6.Propositions inattendues

15 minutes de lecture

Flinn

Enfin.

Je m'étais levé une fois de plus aux aurores, non pas pour aller m’entraîner, mais pour rejoindre celle à qui j'essayais de parler depuis deux jours. Élie. Avec le petit contact physique d'hier, je l'ai sentie plus réceptive à la conversation en tête-à-tête.

J'entrai dans la cafétéria et j'envoyai un café à couler. Décidément ce lycée nous tuera non pas à coup de verres, mais de café !

Nous avions particulièrement bien fêté notre départ de jeu collectif et, pour ma part, j'avais très bien participé, tout en sachant rester dans les limites. Un tiers des joueurs de l'équipe avait fini dans un état d'ébriété assez avancé jusqu'à ce que Declan et Cole, les seuls mecs entièrement sobres de la soirée, considèrent que nous attirions trop l'attention et déclarent la fête terminée. Ils ont finalement bien fait, surtout que Connor est un nerveux sous alcool. Malgré nos gabarits qui, pour l'essentiel de nos membres, nous donnaient l'air majeur, une bagarre et une descente de flics nous auraient tous fait déchanter.

J'avais regagné la chambre plus tardivement que prévu à cause des surveillants, mais le placard à balais du rez-de-chaussée m'avait sauvé. Une jolie chance pour moi que Connor se soit fait chopper... Un sourire s'imprima sur mes traits.

Je repensai aux sélections avec une certaine amertume. J'avais réalisé une excellente première période, mais je n'avais pas pu m'assurer le post que je convoitais. Toute l'équipe s'était réunie autour du Quarterback pour une ovation. J'avais joué le jeu de bonne grâce, mais je me sentais intérieurement humilié. Encore une fois, Cole me passait devant et récupérait les lauriers. J'aurais bien aimé l'évincer pour ma dernière année...

C'était le jeu et pour gagner, il fallait être préparé à perdre.

Une main tapota mon épaule et je me retournai pour voir la fille que j'attendais avec un petit sourire.

— Bonjour, beauté rousse !

— Bonjour, Hulk, dit-elle en appuyant sur le bouton de la machine avant de me faire face. J'ai été un peu occupée ces derniers temps. Tu voulais me parler ?

— Une vraie chargée d'affaires internationales, plaisantai-je en me raclant la gorge. Oui, voilà...

J'aurais dû me préparer au lieu de compter sur le talent. C'est pas le moment de se dégonfler, mec !

— Est-ce que ça te dirait de sortir avec moi un soir ?

Elle me regarda en hochant la tête. Quoi, c'était si simple ?

— Bien sûr ça dépend du jour. On irait où ?

— Heu... je... cinéma. Puis boire un verre.

— Pas de poison, hein ? fit-elle en plissant les yeux sournoisement.

— Jamais, rétorquai-je, avec une moue faussement offensée. Je ne m'appelle pas Cole Hutchkins !

— C'est vrai, approuva-t-elle en riant, malgré un grincement de dents.

Personne n'ignorait à quel point ces deux-là se détestaient et je me demandais parfois où était la limite. J'avais été témoin de bon nombre de leurs accrochages l'an dernier. Je me souvenais tout particulièrement du visage rouge d'Élie quand elle avait découvert que toutes ses affaires avaient été disséminées un peu partout dans les classes et qu'un pot de confiture entier avait été répandu sur sa chaise pour le dernier cours d'histoire de l'année. « Quoi, tu semblais trop joyeuse de voir la période scolaire se terminer, Carter », avait craché Cole en la confrontant, comme pour la défier de répliquer quoi que ce fut.

Si Élie acceptait de devenir ma petite amie, il était hors de question que cela continue. Je la regardai dans les yeux et lui fis un sourire en coin.

— Samedi ?

Elle fronça les sourcils avec une moue de réflexion avant que son visage ne s'illumine.

— Plutôt mardi soir ? Ézé et Ava devraient être dispo, pour Keith, je ne sais pas.

Ézéchiel, Ava et Keith ? Non, non, non, ils ne sont pas inclus dans le lot !

Non, Élie. Pas de nerd. Pas d'emmerdeuse. Pas de râleur lunatique. Seulement toi et moi... Évidemment, j'aurais dû me préparer. Avec un nouveau sourire, je me corrigeai.

— Je parlais d'une sortie entre Flinn Olson et Élie Carter. Comme un rendez-vous, beauté, précisai-je en appuyant sur les mots « rendez-vous ».

