Pendant ce temps, Lilas, Alain et Eric étaient allés retrouver le bébé d'Alain et Chloé. Ils cherchèrent partout, même au fond des cuisines. Finalement, ils le trouvèrent au fond d'une cave, enveloppé dans un nouveau manteau. Il avait toujours la peau pâle et un visage pâle. Le ventre lui manquait encore.

« Il faut le prévenir, dit Alain.

– Qu'est-ce qu'il y a?

– Il ne ressemble plus à un enfant. Il est plus petit, plus gros.

« Ça alors ! s'écrie le fils du pasteur. Les forces du mal engraissent aussi cet enfant ! »

Cette scène d'angoisse où la religion apparaît à l'enfant comme un malentendu, est presque un anachronisme. En effet, au XVIIe siècle, l'enfant est au contraire bien accueilli par le Père et le Saint-Esprit. Il vient avec le Père au Père, et le Saint-Esprit l'accueille avec les baisers du Père. Aussi les « forces du mal », dans la personne du fils, vont-elles d'abord gagner son affection, son attachement, son amour. Les parents sont décidés à l'écouter, à le reconnaître pour ce qu'il est : un être qui a besoin de leur attention, de leur affection. Le Père et le Saint-Esprit sont donc le père et le saint du fils.

Les « démons » ont besoin de la puissance de l'amour pour s'élever.

Pendant de temps...

Pour punir Opale de ses écarts, Nénette se venge de la dégénérescence de sa fille, elle entreprend une malédiction qui pourra se réaliser plus tard : « quand les vierges enfermées dans leurs cachots se seront enflées de leur jouissance et que les démons, égarés, en se mordant la langue, dans la gêne, dans la faim, dans la misère, s'en iront dans la fosse où elles mourront, elles feront dégénérer les châteaux du Paradis, elles renverseront les prêtres, les empêcheront de porter le saint bénitier, elles feront disparaître les corps des saints, elles enfermeront les béguines, les sœurs de charité, les sœurs de moniale, celles qui, en défendant la vie et la foi, en prouvant le miracle des pains de l'autel, en témoignant du miracle de la confiture du saint sacrement, ont voulu être heureuses, elles détruiront le bien-être, elles perdra leur bien, leur foi et leur bonheur. »

Opale ne pige que dalle à la malédiction, mais l'accueille humblement. Elle a d'autre chats à fouetter. Elle demande à Nénette : « Tu sais ce que mijote Lilas avec Tient-le-monde ? C'est lui, je suis sûre, qui a engraissé Laurent. » Nénette, avec cet air de réflexion qu'elle a, regarde son cercle d'assiette. « Je n'y crois pas, mais c'est un coup du diable, que je n'ai pas le talent de le voir. »

Lila est fâchée de voir qu'elle n'a pas le droit de dire que Tient-le-monde est un méchant, c'est-à-dire qu'elle n'a pas le droit de dire que lui et Eléonore sont des méchants, elle n'a pas le droit de dire que leurs actions sont méchants, elle n'a pas le droit de dire que leurs gestes sont méchants, elle n'a pas le droit de dire qu'ils sont méchants de vouloir faire des bêtises.

Le père de Tient-le-monde est un avocat acharné

Tient-le-monde et Eleonore avaient fait promettre à LilaS de ne pas révéler leur super plan de méchant. Mais LilaS était tiraillée, elle voulait sauver le monde de son trou qui basculait du coté obscur... elle prit son courage à deux mains et avança.

La réponse à la question de LilaS était clairement « non ».

– En fait, je ne vous avais pas révélé cette information car j'avais l'intention de vous laisser vous reprendre, expliqua Eleonore. Je vous avais bien expliqué que vous étiez au beau fixe avec Lilias, n'est-ce pas? Ce qui nous est arrivé avec le visage de l'ombre