’ailleurs. Je sais que tu fais ça parce que tu te soucies de moi, mais j’ai plus 4 ans, je sais me débrouiller tout seul pour certaines choses.
— Oui, je comprends, et c’est vrai ce n’était pas à moi de le dire à ton oncle et à Jeanne…
— Donc ?
— Donc quoi ?
— Tu ne diras plus à personne, et tu ne feras rien qui nous concerne sans nous demander notre avis.
— Ah, oui c’est promis !
J’ai quand même senti qu’elle le disait un peu à contre cœur, mais bon je pense qu’elle a compris et qu’elle fera des efforts.
— Au passage, tant que j’y pense, je peux aller manger chez Nicolas samedi midi ?
— Pourquoi tu ne pourrais pas ?
— Bah…vu qu’hier j’ai un peu été…
— Mais tout est réglé, non ? Et c’était un peu mérité…
— D’accord, merci, maman.
— Pas besoin de me remercier. Et tu veux me dire autre chose ?
J’ai réfléchi quelques secondes, pour savoir si je lui parlais des photos et du comportement de Jean.
— Oui !
— De quoi d’autre tu veux me parler ?
— Tu te souviens hier soir quand j’ai parlé des photos ?
— Oui, dit-elle avec un grand sourire.
Et je lui ai expliqué ce qui c’était passé au lycée, et les quelques remarques qu’il y avait eu. Elle me dit presque comme l’infirmière, et me charria un peu sur le fait que, niveau discrétion, nous étions moins bon qu’elle. Ce qui nous fit rire tout deux.
Après avoir diner, je suis monté à toute vitesse dans ma chambre pour dire à Nicolas que c’était OK pour demain.
Le lendemain, je me suis levé vers 7 heure, afin de prendre le temps de bien me préparer, et, comme à mon habitude, je suis arrivé avec 30 minutes d’avance. Quand je suis arrivé, Jeanne est venu m’ouvrir, elle était toute contente de me voir :
— Ah, Julien, tu es là ! Dit-elle en m’embrassant.
— Je vois que je vous ai manqué, ravi de vous revoir aussi.
— Tu es en avance, comme toujours ! Nicolas dort encore tu le connais, va t’installer au salon, il y a mon mari et Thomas.
Je suis donc allé au salon, j’ai salué Patrick comme à mon habitude. A côté de lui, était assis Thomas, il était brun lui aussi, il avait les yeux bleus et certains traits de son visage étaient les mêmes que ceux du visage de Nicolas mais en moins appuyés. Je ne sais pas pourquoi, mais lui me paraissait plus malicieux, je pouvais voir dans ses yeux qu’il était du genre à faire les quatre cents coups.
Je me suis donc approché de lui :
— Bonjour, Thomas c’est ça ?
— Ouais, salut, tu dois être le mec qui viens squatter chez nous pour manger ici ce midi !
Patrick rappela à l’ordre Thomas en lui disant de s’excuser. Il leva les yeux au ciel et recommença sa réponse.
— Oui, moi c’est Thomas, et toi tu dois être Julien, l’ami de mon frère.
— Oui !
Puis nous avons vu Nicolas apparaitre dans le salon en caleçon avec un T-shirt Stars Wars
— Oh, Julien, t’es déjà là !?
— Oui, tu devrais savoir que je suis toujours en avance !
— Oui, pas faux.
Puis il partit s’habiller, j’en ai donc profité pour continuer la conversation que j’avais commencée avec Thomas :
— Et du coup t’es en quelle classe ?
Il leva les yeux ciel encore une fois, soupira et dit :
— Je suis obligé de répondre ?
Son père le reprit encore une fois et lui dit d’être plus sympathique.
— Je suis en seconde.
— Et t’es en internat c’est ça ?
— Ouais.
Puis j’entendis la voix de Jeanne qui m’appelait, je suis donc allé la voir, elle était avec Nicolas :
— Bon vous deux, vous savez de Patrick n’est pas au courant pour votre relation, mais elle va être de plus en plus difficile à cacher. Je me disais que, vu qu’aujourd’hui tout le monde est là, vous pourriez l’annoncer, non ?
Nicolas prit la parole :
— Oui, ça me parait bien, t’en penses quoi, Ju ?
Oh, c’est la première fois qu’il m’appelle par mon prénom, je m’égare là…
— oh…euh ça me parait bien aussi.
Nicolas me sauta dans le bras et Jeanne dit en riant :
— Vous pourriez attendre que je sois partie pour faire ce genre de chose !
Nicolas comme à son habitude devint rouge pivoine ; quant à moi, mes joues ont légèrement rougi.
— Mais bref, vous pensez le dire à quel moment ?
— Euh, au dessert !
— OK, je vous laisse à vos occupations ! Dit-elle avec un petit clin d’œil.
Après avoir parlé de la conversation que j’ai eue avec ma mère, Thomas est rentré dans la chambre :
— Alors t’es même pas venu dire bonjour à ton frère !
— Ah oui ! J’avais oublié !
Nicolas se leva et son frère est venu dans ses bras.
— Ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas vus.
— C’est toi qui veux rester à l’internat les week-ends !
— Pas faux. Bon au début, je venais pour vous dire qu’on passait à table.
— OK, on arrive
Thomas sortit, suivit de peu par Nicolas et moi.
Le repas s’est bien passé, j’ai d’ailleurs complimenté Jeanne sur sa cuisine. Au moment du dessert, Nicolas qui était assis à côté de moi me donna un petit coup de pied, je l’ai regardé et lui ai adressé un sourire en guise d’encouragement. Il prit une grande inspiration :
— Papa…
— Oui ?
— Je voulais te dire…
— Je t’écoute.
— Bah…comment dire… Julien et moi… On est plus qu’amis…
Patrick éclata de rire, Nicolas me regarda, on regarda Jeanne qui avait l’air confuse, et Patrick répondit :
— Tu crois que je ne savais pas !
— Ah euh, tu savais !?
— J’ai été jeune aussi ! Je sais reconnaitre des gens qui s’aiment !
Nicolas a eu une petite larme et il se tourna vers moi et posa ses lèvres sur les mienne. Puis son père nous posa diverses questions, comme depuis quand, qui le sait etc… Mais, à un moment, cette bonne ambiance fut interrompue par Thomas, qui s’exclama soudainement :
— Et c’est qui qui la met à l’autre ?
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