12. Frénésie d'un instant
Arthur
Snow nous quitte enfin, après avoir passé un petit moment à étudier des cartes et à imaginer des scénarios. J’ai parfois l’impression que ma vie a dérapé à un moment, mais je n’arrive pas à savoir quand. Voilà que je suis en train de planifier une mise à l’abri d’un camp dans une Grotte Sacrée avec la femme que j’aime et que je désire. C’est fou, tellement impossible à imaginer que ça doit être vrai.
A peine a-t-il franchi le seuil de la porte que Julia se jette sur moi et m’embrasse comme si sa vie en dépendait. Elle passe ses bras autour de mon cou et me presse contre la porte. Je sens tout son corps épouser le mien alors que nos langues jouent à se découvrir. Ses mains se posent frénétiquement sous ma chemise et viennent profiter de la chaleur de ma peau. Elle défait avec la même urgence ma ceinture avant de faire tomber mon pantalon. Elle se baisse alors et saisit ma verge entre ses doigts pour la porter avidement à sa bouche. Ses lèvres gourmandes viennent m’enserrer et je suis obligé de fermer les yeux tellement je ressens du plaisir. J’ai vraiment l’impression qu’elle ne peut retenir son désir et son envie de moi, et cela m’excite terriblement.
Lorsqu’elle se redresse et se débarrasse de ses habits, une main sur ma poitrine pour me bloquer contre la porte, je sens qu’elle a envie de contrôler la situation et je me laisse faire avec plaisir. Rapidement nue, elle m’attrape par la queue et me pousse sur la chaise la plus proche. Je vois son intimité que je commence à bien connaître déjà perler de son désir, mais dans l’urgence de son envie, je n’ai pas le temps de profiter de la vue que déjà elle vient me chevaucher. Mon sexe s’enfonce en elle en écartant ses lèvres alors que sa bouche revient à la conquête de la mienne.
Elle pousse un profond gémissement alors que mes mains se posent sur ses seins et que nos corps s’unissent dans la même frénésie qui s’est emparée de nous depuis que Snow nous a quittés. C’est bestial, animal, brutal, presque. Deux passions qui se rencontrent et se répondent. Lorsque tout son corps se cambre contre le mien, que son téton durci s’enfonce dans ma bouche et qu’elle étouffe ses cris de jouissance en enfouissant son visage dans mon cou, je ne peux me retenir et explose en un million de sensations au plus profond d’elle. L’instant a été court, mais d’une intensité folle et cet orgasme partagé est comme un pacte que nous scellons dans la défense du camp. La pression est forte, les responsabilités sont lourdes, mais nous savons que nous pouvons compter l’un sur l’autre, nous avons confiance en l’amour qui nous lie et qui est plus fort que tout.
- Tu t’emballes, là, mon Tutur. C’était juste du sexe. Du bon sexe, hein ? Mais juste du sexe. Que tu es con quand tu tires ton coup.
Je sais que j’ai des raisons d’être un peu perturbé, mais ce moment que nous avons passé était formidable, une jolie parenthèse en dehors du temps. Je souris à Julia qui reprend un peu ses esprits.
- Eh bien, parler de stratégie, ça t’excite à ce point-là ?
- Non, rit-elle, ça me stresse, j’avais besoin de relâcher la pression. Mais si ça te dérange, je verrai avec Snow la prochaine fois.
- Arrête de parler de lui alors que je suis encore au fond de toi ! Je suis déjà assez jaloux comme ça, dis-je en lui souriant.
- J’adore te voir jaloux, désolée, dit-elle en m’embrassant dans le cou.
- Je dors ici ou bien on est raisonnable et je retourne à ma tente ?
- Non, reste, s’il te plaît, murmure-t-elle avec un empressement qui me fait plaisir. Enfin… A moins que tu ne doives retrouver Lila, bien sûr.
- Non, Lila passe plus de temps chez Lorena qu’avec moi ces derniers temps. Je suis libre comme l’air et ça tombe bien, car j’ai encore envie de toi.
- Tu es vraiment insatiable, rit Julia, contractant par la même occasion son sexe autour du mien.
- Je n’ai pas l’impression que je sois le seul, Lieutenant !