La réaction d'Élie me prit au dépourvu. Elle éclata de rire et posa une main sur son estomac. Ma bouche devenait pâteuse et ma gorge s'asséchait. Élizabeth se marrait à gorge déployée. Elle ne prenait absolument pas au sérieux ma demande. L'éventualité de nous deux ensemble ne lui avait jamais traversé l'esprit. À la différence de moi.

Aoutch.

Interpelée par mon silence, elle rencontra une nouvelle fois mon regard et son hilarité s'estompa lentement en même temps que son sourire. Elle écarquilla les yeux avant de battre des paupières.

— Merde, souffla-t-elle finalement. Ce n'était pas censé être une blague.

— Non, répondis-je en la fixant intensément. Je suis sérieux, Élizabeth.

Elle sembla mal à l'aise, évitant de me regarder. Portant son gobelet à sa bouche avant de se rétracter, elle releva finalement les yeux. Ça, c'est finalement l'un des moments les plus gênants de mon existence.

— Ren-rendez-v... écoute, Flinn je ne sais vraiment pas quoi...

— Tu n'es pas obligée de répondre tout de suite, la coupai-je abrupte, avant de me radoucir. Seulement, penses-y. Mais si tu acceptes un rendez-vous avec moi et me laisse ma chance, je ne la gâcherai pas, Élie.

Elle tressaillit, comme si je l'avais giflée. Sa lèvre inférieure se mit à trembler et, l'espace d'un instant, j'aperçus une autre Élizabeth en face de moi. La mention du mot rendez-vous l'avait littéralement fait bégayer. Mais avant que je ne comprenne de quoi il s'agissait, elle se reprit et un demi-sourire dur se plaqua sur son visage. Elle fit couler un second café dont elle s'empara rapidement avant de me dépasser.

— On devrait y aller, on va être en retard, lâcha-t-elle en haussant un sourcil avant de tourner les talons.

— Élizabeth !

Elle s'immobilisa puis se retourna pour me faire face.

— Ne change pas de comportement avec moi, s'il te plaît. Je veux rester Hulk en toutes circonstances, et je suis plus chaud que Banner, tentai-je avec humour, bien que vaincu moralement.

Elle libéra un faible gloussement et me fit un signe avec l'un de ses gobelets avant de sortir de la cafétéria.

Avec son visage radieux d'hier, j'avais imaginé... Tu imagines un peu trop, mec, tu vas te faire jeter !

J'avais agi comme un désespéré à lui demander de réfléchir.

Élie

Flinn m'invitait à sortir. Rendez-vous. Il m'avait proposé un rendez-vous.

« Un rendez-vous, un seul et unique pour te faire changer d'avis, Trésor... »

Putain. Et dire que j'avais failli craquer devant Flinn. À cause de lui. Il était hors de question que je montre aussi facilement mes peurs, d'autant que Hulk n'avait pas dû interpréter correctement mon trouble. Je ne voulais plus jamais entendre le mot rendez-vous avec autant d’insistance. Plus jamais comme ça... Il l'avait prononcé avec un calme et un sourire confiant qui me rappelait tellement... Plus jamais...

Ava m'attendait à l'entrée. Je lui tendis le café le plus chaud en masquant au mieux mon trouble. Depuis qu'elle était arrivée, elle ne cessait de sourire.

— Je te remercie encore pour mon petit frère. Donc si je comprends bien, tu as passé la nuit au local de Pitt.

— Oui, répondit simplement ma meilleure amie en évitant mon regard.

Combien de temps tu vas garder tes sentiments pour toi, Ava ?

D'ordinaire, je n'insistais pas, mais, cette fois, je voulais que le sujet soit clair et clos.

— Ava, tu sais que ça ne me dérange pas.

— Qu'est-ce qui ne te dérange pas ?

Je soupirai et la regardai avec un air blasé. Arrête de tourner autour du pot.

— Que tu craques pour Declan.

La princesse recracha la gorgée qu'elle venait de boire et j'esquivai à temps pour le voir se répandre près du jardin.

— Je ne...

— C'est visible comme les faux ongles d'Ashley, princesse.

Elle me regarda et une sorte de culpabilité envahit ses yeux.

— Pendant... pendant un instant, je l'ai imaginé au bras de Brittany ou d'Ashley et... ça m'a rendue complètement folle de rage.

Je mimai une grimace de dégoût et un vomissement simulé qui la firent ricaner avant qu'elle ne retrouve son sérieux.

— Sauf que c'est ton frère, Élie, je...

— Et je préfère savoir que mon frère s'intéresse à une fille authentique comme toi, et non pas à un des stéréotypes de Pretty Little Liars et Gossip Girl réunies. Sans compter que la vie sentimentale de mon jumeau ne me regarde pas.

