Chapitre XX.
Je suis descendu voir ma mère, et apparemment ma tête en disait long…
— Oula, qu’est-ce qu’il y a ?
— C’est papa…
— Comment ça ? Viens t’asseoir, on va parler.
Je me suis dirigé vers le fauteuil sur lequel je m’assois à chaque discussion, et ma mère s’est mise en face de moi.
— Allez, raconte-moi tout.
— Bah, j’ai dit à papa que j’étais gay. Enfin, je lui ai envoyé des chansons pour mieux faire passer la pilule, et il m’a dit qu’il ne voulait plus que je lui parle…
J’avais à peine fini ma phrase que je pleurais déjà. Ma mère s’est précipitée vers moi et m’a serré dans ses bras.
— T’inquiète pas. Soit fort ! Des gens comme ça, tu vas en croiser, mais dis-toi qu’il ne te mérite pas, mon grand.
Ces mots m’ont fait chaud au cœur.
La soirée s’est bien déroulée, je suis allé me coucher tôt. Je n’avais envie de parler à personne, et j’ai envoyé un message à Nicolas pour lui dire que je ne lui parlerais pas ce soir et que je lui expliquerais demain. Il avait l’air de s’inquiéter, mais il a respecté ma décision.
Avant de m’endormir, vers 3h00 du mat’, j’ai regardé pendant au moins deux bonne heures le dernier message de mon père. Je me suis senti abandonné : je ne l’ai pas vu pendant cinq ans, je le revois une semaine, et il m’abandonne une deuxième fois, c’est comme si on mettait le doigt dans une blessure par balle et qu’on le remuait dans tous les sens…
Le lendemain je me suis réveillé en retard, j’ai loupé la première heure de cours. Bon, rien de très grave, c’était une heure de maths.
L’heure suivante, nous n’avions pas cours. J’ai attendu Nicolas au foyer, et apparemment j’avais encore une tête horrible, car le surveillant et quelques élèves m’ont demandé si j’allais bien… et dire que ces mêmes élèves se moquaient de Nicolas et moi il y a quelques semaines….
Nicolas est arrivé, quand il m’a vu, il a presque couru pour me rejoindre :
— Qu’est-ce qui se passe ? Y’en a un qui te fait chier ?
— Déjà bonjour, moi aussi je t’aime.
— Oui, désolé. Bonjour, je t’embrasse aussi ?
— Je dis pas non.
Il s’approcha de moi et m’embrassa.
— Du coup, il se passe quoi ?
— J’ai dit à mon père j’étais gay….
— Ah, il l’a mal pris je suppose ?
Je me suis contenté de hocher la tête, car, si j’avais prononcé le moindre mot, j’aurais fondu en larmes.
Il me prit dans ses bras alors que des larmes réussissaient à s’échapper.
Le reste de la journée s’est plutôt bien passé. J’ai dormi pendant l’heure de philo, et ça m’a valu un joli autographe de la prof dans mon carnet de correspondance.
A la sortie du lycée, Philippe est venu me voir :
— Julien, j’ai pas reçu mon DM !
Je l’ai ignoré et j’ai continué à avancer.
— Ce serait dommage que ton père apprenne que t’es PD ! Dit-il en criant.
Je me suis retourné vers lui, et lui ai lancé un regard noir qui l’a fait reculer. J’ai remarqué que tout le monde nous regardait. Nicolas s’approcha et me chuchota :
— Allez, fais pas attention, c’est un con.
Et il me prit par le bras et j’ai recommencé à marcher, mais Philippe ne le voyait pas de cet œil-là :
— Ah, je vois, tu lui as dit et il t’a jeté comme une merde ! Après, c’est ce que tu es !
