5.
La chandelle lui brûlait doucement les mains. Cette nuit, seules les heures filantes auraient raison de sa folie. Une voûte de pierre la surplombait. Quelques puits déversaient la lumière pâle, froide, indifférente de la pleine Lune. La jeune femme erra dans les rues névrosées. Des grondements arpentaient la cavité. Indiscernables, elle ressentait des yeux perçants épier les malheureux.
Les enseignes l’invitèrent de leurs élégants halos. Elle entra dans la première. De splendides cristaux rouges enjolivaient les murs. L’Antre des Péchés aimait dévorer l’âme des désespérés. Dans le bazar, une vieille sorcière l’accueillit en pouffant. Des formes encapuchonnées jonchaient les étagères. Visage dévoilé, son sourire ne pouvant se décrocher, Louison s’empara d’une petite sacoche et se dirigea vers le comptoir. L’ensorceleuse rit à gorge déployée, faisant frissonner les quelques ombres qui se cachait.
- Ma fille ! hurla-t-elle. Que vous êtes vile… J’ai exactement ce qu’il vous faut !
L’antiquité sortit une nouvelle gamme de cachet : un petit cœur rosé, « Garde du Cœur » gravé sur un médicament qui troquait un sentiment pour des illusions. La jeune femme tenta de se refuser, mais la sorcière l’obligea. Louison sortit faisant claquer ses talons sur le carrelage poussiéreux.
Elle se laissa emporter par la musique qui envahissait les rues et s’empressa de s’embraser d’alcools âpres. Disparaissant dans la foule, elle ressentait les fêlures de chacun s’unirent dans une danse désaccordée. Son esprit vacilla, comme sa chandelle. La Lune illuminait le plafond, constellant d’étoiles le ciel aliéné. Ses yeux se rivèrent sur le titre d'une maison close : « Garde du Cœur », rien de mieux pour y faire défaillir une émotion détraquée. Quelques fois, Louison s’y délaissait.
Ce soir, la chandelle lui rongeait les doigts. Son métronome frénétique se réveilla.
Annotations
Versions