Chapitre 3 || Chimères
— Syl' ?
— Eul' ?
— Serre-moi fort. J'ai peur du noir.
— Viens-là. On va compter les moutons ensemble, d'accord ?
— On peut compter des p'tits chiens, plutôt ? La laine des moutons ça gratte...
Moi aussi, maintenant, j'ai peur de l'obscurité. Et en même temps, je la recherche. Ne plus rien voir vaut mieux que de tout pouvoir voir, sauf Eulalie.
Alors je me laisse sombrer. Et c'est comme ça que je me retrouve à me faire hurler dessus par une Clélia en larmes et terrifiée et un Aurélien furieux à la mine défaite et apeurée.
Une seule réplique. Deux voix distinctes. Devant moi, une silhouette trouble. Un chancèlement. Un rire débile. Une chute vers l'avant. Un hurlement. Des bras frêles qui me rattrapent. Des sanglots étouffés.
Et enfin, l'obscurité...
Ça, c'est mon meilleur souvenir. La peur qui m'envahit : la mienne, celle de Clélia, celles de ses sœurs, celle d'Aurélien. Et ce souffle, tant imprévisible qu'imperceptible, qui me crie pourtant « VIS ! »
Je devrais taper dans les murs, hurler à la mort, pleurer tout mon saoul. Mais non, lentement, un sourire fend mon visage. D'abord discret, il irradie ensuite, pour se transformer enfin en un grand éclat de rire.
Un grand éclat de rire qui me vaut la gifle la plus magistrale encore jamais reçue de ma vie. La porte de l'entrée claque. Je viens de perdre ma boussole de rechange. Clélia m'a tourné les talons, et je ne pense pas qu'elle me pardonnera cette frayeur de si tôt.
D'un côté, je m'en fous. Ce n'était que ma boussole de rechange. Sans Eulalie, j'ai déjà perdu le nord. Et je n'ai pas vraiment envie de le retrouver.
Mais si un jour Clélia devenait ma boussole ? simplement ma boussole, pas une babiole de remplacement !
C'est ça, qu'Eulalie voudrait pour moi, non ?
Non.
Pas maintenant.
Je ne peux pas.
Je ne suis pas prêt.
Je ne sais pas encore la vérité concernant les raisons de son suicide. Je ne peux pas demander à ma vie de prendre un autre cap sans savoir.
Il n'est pas encore temps. Mais un jour viendra, pas vrai ? Un jour viendra où...
Non, je ne veux pas y penser !
— Putain mais t'es vraiment trop con mon frère ! Bien fait pour ta gueule, elle a eu raison ! J'espère qu'elle va te brûler longtemps, celle-là, tiens...
Brusque retour à la réalité. Peut-être même plus que la gifle. Aurélien est rubicond lorsqu'il désigne la porte que Clélia vient de claquer de son index. Je ne sais pas ce qui pique le plus, de la gifle, du départ de Clélia ou des cris d'Aurélien.
Lui est moi, on a toujours été les meilleurs amis de l'univers. Jamais aucun drame ne nous a autant séparés, ni autant rapprochés, d'ailleurs, que la mort d'Eulalie. On ne s'engueulait jamais de la sorte. Lorsque l'on se disputait, c'était pour des broutilles dont on riait quelques minutes plus tard.
Nous sommes unis comme les cinq doigts de la main, mais c'est bien la première fois que l'on a autant besoin l'un de l'autre.
Il tente de ne pas perdre pied pour moi, pour me garder dans les sentiers battus, pour m'aider à surpasser cette terrible épreuve. Mais je sais la vérité qu'il s'acharne tant à me cacher : il ne sait pas lui-même surmonter sa douleur.
Eulalie était ma sœur, mais dans son cœur, c'était aussi la sienne. Et je sais qu'elle lui manque à en crever, qu'il a un vide à la place du cœur, que nous brûlons du même amour pour elle. La seule différence, c'est qu'il continue à m'aimer là où je n'y arrive plus, car il ne me tient responsable de rien et ne le fera jamais.
