55 - Inceste
François, qui n'était donc pas un personnage de roman, s'adressa aux futurs époux Alain et Laurent : « A la fin, la vie est trop courte pour que tu sois fâché si tu ne me tiens pas la main, et la vie est trop courte pour que tu sois fâché si tu ne me tiens pas la main. » Il les salua en l'air.
Il y eut un petit moment de silence.
Alain et Laurent s'embrassèrent, et tout le monde se tut.
Et c'est à ce moment-là qu'Alain, jouant la comédie, s'écria :
– L'inceste!
Puis, d'un ton sérieux :
– On n'en parle pas, il n'y a pas d'inceste dans cette affaire.
Laurent, lui, se taisait.
– Nous sommes fiancés, dit Alain.
François lui jeta un regard de mauvais augure.
– Laissez-moi vous présenter la future maman de vos fils.
Laurent se tourna vers François, l'air gêné :
– Mon père, c'est moi.
– Vous êtes le petit père de vos fils, j'ai bien compris.
– Je ne suis pas...
– Je t'assure que tu es bien le père de tes fils.
François se pencha vers Alain :
– Alain, ton épouse n'est pas une femme...
- François est-il le frère d'Alain ?
– Non, monsieur, il n'a pas de frère, ni de sœur.
– Alors, il a eu une mère et une sœur?
– Non, monsieur, il n'a jamais eu de mère ni de sœur.
– Il n'a donc pas de parents?
– Non, monsieur.
– Et il ne vous a jamais fait de propositions, ni de compliments, ni de choses comme ça?
– Non, monsieur, il n'a jamais rien fait, ni à moi, ni à personne.
– Vous avez donc pu vous imaginer qu'il avait une existence avant le moment où il vous est arrivé?
– Oui, monsieur.
– Et que, par exemple, avant d'être un personnage, il était une plante?
– Oui, monsieur, je l'imaginais comme une plante.
– Et l'année dernière, vous l'avez vu?
– Oui, monsieur.
– Et, quand il vous est arrivé, il avait une tête, des jambes, des bras, une bouche et des yeux?
– Oui, monsieur, c'est ce qu'il a dit.
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