32. L'avenir en réflexion
J'avais déjà expérimenté les amitiés qui naissent sur internet, j'avais oublié comme les rencontres qui en découlent sont géniales.
Lecossais a quitté ma belle Normandie ce matin... Est-ce que j'ai le droit de faire une mini déprime ? Ou... Peut-être que je devrais être soulagée, il est un peu fou quand même ! Enfin, ça passe, disons que c'est bien utile pour écrire :D Et pour rire aussi. Comme le dirait la Compagnie Créole, c'est bon pour le moral !
Ah, Scribay... Si j'avais pensé rien qu'une seconde qu'en m'inscrivant ici, je rencontrerais un autre auteur avec qui j'écrirais encore et encore... Je l'aurais peut-être fait plus tôt en fait.
Merci l’ami ! Pour bien des choses d'ailleurs. De ta bonne humeur communicative à ta visite dans mon coin perdu, de ces soirées d'écriture à ce soutien qui m'a été essentiel quand ça n'allait pas, de ces blagues (douteuses parfois ! Pauvre James Bond...) à ces conseils toujours bienveillants. Et puis, évidemment, je t'adresse un immense merci pour nos histoires partagées et tous ces bons moments virtuels comme réels, je peux le dire à présent ^^
Je vous le dis, il fait bon avoir un Lecossais dans sa vie !
Allez, fini de s'épancher. Bonne lecture ! :)
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Arthur
Au vu des nouvelles que j’ai à apporter, il est important que je trouve rapidement ma mère. Je ne sais pas comment elle va réagir ni ce qu’elle va envisager. Je me demande aussi quelles seront les conséquences pour moi et pour ma fonction dans le camp. Si elle se lance dans les élections, est-ce que cela va me mettre en danger ? Est-ce que cela va m’empêcher de faire ma mission ? Je sais que si c’était le cas, il faudrait que je demande à être démis de mes fonctions et à reprendre mon poste au siège. Mais je n’en ai pas du tout envie. Pour la première fois de ma vie, je suis à ma place. Pour la première fois de ma vie, j’ai trouvé ce pourquoi je vibrais.
- Ouais, c’est surtout parce que tu as la meilleure baise de ta vie, Tutur.
C’est sûr que d’avoir rencontré une femme comme Julia aide. Mais je sais aussi que cela va bien au-delà du sexe. Julia et moi, on se complète tellement bien. C’est fou. Le soulagement que j’ai ressenti quand elle est revenue, saine et sauve, me fait croire que cette fois, avec elle, c’est différent, que c’est peut-être la bonne.
- Oh la la, que tu es rêveur, aujourd’hui, Tutur. Tu disais ça aussi pour ton hôtesse de l’air. Et dès qu’elle partait loin de toi, elle se tapait tous les commandants de bord ! Alors, reviens dans la réalité ! Peut-être que dans quelques semaines, ta Julia, elle sera partie et elle t’oubliera !
Je soupire et essaie de chasser toutes ces pensées qui se bousculent dans mon esprit torturé et beaucoup moins assuré que ce que je laisse paraître au monde extérieur. Je suis presque soulagé quand j’arrive à la tente du Commandant où je sais que je vais retrouver ma mère. Devant la tente, c’est Lila que je retrouve avec plaisir. Dès qu’elle me voit, la petite fille me saute dans les bras.
- Ça va, toi ? Mamy s’occupe bien de toi ?
- Oui ça va, et Mamy est gentille avec moi, mais tu me manques un peu, Arthur.
- Oui, je sais, Lila. Je suis bien occupé avec le camp. Et tu sais, je passe aussi du temps avec Julia. Tu n’aimes pas être avec Mamy ?
- Si, si, rit-elle. Enfin, elle est bizarre des fois, Mamy. Mais je l’aime bien.
- Écoute, je te promets que dès demain, on retrouve nos petites habitudes. Je pense que Mamy va repartir et donc, toi, tu reviens avec moi dans la tente. Ça te va ?
- Et Julia ? Tu veux plus dormir avec elle ? me demande Lila en fronçant les sourcils.
