Chapitre 3
Le meilleur café de la ville. Voilà où Hugo m'avait emmenée. Nous avions marché un petit quart d'heure pour y arriver. Le café était un endroit très sympathique et chaleureux, nous aimions beaucoup y aller. L'intérieur était décoré un peu à l'ancienne, tous les meubles étaient en bois. Hugo et moi nous installions à une table, puis une serveuse vint nous voir.
"Bonjour, que désirez-vous prendre ? Nous demanda-t-elle.
- On prendra deux Ice Tea, s'il vous plaît, répondit Hugo.
- C'est noté, je reviens tout de suite !"
La serveuse était plutôt mignonne. Elle était assez petite, les cheveux noirs au carré, les yeux bleus. Elle devait être nouvelle car je ne la connaissais pas.
Hugo me regarda et posa sa main sur la mienne. Son contact me rassura aussitôt.
"Hugo, je ne sais plus quoi faire..." commençai-je.
Il continuait de me fixer avec un petit sourire doux, ce qui m'incitait à continuer.
"Valentin est de pire en pire avec moi... je ne reconnais pas le mec dont j'étais tombée amoureuse...
- Valentin est un con, lâcha-t-il sèchement. Je te jure que j'essaie de trouver une solution pour qu'il te lâche une bonne fois pour toutes".
Mais je savais bien que Valentin n'abandonnerait jamais. Il était très rancunier, je n'avais jamais connu quelqu'un comme ça. Et surtout, je regrettais d'avoir été en couple avec lui. À l'époque, lui et Hugo s'entendaient super bien. On se faisait souvent des soirées tous les trois, on s'amusait vraiment bien. Mais c'était avant... Maintenant, Hugo et Valentin se détestaient.
La serveuse arriva avec nos boissons. Hugo la remercia et je bus une gorgée de cette boisson fraîche, ce qui me fit du bien. Hugo retira sa main de la mienne afin de boire lui aussi.
"Ma mère ne va pas bien", ai-je annoncé.
Hugo releva la tête et me regarda, inquiet.
"Oh mince... son état s'empire ? Me questionna-t-il.
- Ma mère me fait croire que tout va bien, mais je vois bien que c'est faux. Elle maigrit de plus en plus.
- Je suis tellement désolé pour toi Louna... si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas..."
S'il savait que je manquais d'argent... ma mère ne pouvant plus travailler, nos économies étaient vites parties dans ses soins et ses médicaments... Bientôt, je ne pourrais plus payer tout ça. Il fallait que je trouve une solution, et vite. J'étais vraiment prête à faire n'importe quoi pour ma mère. Rien qu'à cette pensée, mes yeux s'embuèrent de larmes. Hugo le vit, alors il alla payer les boissons et il me prit par la main pour sortir. Dehors, le temps était devenu gris, le vent s'était levé. Je savais qu'on devait retourner en cours à un moment ou à un autre, mais je ne voulais pas, je n'avais pas envie. Mais je ne voulais pas que Hugo loupe beaucoup de cours à cause de moi.
"Tu devrais retourner en cours, lui dis-je.
- Viens avec moi."
Je fis un "non" de la tête, lui embrassai la joue, puis je partis de mon côté, le laissant là, planté devant le café. Il fallait que j'aille voir le médecin de ma mère, j'espérais qu'il m'aide à trouver une solution. D'un côté, j'avais énormément envie de tout avouer à Hugo, lui dire pour la maladie de ma mère. Mais de l'autre, je savais que je ne pouvais pas lui dire. Cette situation était vraiment désagréable, et j'étais contente que Hugo ne me pose pas de questions sur ma mère, à part prendre de ses nouvelles de temps en temps.
Arrivée devant l'hôpital où exerçait le docteur Robert - le docteur qui s'occupait de ma mère -, je pris une grande inspiration. Je n'aimais pas du tout entrer dans des hôpitaux, cela me rappelait trop de mauvais souvenirs. Je pris mon courage à deux mains et entrai. Je me dirigeais vers la secrétaire, qui n'était pas très aimable. Je ne l'aimais pas. Lorsque j'arrivai devant elle, elle me regarda par-dessus ses lunettes d'un air de quelqu'un qui n'a jamais vu un être humain de sa vie.
"C'est pour quoi ? M'a-t-elle demandé.
- Bonjour, j'aimerais voir le docteur Robert...
- Deuxième étage, couloir de gauche", me coupa-t-elle.
Je partis sans un merci, et me dirigea vers la direction qu'elle m'avait indiquée. Dans les couloirs, voir les patients malades me fit un pincement au cœur. Certains survivront car ils n'ont rien de grave, mais d'autres n'auront malheureusement pas cette chance...
J'arrivai devant le cabinet du médecin. Devant se trouvaient plusieurs chaises, ce qui faisait guise de salle d'attente. Il y avait deux personnes qui attendaient. Je m'installai donc sur une chaise, je n'étais pas pressée. Après tout, je n'avais rien d'autre à faire car je ne voulais pas retourner au lycée, et je ne pouvais pas rentrer chez moi car ma mère me disputerait de ne pas être allée en cours.
La porte du cabinet s'ouvrit, un homme en sortit, suivit du Dr Robert. Celui-ci fut surpris de me voir. Il s'adressa à tous les patients.
"Veuillez m'excuser, je dois prendre en urgence mademoiselle Fontaine..."
Je le suivis dans son cabinet, et m'assis devant son bureau. À cet instant, je me mis à pleurer. Le médecin ne fit rien, il était patient, il attendit que je me calme, et me tendit un mouchoir.
"Qu'est-ce qui ne va pas ? Me demanda-t-il doucement.
- Je ne sais pas comment je vais faire pour ma mère... Nous n'avons plus beaucoup d'argent, je ne sais même pas comment je vais pouvoir faire les courses... lui dis-je entre plusieurs sanglots.
- Écoutez, j'avoue que pour ça, je ne peux malheureusement pas vous aider... Je vous aime beaucoup, votre mère et vous. Mais pour une question d'argent je ne peux pas vous aider. D'ailleurs, pendant que vous êtes ici..."
Il se retourna vers ses étagères où reposaient des tas de dossiers et de gros classeurs. Il sortit un énorme dossier où était marqué Nora Din, le nom de ma mère. Il en sortit une feuille, que je ne connaissais pas. Je l'interrogeai du regard, puis il m'annonça :
"Suite à sa demande, nous sommes allés voir votre mère hier, pendant que vous étiez au lycée.
- Et ? Demandai-je.
- Votre mère ne va pas bien du tout, et elle le sait."
À ces mots, je sentis que ma tête commençait à tourner très fort, je manquais d'air. J'étais en panique.
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