Elle soupira à son tour et me lança un sourire timide, bien qu'éclatant. Raison pour laquelle j'avais bien fait d'insister.

— Bon, alors qu'on soit claires, tu es ma meilleure amie et il s'agit de mon frère. Je veux connaître tes progrès et t'encourager, mais aucun foutu détail, OK ?

Elle leva instantanément les bras en l'air, manquant de renverser son gobelet.

— Il ne s'est rien passé ! On a seulement discuté. J'ai... beaucoup aimé lui parler aussi longtemps, avoua-t-elle en regardant ses chaussures.

Son sourire concurrençait celui du Joker de par sa taille, ravivant le mien par la même occasion. Elle méritait de trouver quelqu'un de bien. Et même si Declan avait une vie au rythme compliqué, ça ne durerait pas. Je ferais en sorte de prendre sur moi cette année pour qu'il réussisse et décroche sa bourse d'études. J'étais, pour ma plus grande fierté, parvenue à le convaincre de laisser les matchs de boxe clandestins de côté pour les prochaines semaines. En deux shows par mois, je garantissais le paiement de nos factures. À partir du troisième, c'était nos bénéfices pour l'an suivant. J'avais l'intention de garder le rythme de travail de la période de vacances. Un show par semaine, en y ajoutant mes études, cette fois. Un an, à fond, c'est mon objectif.

— Et toi, c'était comment hier ? demanda Ava, me ramenant au lycée.

Hier soir...

Son sourcil se haussa en réponse.

C'était...

— Bien, dis-je avec le détachement le plus crédible dont j'étais capable.

Hors de question qu'elle apprenne que j'ai rechuté.

Nous arrivâmes dans les couloirs et commençâmes à voir la foule des élèves gagner leurs salles de cours. Et ça me rendait nerveuse. Très nerveuse. Intérieurement, je bouillonnai et semblai flotter tour à tour, tantôt en feu, tantôt aussi légère que sur un nuage. J'allai m'asseoir selon le schéma de places désignées, grimaçant en découvrant mon partenaire de maths du vendredi matin en train de pianoter sur son téléphone. Fait chier.

L'arrivée du prof me fit prendre conscience d'une chose : mon cerveau refusait de coopérer, délaissant le cours. Je songeai fatalement à l'inconnu du placard à balais de mon étage. Il avait entrevu un éclat de fragilité que je gardais scellé en moi. Je l'avais embrassé.

Qui était-ce ? Qui était le type qui m'avait serrée contre lui et stoppé ma crise par un contact ? Il m'avait procuré un moment hors du temps et je paniquais en imaginant que je l'avais peut-être croisé dans les couloirs. Il est peut-être même dans ma salle de classe !

J'accordai un regard bref autour de moi en essayant de rassembler tous les détails que je possédais.

Grand, massif. Comme tous les joueurs de l'équipe de football, pensai-je en grinçant des dents.

Il était sportif, mais ce n'était peut-être pas un senior. Bordel, trop de peut-être ! J'essayai de me concentrer sur le baratin du quarantenaire sans succès. Déjà, par élimination, ce n'était ni l'un des membres du club de lecture, ni d'échecs. Sa voix grave m'évoquait celle de Connor ou de James, mais j'avais des difficultés à la définir. Peut-être celle de Flinn. Avait-il forcé sur son timbre pour le dénaturer ?

Je croisai les bras pour y enfouir ma tête. Qui es-tu, grand inconnu ?

***

L'heure du déjeuner m'avait ponctuellement écartée de mes suppositions. À ma plus grande surprise, Declan m'avait rejointe pour s'installer à notre table, suivi par Cole. Ézéchiel, à ma gauche, haussa un sourcil sans commentaire tandis que ma meilleure amie bondit pour s'asseoir à ma droite, en face du Quarterback.

— Un problème ? Pourquoi vous n'allez pas manger avec vos groupies ? m’enquis-je sans méchanceté.

— Il faut forcément un problème pour qu'un frère vienne à la même table que sa petite jumelle ?

Je grimaçai au surnom tandis qu'Ézé esquissait un sourire, toujours préoccupé par son plateau. Flinn ne tarda pas à nous rejoindre.

— Hey, hey, les beautés, dit-il avec entrain avant de lancer une tape amicale sur l'épaule de Declan. Les gars, c'est bien de vous avoir avec nous de temps en temps.

— On va finir par manquer de place à table, ricana Keith en s'installant en face d'Ézé.

