15
Le printemps était arrivé, imposant sa rosée du matin et revêtant la nature de ces douces palettes de couleurs. La forêt de Reñt était désormais dans les tons de rose. La forêt de Fenx, quant à elle, était restée bleu-violet dû aux nombreux champignons poussant sur ses arbres. Les troupeaux pouvaient de nouveaux être relâché dans les plaines de Cona, quant à leurs gardiens et leur dreïn, ils avaient repris du service. Les pêcheurs venaient régulièrement surveiller les états des différents cours d’eau et rivières. Les bucherons sortaient en promenades, notant les arbres à couper d’une croix. Les laveurs et laveuses s’occupaient du linge dans la Grotte de Saï, quant aux carriers, ils regardaient quelles grottes du mont Saï ils pourraient attaquer. Les éclaireurs s’accompagnaient des cueilleurs pour noter l’emplacement de potentiel provisions à surveiller. Quant aux plus jeunes, ils se dégourdissaient les jambes, accompagnés de plusieurs Kiu et de Ül, en suivant les nombreux cours d’eau des plaines, sous la surveillance de quelques dreïn. Le village renaissait.
Laïka observait avec émerveillement cette faune qui peuplait les arbres sombres aux feuillage rosés.
— Ça c’est un Vashi*. Ici on a Toreo*… Ah, et là c’est un couple de Berfi*. (*oiseaux)
Naëlle qui la précédait se retourna.
— C’est bon ? Tu comptes aussi récités tous les insectes ?
— Désolée. Laïka se hâta de rattraper l’éclaireuse. Je peux enfin appliquer les cours que j’ai eu ces dernières semaines.
— Pourquoi t’as pas appliqué les cours de tissage alors ? Il parait que c’était un massacre…
— Je n’ai pas encore la dextérité, mais je vais y arriver…
Naëlle marmonna.
— Oui, lorsque les poules auront des dents.
— Les Heïs.
— Pardon ?
— La nouvelle expression que nous a enseignée Calen c’est lorsque les Heïs auront des dents. Etant donné que les nouveaux nés ne savent pas ce que sont des poules, on a changé pour Heïs. Ils n’ont pas de…
— Dent. Merci. Mais t’es pas un nouveau-né et je ne traine pas avec les nouveaux nés… Eh pitié, Naëlle s’arrêta, je sais que t’as passé ces dernières semaines avec les petits à réciter tous les animaux de la forêt, mais arrête ! Je pars m’entrainer pour fuir les gosses ce n’est pas pour en avoir une à côté h-vingt-quatre.
— J’ai demandé à être seule j’te signale.
— Oui, pour te barrer à la première occasion ? Tu crois qu’on t’a tous collé durant cinq semaines parce qu’on t’aimait bien ?
Je pouvais même pas aller au toilette tranquille…
— Tiens, Laïka releva la tête au dépourvu de Naëlle qui continua sa route, exaspérée. Lui c’est un … ah mince, je l’ai sur le bout de la langue… Naëlle l’oiseau bleu là-bas c’est quoi déjà ?
— Lequel ?
— Sur la branche noire là-bas, fit-elle en le montrant du doigts.
— Ah ça ? C’est un ‘fermes-ta-gueule’.
Laïka s’immobilisa, la mine dégonflée.
— Et à côté y a son ami ‘accélère’ !
Les deux jeunes femmes continuèrent le long chemin de la forêt et finirent par arriver devant un terrain qui avaient été débroussaillé. Les seuls arbres qui étaient restés, avaient les cicatrices des longs entrainements qu’ils avaient subi.
— Alors, demanda Naëlle légèrement agacée, on est où ?
— Sur le terrain d’entrainement.
Naëlle leva les yeux au ciel.
— Lequel ?
— Celui de la forêt de Meñt, le terrain tout risque, au sud du village. D’ailleurs ça me perturbe toujours de savoir que le soleil se lève au nord et se couche…
— Je sais mais on n’est pas là pour ça et je n’en ai rien à foutre !
Laïka déglutit.
— Ok, reprit Naëlle, terrain tout risque, pourquoi ?
— On ne peut pas juste commencer ?
— Tu me fais chier avec tes cours d’animaux, je vais te faire chier avec mes cours de chasse et d’entrainement. Alors, se répéta l’éclaireuse, pourquoi tout risque ?
Laïka soupira, son instructrice posa près d’un tronc les arcs, flèches, lances, frondes qu’elles avaient amené.