Je me relève et, toujours bien au fond d’elle, je la transporte jusqu’à son lit où je m’allonge sur elle. Elle écarte bien les jambes pour que je puisse rester au plus profond d’elle et je soupire d’aise alors qu’elle m’attire à nouveau pour un baiser sensuel et chargé d’intensité. Je me redresse et commence un lent va-et-vient entre ses jambes. Nos regards se portent sur nos sexes et je suis tout excité de voir ma queue toute trempée qui entre et sort d’elle. Cette femme me rend fou de désir et rapidement, j’accélère à nouveau le rythme. Ses gémissements reprennent et j’adore la sentir se liquéfier ainsi sous mes coups de butoir. Dans cette nouvelle étreinte, plus d’urgence, juste énormément d’envie et de désir. Progressivement, mes assauts s’intensifient. Je profite de toutes les sensations que nous nous offrons mutuellement. Nos peaux nues se touchent, nos doigts explorent chaque centimètre du corps de l’autre, nos bouches fusionnent dans des baisers de plus en plus enflammés. Elle s’agrippe à mes épaules et m’entraîne dans un nouvel orgasme qui nous laisse essoufflés et comblés. J’adore ainsi me déverser en elle et m’unir à son corps qui m’excite tant. Nous finissons par nous endormir, l’un dans l’autre, l’un contre l’autre, l’un avec l’autre.
Lorsque j’ouvre les yeux, j’entends qu’on tambourine à la porte. Le soleil s’est déjà levé et je ne me suis pas réveillé. Je suis toujours dans le lit de Julia dont le corps nu est entremélé au mien et dont la main serre mon sexe dans son sommeil. Comment vais-je faire pour m’en sortir sans me faire repérer par les soldats qui espionnent tout ? Et où vais-je me cacher quand elle va ouvrir la porte à celui qui ose ainsi la réveiller ? S’il frappe comme ça, ça doit être urgent et je constate que Julia est désormais aussi réveillée que moi. Elle me repousse sous les couvertures et enfile rapidement une chemise. Ma chemise. Au niveau discrétion, on peut faire mieux quand même ! Heureusement, quand elle entrouvre la porte, c’est la carrure athlétique de Snow qui apparaît dans l’embrasure.
- Vous êtes encore là tous les deux ? Finalement, ce n’était peut-être pas la peine que le Président se casse le cul à vous mettre en cause, dit-il entre amusement et énervement.
- Tu veux qu’on soit où ? Quelle heure il est ? Et qu’est-ce que tu fous à tambouriner comme un dingue à la porte ? lui demande Julia avant de froncer les sourcils. C’est quoi le problème ?
- Le problème, c’est ça, répond-il en faisant un signe de la tête vers moi qui suis toujours nu dans le lit de la Lieutenant avant de lever vers Julia le journal officiel du jour. Et le problème surtout, c’est ça.
Tout est en Silvanien mais Julia pâlit quand même quand elle voit une photo d’elle et moi qui s’étale en première page. La proximité qu’il y a entre nous est flagrante et le titre est évocateur.
- Bordel de merde, soupire-t-elle en me tendant le journal. Qu’est-ce qui est écrit ?
- Le couple de l’année vient au secours des réfugiés, lis-je lentement. Et en dessous, il est précisé que c’est beau de voir que l’amour et la passion permettent de déplacer des montagnes.
- Au moins, on ne parle pas de coup d’un soir ou de je ne sais quelle connerie, bougonne-t-elle avant de se laisser tomber sur le lit, la mine sombre. C’est la merde…
- Ouais, et regarde les photos qu’ils ont mises ici, sur la double page nous concernant. Tu me regardes vraiment comme ça quand j’ai le dos tourné ? demandé-je curieux.
- Tu préférerais que je te vise avec mon arme, peut-être ? Qu’est-ce qu’il a, mon regard ? dit-elle en me prenant le papier des mains.
- On dirait que tu vas me dévorer ! Je ne comprends pas, en tous cas… Pourquoi écrire tout ça à notre propos ? Pourquoi ces photos et ces textes dithyrambiques alors que nous nous sommes échappés et avons réussi à mettre en échec son projet de me maintenir prisonnier ?