Je manque de m’étrangler devant la perspicacité de la petite fille. Je lui aurais bien dit que dès ce soir, on reprenait nos habitudes et qu’elle pouvait revenir dans ma tente, mais j’ai trop envie de profiter de la Lieutenant. Et voilà que Lila me pose directement la question.
- Si, si, je veux toujours dormir avec elle, mais je ne peux pas t’abandonner non plus, Lila. Tu ne vas pas dormir toute seule dans la tente, quand même !
- Ben si ! Je suis une grande fille, dit-elle avant de faire la moue. Mais… J’aurais un peu peur, je crois.
- Alors, on demandera à Julia de venir dans la tente avec nous. D’accord ?
- Oui, d’accord Arthur ! Trop bien !
Je lui fais un gros bisou puis entre dans la tente où je retrouve comme je l’espérais ma mère et le Commandant en grande discussion.
- Non, je t’ai dit que je ne me présenterai pas, ce n’est pas ma vie, la politique, arrête avec ça.
- Marina, tu es la personne qu’il faut pour s’opposer au Général !
- Oh Arthur ! Tu es là ! Tu viens aux nouvelles, je suppose ?
Je les regarde, un peu ahuri. Si je comprends bien, ils sont déjà au courant. Mais comment est-ce possible ? Julia vient à peine d’arriver et elle était sur place.
- Ne nous regarde pas comme si tu me voyais pour la première fois, voyons ! On dirait que c’est comme quand tu m’as vue alors que tu me pensais morte !
- Vous êtes déjà au courant ? Mais… Comment ?
- Je te rappelle que nous avons du monde au Palais, Arthur. Tu nous prends pour des amateurs ? Il paraît qu’un soldat l’a abattu, mais même là-bas ils ne savent pas très bien ce qu’il s’est passé.
- Oui, un coup de folie d’après ce que m’a dit Julia. Et le Général Ankhov a dit à Julia qu’il allait assurer l’intérim et organiser des élections démocratiques. C’est plutôt une bonne nouvelle, non ?
- Je ne sais pas, honnêtement. Sans doute… Ernest pense que c’est bien, dit-elle en se tournant vers le Commandant. Moi je n’ai aucune confiance dans le Général.
- Vous allez arrêter de vous battre et participer aux élections ? Ce serait bien pour les réfugiés, je pense. Parce que si la guerre s’arrête, ils vont pouvoir rentrer chez eux et tout reconstruire, non ?
- Oui, sans doute… Je… J’ai besoin d’un peu de temps pour réfléchir à tout ça. Ça fait tellement longtemps qu’on se bat…
- Marina, tu dois te présenter aux élections ! Ce sera le meilleur moyen de savoir si ce clown en qui je n’ai pas du tout confiance compte vraiment abandonner le pouvoir ou pas ! Tu es notre meilleur espoir !
- Je ne suis pas politicienne ! Je n’ai aucune envie de présider un pays, moi, je n’y connais rien ! Enfin, voyons, regarde-moi ! Il y a une grande différence entre se battre pour la rébellion et gouverner un Etat. Pourquoi tu ne te présenterais pas, toi ?
- Tu vois l’image que ça donnerait ? Un Général contre un commandant ! Non, mais, on ne te demande pas de tout gérer. Tu crois que Lichtin savait gouverner ? Non, le Président donne la direction, c’est le Gouvernement qui gouverne en démocratie. On a besoin d’une image, d’une représentation de la démocratie ! Arthur, tu es d’accord avec moi ? Ta mère ferait une bonne Présidente, non ?
Ouh la. Me voilà remis au centre de leur dispute, avec leurs regards qui se portent sur moi alors que je n’ai pas de réponse à leur donner.
- C’est à elle de décider, Commandant. Vous ne pouvez pas la forcer. Mais c’est vrai que ça aurait du sens. Maman, tu ne penses pas que ce serait un bel aboutissement au combat de toute ta vie ?
- Je ne sais pas, soupire-t-elle. Je ne suis pas sûre d’avoir les épaules pour ça… Laissez-moi déjà le temps de me faire à l’idée que la guerre est peut-être terminée, qu’après toutes ces années, nous allons pouvoir enfin respirer.