— Ici les arbres sont dégagés donc on voit de loin si quelqu’un s’entraine ou si un animal tente de s’approcher.
Naëlle plissa les yeux, une main sur la hanche, l’autre tenant un long bâton, ses cheveux brun réunis en une grosse tresse.
— Je vois que mes cours ont aussi fini par rentrer.
Elle lui lança le bâton mais son élève se dandina, tentant de le rattraper en vain. Naëlle soupira.
— Je le sens mal cette matinée.
— J’apprends vite.
— Je ne veux pas que tu apprennes, je veux que tu te souviennes… mais c’est peine perdue, va falloir repartir de zéro. Naëlle attrapa l’arc posé près d’elle. Bon, petite leçon, tous les chasseurs, éclaireurs, gardien ainsi que d’autres ont une arme principale et…
— La mienne c’est la lance, toi c’est l’arc, je le sais ça. On peut se lancer dans la pratique maintenant.
Naëlle la regarda, un sourcil relevé.
— Il était nul ton jeu de mot.
— J’ai pas chercher à être drôle. Laïka fit la moue. Naëlle, on peut zapper la partie cours, j’ai tellement attendu cette journée que j’en ai pas dormit.
— Tu crois que je ne le sais pas ? râla sa colocataire. Tu n’as pas arrêté de bouger !
— Tu ronflais, marmonna Laïka.
— Donc, ce matin on va s’entraîner à l’arc.
— Pourquoi ? fit-elle offusquée.
— Après avoir vu ta danse du bâton, l’arc pourrait peut-être être plus simple.
Naëlle lui tendit l’arc, ainsi qu’une flèche et en gardât une dans la main. Elle la tendit devant elle.
— Petite leçon, …
Mais Laïka la devança.
— La tige est faite en bois de cette forêt d’où sa couleur blanche, la pointe est faite en bois de la forêt de Fenx et est recouverte du liquide magique qui durcie avec la chaleur, quant à la plume, elle provient des rumkaï.
Naëlle releva les yeux sur Laïka, lassée.
—D’une, on dit Rudmkaï*. De deux, ton liquide magique c’est de la sève. De trois, les flèches ne sont pas toutes faites ainsi et pour finir, je t’en prie, commence.
Laïka retira sa veste bleue pour se mettre à l’aise. Elle n’était plus le squelette ambulant d’il y a cinq semaines et reprenait petit à petit des forces. Elle enfila les quelques protections, se mit en position, rectifiée par de petit coup de flèche que Naëlle n’avait pas lâché, banda l’arc – recevant de nouveau des coups de bâton – puis tira sur la cible indiquée.
— Aïe !
Naëlle resta livide avant de pousser un soupir devant celle qui venait de se recevoir la corde dans la figure, laissant tomber la flèche par terre. L’éclaireuse leva la tête vers le ciel.
— Ayez pitié de moi.
Fanny suivie de Bertille s’étaient installées à la table de Mickaël et de Kevin. Dans la grande salle de restauration, on était content de goûter à la première récolte de Trox qu’un éclaireur avait trouvé. Ces petits êtres mi-chenille, mi limace, de toutes les couleurs avaient d’abord été rejeté, mais une fois préparés, étaient devenus un mets qu’on appréciait particulièrement.
Kevin s’en enfila plusieurs à la suite.
— Oh, doucement, râla Bertille, Theodore en a peut-être trouvé plusieurs nids mais tu peux prendre le temps de les savourer ?
— Et nous attendre, rajouta Fanny qui déployait sa serviette sur ses genoux.
— Ça m’avait tellement manqué cette texture… croquante et caoutchouteuse.
— Et élastique.
Le blond releva les yeux sur Bertille.
— T’es tombé sur une femelle enceinte ? Bertille hocha la tête. T’abuse ! c’est ce que je préfère.
Fanny plissa les yeux de dégout.
— Ce sera la première fois que Laïka en mangera. fit remarquer Mickaël.
Kevin se redressa, le sourire au coin de la bouche.
— Faut qu’on lui en coupe de petits bouts et qu’on lui fasse deviner… je veux voir sa réaction quand elle saura ce que s’est.
— En parlant du loup.
Bertille montra du doigt la femme à la tresse brune qui venait de passer la porte. Sur la pointe des pieds, elle cherchait désespérément quelqu’un et lorsqu’elle aperçut le petit groupe, elle s’en approcha le pas pressé.
— Ton loup il est tout seul, observa Kevin.
— Laïka n’est pas avec toi ? demanda Mickaël une fois que Naëlle arriva à leur table.