Est-ce que c'est plus facile ? Je n'en suis pas certain ! Ce qui est sûr, c'est que moi, je ne lui facilite pas la tâche.
Il devrait avoir à s'occuper de son deuil, et de rien d'autre. Mais non, il prend soin d'Anto et de moi comme le grand frère idéal. Toujours, il se montre fort pour nous aider à surmonter tout ça alors que lui n'a personne sur qui s'appuyer.
Il aurait sans doute aimé pleurer sur mon épaule. Mais je ne suis pas là pour lui. J'aimerais tellement l'être : j'en suis totalement incapable. C'est trop dur. Ma douleur est tellement immense que je ne peux pas absorber ne serait-ce qu'un dixième de la sienne. La sienne, justement, est tout aussi immense, et pourtant il fait tout pour boire la mienne, alors pourquoi, moi, je ne le peux pas malgré toute la bonne volonté du monde ?
Je l'aime, et son bonheur a toujours compté tout autant que le mien, voire plus. J'ai toujours libéré sa peine quand il le fallait. Mais tout a changé.
Je ne mentais pas quand je disais à Eulalie qu'elle est mon monde. Elle l'est toujours et ne cessera jamais de l'être.
Du coup, il a arrêté de tourner lors de son « départ inopiné ».
Ils me font bien rire, ces grands cons. Merde ! Appelons un chat un chat, quoi ! Elle est morte. M. O. R. T. E. Morte ! Putain ! Ça m'énerve, ça !
Monde. M. O. N. D. E. Monde.
Morte. M. O. R. T. E. Morte.
Ça tourne en boucle dans ma tête.
Je peux oublier comment marcher, faire mes lacets ou parler. Toutes ces choses qui soi-disant ne s'oublient pas. Mais pas ça. Non. Jamais.
Jusqu'après ma mort je continuerai d'y penser. L'éternité n'est rien face à mon amour pour elle. La mort est moins forte que lui !
Monde. M. O. R...
Monde. M. O. N. D. E. Mor...
Monde. M. O. N. D. E. Monde.
Synonyme ?
Morte. M. O. R. T. E. Morte.
Néant. N. É. A. N. T. Néant.
Synonyme ?
Moi. M. O. I. Moi.
Mon cerveau joue perpétuellement à motus. Et toujours, je pioche la boule noire alors que je mets dans le mille.
J'aimerais tant piocher à chaque fois un peu d'Eulalie. Mais on n'attrape pas la fumée, ni les cendres... ni le rien !
Les attrape-rêves existent mais ils n'en font pas une réalité. J'aurais fait revivre Eulalie mille fois, mais elle se blottit à l'ombre de mes souvenirs comme une enfant apeurée se blottit dans les bras de l'être cher.
Et elle y reste. Dans le jour. Dans la nuit. Encore. Toujours. Éternellement.
Elle y dort calmement, elle y rit aux éclats... mais elle reste là, éternellement.
Jamais plus elle ne sera réalité.
Sa main dans la mienne ?
Tantôt souvenir, tantôt chimère !
Ses longs cheveux d'or ?
Tantôt souvenir, tantôt chimère !
La joie dans ses yeux ?
Tantôt souvenir, tantôt chimère !
Ses bras autour de mon cou ?
Tantôt souvenir, tantôt chimère !
La corde à son cou ?
Réalité !
Son visage bleui ?
Réalité !
La peur dans son regard ?
Réalité !
Mon corps immobile ?
Réalité !
Un hurlement bestial ?
Réalité !
Papa qui accoure ?
Réalité !
Mon vomi partout ?
Réalité !
La vie qui la quitte inexorablement ?
Réalité !
Pourquoi ? Pourquoi c'est toujours comme ça ? Quand on veut que quelque chose soit réel, il ne l'est pas, et quand on ne souhaite pas qu'il le soit, il l'est !