- Bon, comme vous savez déjà tout, je vous laisse. Lila dort avec vous ce soir, si ça ne vous dérange pas. Je la récupère demain.
- Je vois que tu veux fêter ça avec ta militaire, sourit ma mère. Pas de souci, elle reste ici autant que nécessaire.
- Merci Maman, dis-je en l’embrassant dans un rare élan d’affection entre nous.
Je sors et fais un signe à Lila qui s’amuse avec d’autres enfants. Tout de suite, elle court vers moi et me fait un gros câlin avant de me relâcher et retourner jouer. Je rentre et retrouve Julia qui sort des dortoirs. Elle semble perdue dans ses pensées et je la surprends en venant poser mes mains sur ses hanches et en me collant dans son dos. Tout de suite, elle passe en mode self-défense et me met un coup de coude dans le ventre qui me coupe la respiration avant de se retourner et de me faire une clé de bras pour m’immobiliser. Dès qu’elle se rend compte qu’il ne s’agit que de moi, elle me relâche alors que j’essaie de retrouver mon souffle.
- Eh ! Quel accueil ! dis-je en me frottant le ventre.
- Oh pardon Arthur, je suis désolée, me dit-elle, à moitié affolée. Tu vas bien ? Excuse-moi, tu m’as surprise, je… Oh là là pardon !
- Oh purée, tu n’y es pas allée de main morte, dis-donc ! Encore un peu, mon bisou allait me coûter un séjour à l’infirmerie !
- Tu cherches, aussi, rit-elle. Quelle idée de me surprendre. Je suis désolée. Ça va aller ? Tu as de la chance, j’aurais pu être plus violente encore.
- Heureusement que tu n’es pas comme ça quand je te réveille dans ton lit, dis-je en souriant et en me redressant. Je crois qu’il va falloir que tu sois très gentille ce soir, pour te faire pardonner, rajouté-je en lui faisant un petit clin d'œil.
- Ben voyons ! Est-ce que j’ai l’air du genre à me laisser manipuler comme ça, Monsieur Zrinkak ?
- Je ne sais pas, mais il me semble que vous aimez bien quand je prends les choses en main. Et que c’est moi qui mène la danse, mon Lieutenant.
J’insiste exagérément sur le “Mon” et la plaque contre le mur pour l’embrasser avec envie. Lorsque nos bouches se séparent enfin, je lui murmure à l’oreille :
- J’ai envie de toi, Julia chérie. Vivement ce soir.
- Bien dommage que nous n’ayons pas le temps pour un petit interlude, sourit-elle, aucune envie d’attendre ce soir, moi. Mais le Général devrait parler incessamment sous peu…
- Ah la la, tu préfères le Général à mes charmes. Quelle tristesse, m’amusé-je à dire alors qu’elle se frotte langoureusement contre moi.
- Évidemment, j’adore entendre blablater, tu me connais, rit Julia en m’embrassant dans le cou. Au fait, le Colonel a accepté de ne pas sanctionner trop durement Morin.
- Ah, c’est bien ça. Tu as utilisé tes charmes à toi pour y parvenir ou il a été compréhensif ?
- Hum… Pas sûre que les menaces soient le genre de charmes que j’aime utiliser, mais le principal c’est que Florent s’en sorte bien. On aurait sans doute tous réagi comme lui, à sa place. Moi la première. On peut vite perdre toute rationalité quand il s’agit des gens qu’on aime.
- Oui, je confirme, dis-je en la serrant fort contre moi.
Quand je pense à tout ce que je serais capable de faire pour protéger Julia, je sais qu’il m’est impossible de condamner Morin. Alors que nous remontons ensemble vers la salle des opérations pour aller assister au discours du Général, je me mets à vraiment espérer que cette allocution sera le début de l’installation de la paix dans le pays. Ce qui signifierait que Julia ne se mettra plus en danger et que nous pourrons vivre notre amour sereinement.
- Quel rêveur tu fais, Arthur !
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