— Félicitation, tu n’es pas aveugle. Naëlle marqua une pause, à bout de souffle. Je suppose que vous ne l’avez pas croisé non plus.
— Tu l’as perdu ?! ragea Fanny.
Kevin échappa un rire qu’il arrêta rapidement après que Bertille lui ait donné un coup de pied.
— Baisse le volume. Elle voulait aller pisser, fallait que je me change et ranger nos affaires.
— Elle est peut-être coincée au fond du trou.
Kevin se reçut de nouveau un coup par Bertille et Naëlle l’ignora.
— J’ai vérifié le toilette le plus proche, peut-être qu’elle est allée plus loin mais c’est midi alors ce n’est plus moi qui m’en occupe.
— T’as pas vérifié les autres ?
Naëlle se tourna vers Mickaël.
— Non je n’ai pas fait le tour de la vingtaine de toilettes qu’on a autour du village.
— D’accord, Bertille leva la main pour attirer l’attention. Je parie qu’elle s’est barrée, qui dit mieux ?
— Donne au moins une direction, rajouta Kevin.
Naëlle leva les yeux au ciel et Mickaël resta bouche bée devant son ami.
— Direction la Rencontre ?
— Elle n’aurait pas pu aller à la Rencontre, mais soit, moi je parie qu’elle est toujours coincée au petit coin.
— Elle peut, le reprit Mickaël, ils ont allégé les rondes côté nord avec le printemps.
— Qu’importe, lâcha Naëlle, vous me la retrouvez pour cet après-midi.
— Elle s’en est bien sortie ce matin ?
Naëlle regarda un Mickaël un instant et avant de repartir elle lui répondit qu’il n’aurait qu’à lui demander une fois retrouvée.
— Wow, Kevin s’enfonça dans son siège. Heureusement qu’elle ne peut pas tirer avec son regard.
Il frissonna.
— T’as pas encore vu le regard qu’avait Antoine… Bertille soupira devant Kevin. T’es pas discret à te retourner comme ça !
— Oh ça va !
— Non ça ne va, fit Fanny qui avait retrouvé sa voix après que l’éclaireuse soit partie. Laïka a disparu encore une fois.
— Arrête de t’inquiéter, elle va revenir, elle sait qu’on l’attend pour manger.
— Ah bon ?
Mickaël se tourna vers Kevin qui avait presque fini son assiette.
Antoine était immobile, la fourchette légèrement en l’air, le regard fixé sur la table qui se trouvait à l’opposé de la sienne. A ses côtés, Maxime suivit son regard.
— C’est Naëlle qui s’occupait de Laïka ce matin. Antoine se détendit. Je me demande comment a été la reprise… et où elle se trouve.
— Je n’en sais rien. Antoine enfonça sa fourchette dans un trox mauve. Mais elle n‘est pas seule.
Les arbres roses dansaient légèrement avec le vent, le ciel était dégagé et ici, là où les Terres Hautes rencontrent les Terres Basses, Laïka se tenait droite, écoutant le gazouillis des oiseaux. Elle avait fait attention à ne rencontrer ni d’humain ni de dreïn en sortant du village et elle pouvait désormais respirer cette liberté d’être enfin seule. Elle ferma alors les yeux et se laissa divaguer.
*****
Il attrapa le livre et regarda le titre de la couverture.
— C’est celui-là ? demanda Laïka.
— Non. Henry le reposa à son emplacement.
Dans la bibliothèque rudimentaire aménagée par Hayley et son mari Calen, Henry était sur un escabeau, tenu par Laïka. Il cherchait avec une bougie parmi tous ces livres écrit à la main, celui qui obsédait son amie depuis deux jours.
— Je l’ai, fit la petite trentenaire aux magnifiques boucles à l’étage.
Laïka se précipita et Henry manqua de tomber, écartant la flamme de ces ouvrages précieux. Elle monta l’escalier en colimaçon et retrouva Hayley pour lui prendre des mains le sujet de ces dernières questions. Elle s’assit à même le sol et commença à feuilleter ces pages délicates. A l’étage, la propriétaire avait déposé de part et d’autre de nombreuses chandelles.
— Qu’est-ce que tu cherches exactement ? demanda Henry resté au rez-de-chaussée.
— Je veux juste en apprendre un peu plus sur la famille de Dema.
— Tu ne voulais pas sortir il y a une semaine et maintenant t’arrête pas.
— La fête m’a perturbé et je veux en savoir plus, en quoi est-ce mal ?
