Roi.
La jeune femme se trouvait allongée sur le parquet de sa chambre. Une lumière blafarde traquait Louison sans pour autant la repérer devant le miroir brisé. Les morceaux de verre s’étalaient autour de ses cheveux étendus le long de ses épaules. Dans l’ombre, sa cage thoracique soulevait une robe blanche, les liserés de dentelle déchirée. Des cliquetis résonnaient dans la pièce. La jeune femme caressait la sécurité du revolver. Son regard fixait la douille de cuivre, venue de briser son propre reflet.
Ses iris bleues dérivèrent. Le cadre du miroir se faisait nu de son portrait. Elle s’habilla d’une élégante robe plomb. Les tableaux des couloirs renvoyaient une expression épouvantée. Louison ne leur adressa pas un regard. Ses sourcils se fronçaient de gravité, ses lèvres demeuraient rigides d’avoir rencontré celles d’Hippolyte. L’écœurement lui sera les tripes. La Lune se couvrit d’un nuage. Louison disparut telle une ombre dans la nuit, la 12e Colline, comme illusoire phare dans un ciel complice. Le vent frais effleurait les bras nus de la noctambule. Louison avançait dans une rue « coup de froid », une haine glaciale contractant ses mains autour du revolver. « Garde du Cœur » ou « Receleur de Corps » ? Troquer la nausée pour un amour assassin, s’envoler pour atterrir plus brutalement encore, et dégobiller d’une balle trop lâche pour se heurter à son crâne.
La noctambule guetta dans un coin d'une large allée, unique passage vers la 12e Colline. À l’affût pendant des heures, l’opportun se présenta. Une massive forme encapuchonnée erra dans la sombre nuit. La jeune femme le traqua, s’enfonçant dans d’étroites ruelles.
Ses phalanges glissèrent sur la surface froide. La nuit envahit la ville. Ses paupières lourdes semblaient prêtes à se fermer, une dernière fois.
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