25. N'y va pas !
Julia
Je m’effondre sur Arthur et enfouis mon visage dans son cou, sentant mon corps trembler de ce nouvel orgasme partagé. Je crois que je ne m’y ferai jamais, au plaisir intense d’une étreinte avec cet homme, et ce même si, à la base, j’ai un peu tenté de dévier son attention. La mission est même totalement réussie, puisque lui et moi venons de jouir après une nouvelle intense chevauchée. Aucune envie de l’écouter encore une fois me dire de ne pas y aller.
J’entends ses inquiétudes et je les comprends. Moi-même, je suis certaine que s’il m’avait parlé de ce plan et avait voulu aller confronter le Président, j’aurais littéralement bondi et refusé catégoriquement. Évidemment, ce n’est pas l’idée du siècle, surtout quand on connaît le larron que je vais essayer de mener par le bout du nez. Mais il faut absolument que je parvienne à mettre ce camp en sécurité, et mon Bûcheron par dessus tout. Je ne pourrai pas supporter de le savoir en danger alors que je serai en France. Déjà, l’idée de me séparer de lui m’est insupportable, surtout en sachant qu’il reste ici, alors je n’ose même pas imaginer dans quel état je serai si je sais que Lichtin cherche encore à faire pression sur la Gitane par le biais de son fils.
Derrière la militaire sûre d’elle et autoritaire se cache une femme sensible et inquiète. J’essaie de la cacher au mieux au quotidien, mais Arthur commence à lire en moi comme dans un livre ouvert, un peu comme Mathias. Comme si j’avais besoin d’un deuxième mec qui connaisse mes faiblesses et identifie mes moments de doute… Toujours est-il que j’ai des petites bouffées d’angoisse à l’idée de rentrer en France, loin de ce camp dans lequel je me suis impliquée, de ces réfugiés qui me lancent à présent des sourires et me gratifient de quelques mots en Français. De Lila, dont chaque câlin fait un peu plus fondre mon cœur d’artichaut. D’Arthur, dont chaque caresse, chaque baiser, chaque étreinte et chaque mot d’amour me comblent d’un tel sentiment d’apaisement et de bien-être, qu’il me sera difficile de m’en passer.
- Je t’aime, Arthur, tu n’imagines même pas à quel point, murmuré-je finalement en m’allongeant à ses côtés sans oser le regarder.
- Moi aussi je t’aime, Julia. Je ne veux pas te perdre.
- C'est pas prévu au programme, ris-je nerveusement. Arrête de t'inquiéter, je suis une grande fille…
- Oui, tu es une grande fille, une vraie militaire, mais tu es aussi en train de faire une folie ! Pourquoi tu ne veux pas que je vienne avec toi ? A deux, on est plus forts, non ?
- À deux on est plus forts, oui… Sauf quand ta moitié est ta faiblesse. Enfin… Arthur, tu as bien vu comme ce type est dingue, non ? Il est capable de tout. Si on y va à deux, tu ne te dis pas que pour obtenir ce qu'il veut de l'un, il peut menacer l'autre ?
- Là, ce que je me dis, c’est qu’il va t’utiliser pour me faire faire des choses contre ma mère, Julia. Comme tu dis, il est fou et il va tout faire pour abuser de toi.
- Pas avec ce dossier. Si je suis seule avec lui, il ne pourra rien faire pour t'atteindre. Si on y est tous les deux, en revanche, il pourra menacer de me tuer… Ou pire, pour que tu balances ta mère. Ou inversement, soupiré-je en me redressant pour me lever. Tu te vois choisir ? Parce que moi je ne veux pas en arriver là.
- Tu crois vraiment que le dossier va l’empêcher de te sauter dessus ? Tu fais quoi s’il cherche à tremper sa mouillette avant même que tu puisses parler ?
- Je lui colle mon genou dans les couilles, ça devrait le calmer… Tu ne seras pas dans les parages, il ne pourra pas s'en prendre à toi pour m'atteindre. Je t'en prie, mon Lapinou, fais-moi un peu confiance, lui souris-je en venant à nouveau m'installer à califourchon sur lui.
