Opale, célèbre Porteuse de Trous, enseignait depuis peu à Lilas son art ancestral, et se vantait de ses exploits.

« C'est comme si on en avait à nous quatre, dit-il, à nous trois... »

Il eut un moment le sentiment de laisser tomber, d'échouer et d'en perdre la tête.

« On s'en fout de nous, dit-il.

– Qu'est-ce qu'on s'en fout! » répondit Tient-le-monde.

Tient-le-monde, le trou préféré de Lilas se mit à hurler. Il n'était pas sûr de ce qu'il disait, mais il n'en revenait pas. Il n'y avait pas d'autre solution, il n'y avait pas d'autre solution. Il n'y avait pas d'autre solution.

– Il faut que je rentre à la maison, maman. Je vous remercie de m'avoir permis de venir.

– Je ne peux pas vous laisser partir.

– Je ne peux.

C'était un trou doté de la parole. Un trou plus intelligent que les autres. Un trou où, malgré les attaques de la rue, se déroulait une conversation. Dans le cœur de l'institution, les membres se retrouvaient pour échanger des idées. La parole devait circuler. Et c'est la parole qui enchaînait les filles dans des histoires de fleur et de voix. Elles parlaient dans leur tête. Des histoires de fleur et de voix.