La Beauté

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L'âme observe son œuvre. Elle se demande comment elle pourrait donner un sens à son existence. Autrui n'existe pas, et n'existera certainement jamais. Tout ce qu'elle crée, elle le crée pour elle-même. Pour s'extasier devant la beauté et l'harmonie de sa création.

La Beauté ? L'âme suit les courbes du regard, s'interrogeant sur celles qui lui paraîtraient plus harmonieuses que les autres. Certaines se croisent, forment des boucles ou des volutes enroulées. D'autres sont droites, rectilignes. Elle repère dans la masse de lignes un entremêlement particulier. De cet amas de traits courbes, elle a compris ce que signifie la "Beauté" : tout ce qui, ensemble, forme une symétrie parfaite. Tels des pétales de paquerette, les lignes reviennent en son cœur à chaque fin de boucle, toujours de la même envergure. Et ce rond, toujours ce rond, parfaitement courbé, replié en tout point à l'identique sur lui-même, symétrie parfaite via tous les axes, la rend encore plus enthousiaste.

L'âme se remet à dessiner, avec une envie goulue de créer de nouvelles formes symétriques. Elle commence par tracer une courbe dans un espace encore vierge. Une longue ligne de graphite fend alors la feuille blanche. Il faut créer sa symétrie, pense l'âme, tandis qu'elle se met à produire l'image de la première ligne, dans l'autre sens.

Un dessin d'amande verticale se dresse dans le vide. L'âme se met à dessiner un cercle à l'intérieur, pensant que la forme la plus pure devait se trouver dans chacune de ses œuvres. Puis, reprenant ce raisonnement, elle trace un nouveau cercle dans ce dernier. Encore un autre, et ce jusqu'à noircir entièrement le premier cercle.

Ah ? Est-il possible de noircir le monde entier avec de simples traits ? se demande l'être. Si c'était le cas, cela signifierait qu'il pourrait retrouver son néant tant aimé ! Son rien qui l'appelle toujours dans un coin de sa tête, son rêve enfoui dans les méandres de ses pensées... Oh, vite, il ne faut plus attendre, et barbouiller l'espace pour que s'éteigne la lumière.

Derechef, l'être de concentre. Soudain, comme le big bang, une étendue noire éclate tout autour de lui et se répend, recouvrant toute trace de blanc.

Retour au rien. Symétrie pure, reposante et belle, choyée et convoitée, que l'on ne veut à aucun prix quitter. L'âme perd connaissance et oublie ses exploits.

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