L'aristocratie financière, par l'outil étatique, a volontairement assassiné l'éducation populaire : par la destruction symbolique, par la réappropriation, par l'austérité, par la stérilisation, par la paperasse, par des méthodologies de travail, on a dépolitisé ce qui est, par essence et par nature, de la pure politique.

Les associations ne portent plus le regard ailleurs que sur la nécéssité de financement. Elles ne peuvent abandonner - par habitude et par coeur - la part de misère dont elles sont devenues responsables. S'occuper des rejetés, c'est abandonner le chemin révolutionnaire. On ne fait que maintenir proche de la norme ceux qui sont exclus. Plus personne ici ne prend la peine de maintenir son niveau politique, sa flamme de révolte quand bien même chacun en ressent le besoin. Reste qu'une assemblée fatiguée de vieux éducateurs, pris dans la machine et prêts à consentir au compromis imposé par l'état : ou la marchandisation de vos talents par le marché du travail, ou la gestion du bas peuple.

Peut être ont ils eux aussi cultivé la promesse de ne jamais accepter un tel chantage. Mais ils sont ici résignés, fiers de si peu, affaiblis par les névroses, incapables de ce regain de fierté pourtant si nécessaire. N'est-ce pas là normalement l'avant-garde de toute révolution ? Pourtant, il n'en reste plus rien - voilà comment l'état a mis à mort l'éducation populaire.

Malgré tout, leur conversation continue, je déphase, mon regard plonge par la fenêtre. Le goudron, le béton, l'absence de vie. Mes instincts perdent de leur vigeur : même l'échappée ne mène qu'a la stérilité. Le monde entier me parait répondre à la même harmonie du vide - l'absence de projection alternative, voilà comme je me suis résigné hier. La symbolique est maîtrisée. Mais n'accordons jamais de tels pouvoirs de décision à nos insincts. Nous sommes grands, montrons nous plus mâlins : que faire d'autre que surmonter...

... Surmonter et contre-attaquer.