- Oui, je sais que tu n’as pas besoin de moi pour te défendre, mais tu comprends que je puisse être inquiet ?
- Bien sûr que je le comprends, Arthur, soupiré-je, mais le disque tourne en boucle, je ne changerai pas d'avis. Je le fais pour moi, pour toi, pour nous, pour eux, et surtout contre cet enfoiré. Ça en vaut la peine, je prends le risque.
- Avec Lila, on va t’attendre ici. Je lui demanderai de te préparer un joli dessin pour ton retour, comme ça, tu seras obligée de revenir vite. Tu ne voudrais pas qu’elle soit triste, quand même ?
- Tu crois que je vais m'attarder dans le giron de cet obsédé quand j'ai un beau Bûcheron et une adorable petite fille qui m'attendent ?
Je souris et l'embrasse tendrement. Je crois que je cherche autant à me rassurer qu'à le rassurer lui. J'ai tellement envie de confronter cet enfoiré que j'ai peur de m'enflammer un peu, mais je crois avoir les idées encore suffisamment claires pour ne pas me planter. Il va flancher avec ce dossier, c'est certain.
- Je vais surtout me dépêcher de rentrer pour avoir droit à mes câlins, continué-je en caressant ses flancs et son bas ventre.
- Je vais te donner envie de rester ou de revenir vite, me dit-il en répondant enfin à mes caresses et en laissant ses mains parcourir mon corps nu.
- J'en ai déjà très envie… Mais vas-y, tu peux me donner encore plus envie, Beau Bûcheron.
- En faisant comme ça, est-ce que tu es convaincue ?
Il se met à coulisser son sexe à nouveau tendu entre mes jambes et je m’empresse de me coller contre lui afin de profiter de sa vigueur retrouvée. J’adore le pouvoir que j’ai sur lui et la façon dont je peux ainsi l’exciter.
- Presque, souris-je en ondulant lentement contre lui. Je crois qu’il m’en faut un peu plus encore.
Nous n’avons pas le temps de continuer ce délicieux petit jeu que trois coups sont donnés à la porte, et la voix de Snow fait exploser notre bulle.
- J’espère que vous êtes décents, parce que j’entre dans trois… Deux… Un…
J’en suis encore à tenter de récupérer la couverture derrière moi et me plaque contre Arthur en la tirant sur nous quand la porte s’ouvre. Snow s’esclaffe et entre comme s’il était chez-lui.
- Nom de Dieu, j’avais oublié que derrière ce treillis se cachait une telle paire, ricane-t-il. Bonnet C ? Non… D ? E ? Pas E… Je crois pas. Dis-le-moi, Ju, je te jure je vais en perdre le sommeil !
- Bonnet d’âne, oui ! Range tes yeux et arrête de mater ta cheffe comme ça !
- Oh ça va, le Bûcheron, je ne touche qu’avec les yeux !
- Et pourquoi tu n’as pas demandé la mienne de taille, alors, s’amuse à demander Arthur maintenant que je suis plus couverte.
- Bon, vous avez fini, oui ? bougonné-je, plus frustrée que jamais. Tu viens pour quoi, Snow ? J’ai déjà eu ma dose avec Arthur, pas besoin d’en remettre une couche, j’y vais, un point c’est tout.
- Oui, ça, j’avais compris que tu y allais. Mais si je veux connaître la taille, il va falloir que je t’accompagne, non ?
- Tu ne m’accompagnes pas non plus, Mathias, marmonné-je. Tu comptes faire quoi contre tous ses gorilles ? Tu ne me seras d’aucune utilité.
- Ju, si tu crois que tu vas être la seule à profiter de la mission James Bond, tu te trompes ! Moi, je vais faire ton garde du corps, tu verras, personne ne va t’approcher.
- Bien sûr. Et quand Lichtin me dira que si je n’accepte pas de coucher avec lui, il te tue, je serai bien dans la merde pour m’en sortir, soupiré-je. Ce type est d’une fourberie sans nom, vous ne vous rendez pas compte que m’accompagner, c’est lui donner les moyens d’obtenir ce qu’il veut ?