Il ne peut pas exister deux colocs de chambre plus opposés que ces deux-là dans tout le bahut, j'en suis persuadée. Keith était le strict contraire de Flinn, petit brun chétif et je-m’en-foutiste qui se tenait à l'écart de tout ce qui pouvait ressembler à une bibliothèque ou une salle d'étude. Une voix de crécelle insupportable, celle de ma coloc indésirable, résonna dans le dos de mon frère.

— Declan, Cole, vous ne vous joignez pas à nous pour manger ? susurra Ashley en adressant une œillade à Hutchkins.

— Comme tu peux le voir, non, répondit froidement mon jumeau.

— Bien, fit Ashley, légèrement choquée, avant de se rapprocher de son meilleur ami. Toi par contre, Cole, tu viens avec nous, pas vrai ?

Elle enroula une main autour de l’avant-bras du Quarterback.

Le gloussement de Brittany aux côtés de la vipère me fit lâcher un sourire moqueur. Faudrait que quelqu'un explique aux pom-pom girls que glousser, c'est loin d'être sexy !

— Pas besoin de m'entourer de poules glousseuses pour l'instant, j'ai Carter pour me distraire, lâcha négligemment Cole.

Je lui octroyai un sourire écœuré en réponse.

— Comme vous voudrez...

La gymnaste se pointa devant Ava et moi.

— À remplir anonymement avant la fin de la semaine prochaine, les filles, n'oubliez pas, grinça-t-elle des dents avant de déposer des fichiers devant ma meilleure amie. Nos joueurs ont besoin de soutien et vous devez être entièrement honnêtes !

Non sans une œillade et un sourire enjôleur pour Cole, elle sautilla jusqu'à la table suivante. J'attrapai une des deux feuilles doubles sous le soufflement d'Ava qui récupérait la sienne.

— Comme si Ashley allait être entièrement honnête, rit-elle.

— C'est quoi ? interrogea Declan.

— L'hypocrisie la plus grosse et la plus chiante qu'on n’ait jamais inventée, rigolai-je en lui montrant la feuille qu'il parcourut avec un sourire amusé avant de me la rendre.

— Ah, ça... ouah, les critères de notation sont...

Chaque année, les pom-pom girls du lycée éprouvaient ce besoin de « noter » les joueurs suivant leur première, voire deuxième rencontre sportive.

— Ouais, heureusement que les éditeurs du journal de l'école ont leur droit de veto, constatai-je en regardant à mon tour les critères d'évaluation. Sinon nous aurions un questionnaire très intrusif, voire plus dix-huit.

Cette année, elles avaient clairement fait fort au niveau des questions. J'ai l'impression qu'on va élire mister univers.

— Votre reboosteur d'égo, lâcha Ava sur le ton de la confidence avec un sourire en se penchant en avant.

— Ou pas, cracha Keith. C'est juste un bout de papier.

— Tu dis ça parce que tu ne fais pas partie de l'équipe, rit Flinn. Moi je trouve l'idée très bonne.

— Très bien pour les crétins qui ont besoin de reconnaissance, renifla Cole.

Pour une fois qu'on est d'accord...

Constatant que je le regardais, Cole haussa un sourcil avec amusement, suivi d'un sourire hautain.

— Quand on sait ce qu'on vaut, on a besoin de l'estime de personne, termina-t-il avec le même sourire en calant ses coudes sur la table. Pas vrai, Carter ?

C'est quoi, son problème ? J'ai encore rien fait, moi...

Je le fusillai du regard avant de sourire méchamment à mon tour.

— Donc tu ne vois aucun problème avec l'idée de partir avec un handicap ? Parce que si j'ai pas la flemme de remplir ce torchon, répliquai-je en soulevant mon exemplaire sous son nez, tu auras zéro partout.

— Rien à foutre, confirma-t-il paresseusement.

Ashley, qui repassait dans mon dos, s'immobilisa derrière moi.

— On a dit honnêteté, intégrité, chère coloc de chambre, s'agaça-t-elle. C'est inscrit au premier paragraphe du sondage. Si c'est pour saper la côte des joueurs, abstiens-toi.

— Il faut bien un contrepoids à ton adoration, Mandy. En plus, si Hutchkins a tant d'admiratrices, il ne sera pas lésé dans ses stats par mon seul bulletin, fis-je avec un sourire sardonique.

Declan leva les yeux au ciel tandis qu'Ashley répliquait.

— Ça ne rendra sa victoire que plus écrasante. Et c'est Ashley, sale rousse, deux ans qu'on partage la même chambre et tu n'es toujours pas foutue de retenir mon prénom !

— Toi non plus, mais promis, cette fois, je ne change plus, Mandy j'aime beaucoup.

