Instinct.
Cette nuit, sur les pavés de la 12e colline, cette noble a descendu le bourgeois d’un instinct infaillible de chasseuse. Discrète, fondu dans la nuit, le bourgeois n’entendit pas même ses pas effleurant le sol, ne se retourna dès lors qu’elle actionna le chien de l’arme, mais ne vit d’elle qu’une forme droite et immobile, comme si elle se confondait aux murs, ne sentit pas même le parfum enivrant de la jeune femme, et d’une fraction de seconde, le sang remplaça le goût de l’alcool, n'éprouvant pas même la douleur de la balle qui lui avait transperçait le crâne. Le Valet s’accommodait, pensivement, à la chaleur de la cheminée, un verre de whiskey entre ses doigts fins.
Les miliciens aphones...
Les mineurs aveugles...
La vendeuse de fruit muette...
Et le délégué de la mine au nez encrassé de charbon...
Tous gisaient désormais dans leur sang, car dans l’Antre des Péchés ne subsiste que les impulsions fugaces qui mènent les égarés à retrouver le chemin à la levée du jour. Et puis, leur appétence intarissable qui les rapatrie dans les sous-sols lorsque la Lune se montre.
Adel avait su... Le Valet lui avait laissé la vie. Ce travailleur avait su suivre son coeur.
***
Le soir,
Adel se plaquait contre les parois de sa douche. À ses pieds, un mélange de sang, de houille et de larme s’épongeait de son visage. Le mineur avait posé ses mains sur ses yeux, s’immobilisant sous l’eau glaciale. D’un coup, d’une foudre, la jeune femme avait tué une dizaine de personnes. Et lui, Adel Postruche, respirait encore, soufflant de soulagement, comme la machine à vapeur et son compte à rebours qui secouait la mine, en tout temps, toutes saisons.
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