- Mathias, tu sais quoi ? On va y aller tous les deux, nous on n’aura pas de mal à refuser de coucher avec lui.
Je fusille Arthur du regard et me redresse en m’enroulant dans la couverture, le laissant à poil devant Snow, puisqu’apparemment il s’en fout.
- Vous me gonflez, tous les deux. Vous êtes mignons, mais gonflants, vraiment. Je ne vois pas en quoi c’est pire que se retrouver sous un bombardement.
- Parce que tu vas dans la gueule du loup et qu’on a l’impression que tu y vas en chantant, Julia. C’est horrible pour Snow comme pour moi de t’abandonner ainsi.
- Je chante comme une casserole, crois-moi ce n’est pas au programme, ris-je en tentant de détendre l’atmosphère alors que mon Bûcheron se lève pour s’habiller.
- Oui, moi, je me suis fait une raison, me répond-il alors que Snow ne me lâche pas du regard, mais lui, il n’a pas l’air décidé à te laisser faire. Et tu ne peux pas le convaincre avec des bisous, lui.
- Lui va juste obéir aux ordres, et tout ira pour le mieux. Je t’en prie, Mathias, je n’ai pas envie de me battre avec toi.
- D’accord, Ju, mais seulement si tu nous expliques clairement ton plan et que l’on puisse te conseiller. J’ai horreur quand tu fais ta cheffe, mais tu sais bien que l’on respectera ta décision.
- Mon plan ? Je compte déposer le dossier sous son nez et lui expliquer que s’il tente quoi que ce soit en direction du camp, tous ces documents seront mystérieusement envoyés aux médias les plus influents de différents pays. Pour le reste, je sais qu’il va essayer de m’intimider, mais j’ai déjà envoyé ce dossier à des personnes de confiance en France. Et je lui dirai, comme je vous le dis maintenant à vous, que si je ne suis pas de retour demain midi au plus tard, que vous avez ordre de le diffuser.
- Et de venir le buter ? Si tu ne me donnes pas cet ordre, je ne te laisse pas y aller sans moi, intervient Mathias.
Je l’observe quelques secondes, me demandant quoi lui répondre. Évidemment, je sais qu’il n’en fera qu’à sa tête si je ne reviens pas. C’est Snow, c’est mon ami fidèle et mon collègue dévoué. C’est une tête brûlée, capable de suivre au pas les ordres jusqu’à partir en sucette si l’un de nos hommes est en danger. On a déjà tellement vécu de choses, tous les deux, que je ne doute pas qu’il viendra, même si je le lui interdis. Foutu têtu.
- Je te donne l’ordre de ne mettre personne en danger pour sauver ma peau, Snow. C’est un bunker là-bas, tout est hyper sécurisé… Trop dangereux.
- Ouais, et moi j’ai pas des lolos comme les tiens pour traverser leurs défenses, c’est vrai.
- Lichtin ne dira pas non à une demande d’entretien de ma part… Enfin, à moins que sa ministre soit sous le bureau à ce moment-là, j’imagine.
- Ju, tu vas partir quand, alors ? On a un peu de temps pour s’y préparer ou pas du tout ?
- Je pars en début d’après-midi. Plus vite ce sera fait, et plus vite tout le monde sera rassuré, non ?
- Oui, dépêche-toi de nous rassurer, Julia, vient me dire mon Bûcheron en m’embrassant tendrement et en m’enlaçant alors que Snow vient à son tour se joindre à notre étreinte.
- Les gars, bien que l’idée d’un plan à trois me semble agréable, ris-je en savourant malgré tout ce moment, vous me faites flipper à stresser comme ça.
- Pas sûr que je sois invité pour un plan à trois, rit Snow en s’écartant un peu de nous. Mais je note que l’idée t’est agréable !
- Et moi, je note que j’ai hâte que tu rentres pour te montrer que je peux largement te suffire, complète Arthur dont la pointe de jalousie me fait sourire.
- Crois-moi, j’en ai fait l’expérience à maintes reprises et je valide, Chéri, ris-je. Allez, haut les coeurs, brochette de beaux gosses, je vous promets de vite rentrer pour vous en faire baver encore.
Annotations