Je me suis arrêté net, j’ai jeté mon sac au sol et j’ai couru vers lui. Il n’a pas eu le temps de se rendre compte de ce qu’il se passait, que je l’avais déjà plaqué au sol. J’ai pu lui foutre deux ou trois coups de poing, avant que les autres ainsi que les surveillants arrivent à me détacher de lui. Même après ça, j’ai réussi à lui caler un coup de pied et je me suis payé le luxe de lui cracher dessus. Certes, ce n’était pas propre, mais c’était tout ce qu’il méritait.
Pendant que Nicolas m’éloignait, j’ai pu voir que Phillipe était sonné. Il était assis au sol, ses potes l’aidaient à se relever.
Nicolas m’a ramené chez moi, et a expliqué à ma mère ce qu’il s’est passé, puis il est reparti.
Ma mère avait l’air énervée, et à mon avis, pas que contre Philippe…
Je suis monté dans la chambre, pour faire mes devoirs. Pendant ceux-ci, Nicolas m’a envoyé un message pour me dire que son père proposait de faire la sortie au lac qui avait été prévue la semaine dernière, et apparemment, je n’avais pas le droit de dire non !
Après le diner ma mère m’a appelé au salon, et je me suis dit que ça allait être ma fête !
Je suis arrivé au salon, elle était assise, les jambes croisées, ce qui n’était pas bon signe. Elle m’indiqua de m’asseoir, et, une fois que j’étais assis, elle prit la parole :
— Bon, je comprends que tu sois triste et que tu puisses ressentir de la colère, mais c’est pas une raison pour frapper un de tes camarades parce qu’il te parle de ton père.
— C’était pas n’importe quel camarade, c’était Philippe, et il ne m’a pas que parlé de mon père. Je cite : « Ah, je vois, tu lui as dit et il t’a jeté comme une merde. Après, c’est ce que tu es ! » et, sur le coup, j’ai pas réussi à me retenir.
Elle resta bouche bée pendant quelques secondes :
— Ah, ceci explique cela…. Demain j’appellerai le lycée pour leur demander le numéro de sa mère. Mais je te préviens, Julien : une fois, pas deux !
— D’accord. Je me demandais, je peux aller chez Nicolas samedi ?
— Depuis quand tu me demandes ? Dit-elle en rigolant.
— Bah vu que j’ai frappé Philippe, tu aurais très bien pu me priver de sortie ou autre.
— Pas faux, du coup t’es puni.
— Quoi !?
— Rhoo, je rigole ! Tu peux retourner faire ce que tu faisais.
J’ai couru dans ma chambre pour prévenir Nicolas que c’était OK pour samedi, mais quand je me suis allongé dans mon lit, j’ai trouvé que quelque chose était bizarre. J’ai changé moultes fois de position mais rien n’y faisait. C’est à ce moment que j’ai compris que ça ne venait pas de moi, mais de mon oreiller. Je l’ai donc déplacé, et je suis tombé sur une boite de préservatifs.
J’ai appelé ma mère :
— MAMAN !
— Je suis en bas, viens si tu veux me parler !
Je suis descendu, elle était en train de travailler sur la table du salon :
— C’est quoi ça ? En lui montrant la boite de préservatifs
— Bah, Julien. A ton âge, tu ne sais pas ce que c’est ?!
— Si, je sais ce que c’est, je te demande juste pourquoi y’avait ça sous mon oreiller ?
— Ah, c’est parce que je me suis dit que tu étais en âge d’avoir des rapports. Peut-être que tu en as déjà eus, mais ça ne me regarde pas. J’ai voulu t’éviter une possible gêne à m’en demander, ou d’aller en acheter, mais, apparemment, si ça a eu l’effet inverse, je m’en excuse.
— Ah, bah… Merci, maman.
Et je me suis dirigé vers l’escalier en me sentant un peu con.
— Julien, attends !
— Oui, quoi ?
— Prends ton linge au passage, il sort de la machine.
J’ai pris ma pile de linge, et Je suis monté dans ma chambre et j’ai rapidement rangé mes vêtements, puis j’ai prévenu Nicolas que c’était OK pour samedi.
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