- Son espion doit être au courant de plein de choses… Notamment qu’on se cache, il a dû se dire que ça foutrait la merde que ça se sache, j’en sais rien et je m’en fous en fait, là c’est juste la cata.
- Snow, tu as récupéré où ce journal ? demande Arthur, légèrement paniqué. Ne me dis pas que cet enfoiré de Président en a fait livrer un lot au camp ?
- Un lot ? rigole-t-il. Tu crois vraiment qu’il se serait contenté d’un seul lot ? Il y en a pour tout le monde, chacun son exemplaire ! Vous allez être connus jusqu’en France, je suis sûr !
- Et t’es là à ricaner alors que personne n’a fait le contrôle de ce qui a été livré et n’a demandé l’autorisation avant distribution vu que rien n’était prévu à la livraison ? s’énerve Julia en enfilant son pantalon de treillis.
- Tu crois quoi ? J’ai engueulé le soldat qui m’a ramené cet exemplaire. Mais tu sais ce qu’il m’a dit ? Qu’il pensait que c’était toi qui avais voulu faire de la publicité à l’ONG ! Et donc, ils en ont tous profité pour se rincer l'œil. Ta robe était quand même bien décolletée !
- Bordel, ils sont pas payés pour penser et c’est mieux comme ça, bougonne-t-elle en nous tournant le dos pour enlever ma chemise et retrouver sa tenue militaire.
- En tous cas, le Président, s’il voulait t’enlever toute légitimité, il ne s’y serait pas pris autrement, tu sais ?
- Sans déconner ! Il vient de pourrir la fin de ma mission, et après ça, aucun espoir de rester à la fin des six mois. Le Colonel va poser son veto, et ce foutu pervers de merde… Ah, il m’agace ! J’ai envie de lui coller une balle entre les deux yeux !
Alors qu’elle commence à sortir de la pièce, prise par son énervement, Snow la retient par le bras et je me précipite derrière elle, sans me préoccuper de ma nudité que j’affiche sans gêne devant le sergent.
- Attends Julia, tu fais quoi, là ? Si tu sors énervée comme ça, ils vont te renvoyer au pays ce soir ! Reprends-toi, voyons, sinon, c’est Lichtin qui gagne !
- Oui, il a raison même sans vêtements, Ju. Et puis, franchement, si c’est ça son attaque contre nous, ça va aller. C’est quand même mieux qu’un bombardement avec des dizaines de morts, non ?
- Il a déjà gagné, putain ! Vous croyez quoi, que les gars vont toujours m’écouter, maintenant ? Après ça, ces photos ? Il a détruit toute ma légitimité parce que ce putain de dingue m’a rendue, aux yeux de mes hommes, simple femme qui écarte les cuisses !
- Déconne pas Julia, tes hommes te respectent plus que ça. Il va y avoir quelques blagues mal placées, c’est sûr, mais ils savent que tu es une bonne cheffe, Ju. Et le premier qui rigole, je lui mets mon poing dans la gueule et je le mets de corvée de latrines jusqu’à la fin de son service !
- Quand je vois ce que ça a donné la dernière fois… Je veux pas revivre ça, bon sang, soupire-t-elle en s’asseyant sur le rebord du lit, tout à coup défaitiste.
- Je suis désolé, Julia. C’est de ma faute, tout ça. Sans moi, tu n’aurais jamais eu autant d’ennuis dans la gestion du camp, me lamenté-je.
- C’est pas plus ta faute que la mienne, marmonne-t-elle avant de lever les yeux vers moi. Tu comptes te balader sur le camp à poil aussi ou c’est juste réservé à Snow, rassure-moi ?
- Au moins, tu retrouves un peu le sens de l’humour, dis-je en me rhabillant à mon tour.
Un qui doit bien rigoler, c’est le Président. On s’attendait à ce qu’il jette une bombe, mais finalement, ce n’est pas celle qu’on redoutait. Celle-ci est plus perfide, plus insidieuse. Celle-ci va désorganiser le camp plus que n’importe quelle explosion. Celle-ci risque d’éloigner Julia de moi pour faire taire toutes les rumeurs. Et ça, je ne suis pas prêt à l’entendre ou à le vivre.
Annotations