Ava s'étouffa presque en ricanant dans son verre d'eau sous le regard enflammé et soupçonneux de notre colocataire hebdomadaire qui tourna les talons. Le surnom de Mandy des Totally Spices lui sied vraiment à merveille.

— On le remplira ensemble, décréta Ava, et avec IN-TÉ-GRI-TÉ et impartialité.

— Tu sembles prendre ça très au sérieux, princesse, s’amusa mon frère.

Elle lui sourit.

— Ça donne l'occasion de lâcher nos meilleurs potins, affirma-t-elle avec satisfaction.

— Bien évidemment on n'est pas invités à la conférence, ricana Keith.

— Même pas en rêve, Shepard, le nargua ma meilleure amie, même pas en rêve.

— Bon, pas que vous m'emmerdez, mais y a une disserte d'anglais sur laquelle je dois bûcher, fis-je en me levant.

— Elle est pour vendredi PROCHAIN, râla Keith. Y a le temps, non ?

Ouais, sauf que j'ai un autre show jeudi soir, je risque pas d'avoir le même temps que toi pour la préparer, mon pote.

Ézéchiel se leva à son tour.

— C'est pour ça, Keith, que tes notes ne décollent pas. Je t'accompagne, Élie.

— Il aime le plancher, rigolai-je en claquant la paume d'Ézé alors qu'Ava débarrassait son plateau d'une main.

— Riez, mais je suis un génie méconnu, ronchonna paresseusement Keith. C'est pas donné à tout le monde d'avoir la moyenne en sortant les mains des poches la veille. Vous êtes jaloux.

— De ton talent de glandeur ? Certainement, railla Flinn en m'adressant un sourire un peu trop avenant.

Si c'était lui... ?

***

Declan et moi n'avions eu aucune nouvelle de Warren de tout le week-end, à notre grand soulagement, et nous avions pu nous prélasser le dimanche entier à la maison, bien que nous restions tout de même sur le quitte-vive, les sacs à dos prêts, au cas où.

Depuis quand n'avions-nous pas eu l'occasion de passer du temps en famille dans ce lieu qu'était censé être notre maison ?

Les deux semaines suivantes défilèrent rapidement, me servant respectivement à m’entraîner pour assurer mes shows, tout en suivant les cours, en ignorant les moqueries sarcastiques et les provocations de Hutchkins et ma coloc. Sans oublier les regards de plus en plus insistants de Flinn à mon égard. Très insistants. Et une petite voix me suggérait qu'il aurait pu s'agir de lui, dans le placard. Hypothèse qui me mettait mal à l'aise.

Peut-être que je ne saurais jamais qui il était. Une chose semblait à priori claire, ce type savait garder sa langue dans sa poche, à mon immense soulagement.

Declan, quant à lui, se focalisait sur le premier match de football de la saison, s’entraînant évidemment comme un forcené avec les membres de l'équipe.

Meryl, ayant des obligations le mardi, m'avait montré l’enchaînement des mouvements deux fois de suite, tandis que je filmais sa chorégraphie sous tous les angles. Je passais donc l'après-midi entier à m'exercer jusqu'à être satisfaite de ma performance avant de rentrer au dortoir.

Il me restait deux heures avant d'aller chercher Tim et l'essentiel des lycéennes était soit en classe, soit, pour les élèves libérées, hors de l'établissement à profiter de leur après-midi. Ce qui signifiait que j'avais l'étage et la salle d'eau pour moi. Ce que j'aimais le mardi, décidément !

Je préparai un sac d'affaires et rejoignis les douches communes. Une fois propre, je m'enroulai dans une serviette et me dirigeai vers mon sac. Une feuille pliée en deux s'y trouvait.

« Si tu souhaites avoir l'opportunité de découvrir mon nom, ferme la porte des vestiaires à clé. »

Mon cœur rata un battement. Mon inconnu du placard !

« Je me demande si ta curiosité va te pousser à renouveler l'expérience d'un tête-à-tête à l'aveugle. Et je ne te promets pas qu'il soit désintéressé » ...

Le souvenir du moment que j'avais passé dans la pièce exiguë me revint vivement en mémoire. Dans ses bras, j'avais éprouvé un véritable instant de bien-être.

C'était la première étreinte masculine à laquelle j'avais pris plaisir depuis des années. Et si je poussais plus loin l'expérience ?

Un lâcher-prise... et la possibilité d'explorer un contact sans peur. Sans obligation. J'avais le choix.

-------------------------------------

Bonjour à tous !!!

Élie reçoit une proposition qui permettrait peut-être de mettre un terme à ses questions.

Le prochain chapitre nous fera part de son choix. Quel serait le votre ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Rose H. Amaretto ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0