Henry soupira, regardant la beauté de ce lieu paisible. Laïka parcourait les lignes, un doigt posé sur le coin des pages, prêt à les tourner. Hayley s’accroupit près d’elle et murmura.
— Je ne me souviens pas que tu étais têtue.
Laïka releva la tête sur ses yeux noyés par une frange.
— Je ne le dirais à personne, qu’est-ce que tu veux savoir ?
La blonde hésita un instant puis murmura à son tour.
— Rueshak.
Si Meurtre était le premier mot lu par Laïka de haut en bas, Rueshak était le premier qu’Alex avait caché de bas en haut. Et après qu’elle ait entendu tous les noms de la famille de Dema, Laïka était persuadée que ce mot devait être un prénom.
— Ruéshiak ? Tu veux parler de Ruësh ? Où est-ce que tu as entendu ce nom ?
Gagné. Bon, trois lettres de plus ou de moins ça ne change rien. Ruësh existe et…
— Il est mort il y a quatre ans.
Laïka s’immobilisa.
— Comment ?
— Il s’est fait attaquer par une bête.
Laïka débarqua chez Eléonore au milieu de la nuit. Cette dernière était assise sur sa petite table, à tailler un morceau de bois dans l’objectif d’en faire une petite statuette.
— Tu as de la chance que je ne dorme pas.
— Je veux savoir… Non, je dois savoir ce qu’il est arrivé à mon frère.
Debout, déterminée, Laïka avait amené avec elle le froid de cette nuit d’hiver. Eléonore la regardait, une légère inquiétude cachée dans le coin des yeux.
— Tes souvenirs reviennent n’est-ce pas ?
— Non.
— Laïka, Hayley est venu me voir, tu as évoqué Ruësh…
— Je l’ai entendu quelque part.
— C’est faux et tu le sais très bien, personne ne t’a parlé de Ruësh à la fête alors…
— Quelqu’un m’en a parlé Eléonore, je ne peux pas encore te dire qui sait mais crois-moi, mes souvenirs ne reviennent pas et ça me rends folle !
Laïka commençait à faire les cents pas dans cette petite pièce.
— Je suis surveillée h-vingt-quatre, je rencontre à longueur de journée des inconnus et des choses nouvelles qui sortent de l’imaginaires et les personnes qui m’étaient proches sont devenus des étrangers. Mais ce qui me tue c’est que j’ai beau me dire que je devrais leur faire confiance, j’ai une voix dans ma tête qui me hurle que je ne dois pas le faire et je ne peux même pas dormir car ma colocataire n’arrête pas de ronfler !
— Respire. Tu étais bien la seule à pouvoir dormir avec Naëlle. Eléonore marqua une pause. Tu as bien confiance en moi ?
Laïka regarda Eléonore, elle réfléchit puis parla plus calmement.
— Oui, je pense. Quand je suis avec toi je n’ai pas ce sentiment de méfiance et rien ne me dit de l’être.
— Pourtant il y a quinze jours tu ne me connaissais pas.
— Oui, alors pourquoi j’ai confiance en toi et je n’arrive pas à parler de ce que je ressens à Henry ou à Antoine.
— Tu n’as peut-être plus que tes souvenirs d’avant tes treize ans, mais tu restes une jeune femme d’une vingtaine d’année. Tu ne le sais pas, mais tu as développé des choses qui restent ancré en toi.
— Mais pourquoi je serais méfiante avec mes meilleurs amis ?
— Laïka…
— Dis-moi ce qu’il s’est passé avec Alex. Dis-moi tout et ne t’arrête pas. Il faut que je sache.
Eléonore posa sur la table sa sculpture et l’invita à s’assoir en face d’elle. Laïka s’installa sur le petit tabouret, les mains callées sous ses cuisses, elle écouta attentivement.
— Ton frère s’est fait tuer par un Xreïn.
Laïka s’arrêta un instant de respirer. C’est aussi la bête qui a attaqué Ruësh. Y aurait-il un lien ? Non, Ruësh s’est fait tuer en en sauvant d’autre. A moins qu’Alex est fait de même… mais alors pourquoi ‘meurtre’ et ‘Ruësh’ étaient sur les mêmes pages ?
— Tu en as entendu parler j’me trompe ?
— Oui, répondit-elle en sortant de ses pensées, c’est des Dreïn qui ne sont pas rattachés à des humains, mais je croyais qu’ils attaquaient seulement les non-lié ?
— Ils attaquent les non-lié et aussi ceux qui sont éloignés de leur dreïn, sur le plan physique mais aussi mental. C’est pourquoi Antoine a demandé qu’une personne soit toujours avec toi, pour ne pas les attirer.
— Physique et mental ? Quel était le rapport avec Alex ?
Eléonore croisa ses doigts et tourna la tête vers les flames de la cheminée.
— Je ne suis pas une spécialiste mais si tu veux une image… Physique dans le sens que ton dreïn se trouve très loin de toi pendant longtemps. Et Mental parce que tu n’éprouves pas de manque et que certains ne veulent pas qu’il revienne vers eux. Comme ce fut le cas de ton frère Alex.
La mine d’Eléonore s’assombrit.
— Durant ses derniers mois, il avait tendance à être plutôt seul. Même si nos dreïn ne vivent pas avec nous, ils se voient entre eux, mais celui de ton frère était absent la plupart du temps. On ne savait pas où il était et lorsqu’on demandait à Alex, il répondait d’un ton détaché qu’il vivait sa vie.
Eléonore s’arrêta, Laïka percevait de la colère dans sa voix.
— On l’a prévenu à plusieurs reprises et ce qu’on craignait tous arriva.
Laïka resta silencieuse. Toujours à fixer le feu, Eléonore reprit, la voix serrée.
— Je ne peux pas t’empêcher de fouiller ton passé, mais essayes au moins de ne pas faire les mêmes erreurs qu’avant…
— Quelles erreurs ?
Eléonore, livide, regarda enfin cette jeune femme.
— On en a conclu à une attaque d’une bête sauvage…
Laïka posa sa main sur les siennes et l’invita à continuer.
— Pourtant certains avaient de bonne raison de croire à une tentative de suicide.
Laïka eut un sursaut.
— Alors Laïka, si tu continues tes recherches, quelle qu’elles soient, reste discrète et n’inquiète pas ton entourage.
— Mes recherches, mes questions… Alex t’avait-il parlé de quelque chose ?
— Non, cela faisait longtemps qu’il ne me parlait plus et tu as par la suite commencé à faire de même.
On s’est éloigné des autres… pourquoi ?
— Laïka, Antoine va continuer de te faire surveiller pour ton bien et je sais que tu as repris ce que tu avais débuté avant ton accident.
— Comment ?
— Comment quoi ?
— Comment tu peux savoir que je reprends ce que j’ai débuté.
— Je le vois, je le sens. Tu n’es pas la petite fille de treize ans que je n’ai pas connus, ni la jeune femme d’il y a trois mois. Tu es toi et tu veux des réponses. Je ne les ai pas toutes, et certaines ne doivent pas sortir de ma bouche, c’est pourquoi je sais que tu comptes aller chercher ailleurs.
Laïka se contenta d’hocher doucement la tête et Eléonore pris entre ses mains celles de Laïka.
— Dans ce cas, devant Antoine, Henry, Fanny, Bertille, Naëlle et les autres, montres ton côté innocent et joviale. Si tu veux être tranquille, sois patiente et tel que les nouveaux nés, soit prête à découvrir le monde. Tu dois d’abord connaitre ton environnement pour pouvoir t’attaquer à ce qui te tracasse.
*****
Laïka ouvra les yeux. Le vent, le soleil, l’odeur de l’herbe et le chant des oiseaux la berçaient, sans parler de cette vue magnifique. Elle voyait que la nature s’était aussi vêtue d’une jolie robe rosée dans les Terres du Bas.
Observe. Commence par observer pour connaitre ton environnement. N’inquiète pas ton entourage… Facile à dire mais long à faire, pensa Laïka.
Elle entendit soudainement un petit sifflement derrière elle. Sur une branche un petit oiseau bleu chantait.
— T’es venu me narguer parce que je ne me rappelle pas de ton nom ?
— Hifir.
Laïka sursauta. Il apparut derrière un arbre, longue veste beige tombante, cheveux noirs attaché en arrière, cicatrice lui parcourant le visage.
— C’est un Hifir. Un nom que les nouveaux ont tendance à oublier…
Il plongea son regard dans le sien, un léger sourire dans le coin des lèvres. Et non un ‘fermes ta gueule’, pensa Kalan.
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Vashi, Toreo et Berfi sont des noms d'oiseaux.
Rudmkaï : ou juste Kaï, sont des oiseaux pâles aux gros bec qui s’ouvre verticalement, élevé en troupeaux par le village.
Note : les passages entres ***** correspondent à des flashback.
^^ A la prochaine.
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