J'ai tellement envie d'envoyer la fatalité, le destin, la fortune, Dieu, appelez-ça comme vous voulez, se faire foutre !
Monde. M. O. R. T. E. Monde.
Morte. M. O. N. D. E. Morte.
Tout s'entremêle. Souvenirs et chimères. Passé et présent. Mots dans ma tête. Tout !
Soudain, mon regard se pose sur Aurélien. Pour de vrai. Je le vois vraiment. Mes lèvres se mettent à trembloter. J'aimerais tellement empêcher les sanglots qui viennent de moi, mais ils me prennent comme par surprise, alors même qu'ils me menacent continuellement depuis qu'Eulalie n'est plus là.
Je voudrais hurler à la terre entière que je suis désolé mais des hoquets incontrôlables m'en empêchent alors que mes jambes déjà flageolantes me lâchent pour de bon et que je m'écroule aux pieds d'Aurélien.
Je suis épuisé. Épuisé de n'être qu'une coquille vide. Un être sans âme. Un être au cœur arraché. Un être incapable, inanimé, inerte. Mort.
C'est ça. Je suis mort. Et ça n'a rien d'un repos éternel.
Je n'ai plus d'énergie, hormis pour partir en vrille. M'effondrer, c'est tout ce que je sais faire en ce moment. Serai-je un jour capable d'autre chose ? Rien n'est moins sûr !
Rien n'a jamais été aussi réel, et pourtant, je n'ai jamais rien trouvé de plus irréel. Je suis perdu.
Le sablier de la vie est tellement étrange en comparaison de celui du temps. Pour moi, tout s'écoule en émotions. Combien de minutes je reste effondré aux pieds d'Aurélien ? Ça n'a aucune putain d'importance ! C'est du désespoir qu'il faudrait quantifier. Celui qui sort, celui qui reste...
Surtout celui qui reste, en fait.
Même pour mille éternités, je n'aurais pas assez pour dévider entièrement ce sentiment meurtrier.
Je ne veux pas l'anéantir, non. Juste le dégueuler un peu plus. Assez pour vivre. Pour vivre pour elle. Pour vivre la vie qu'elle n'aura jamais.
Et dégueuler, c'est ce que je fais. Sur les chaussures neuves d'Aurélien. Je peux vous dire que ça ressemble pas à du désespoir... J'ai « juste » trop bu.
Je suis une loque. C'est pitoyable. Je lui ai vomi plein de fois sur les pieds en diverses occasions, c'est vrai, mais j'avais la gueule de bois après une fête. Là, c'est pendant un deuil, et je lui inflige ça. Une fois de plus je lui complique la vie.
J'aurais dû crever moi aussi. Ça aurait été plus simple pour lui de gérer deux morts que de m'avoir dans les pattes !
Je suis trop égoïste pour mourir. Il n'y a que ma peine qui m'intéresse. Et même pas pour la soulager.
Je suis odieux avec maman, avec papa, avec Aurélien, avec Anto... avec tout le monde ! Même avec Eul' ! J'ai lancé le bouquet de fleurs que je lui avais amené contre sa pierre tombale, l'autre jour. Ça n'a plus rien d'un bouquet. Je l'ai engueulée d'être morte. Puis je l'ai suppliée de revenir. Rien n'y a fait. Elle est toujours morte. Mes pieds pourraient fouler tous les sols de là planète, Eul' ne serait nulle part.
Je ne veux plus rien connaître du monde qui m'entoure. Je veux ma petite sœur. Ma petite sœur dont la douceur avait parfois l'effet d'une claque. Si elle avait été là pour voir la scène qui se joue maintenant, le plus horrible pour moi aurait été de voir la tristesse dans son regard alors qu'elle m'aurait serré tendrement contre elle et fait jurer de ne jamais recommencer en la regardant dans les yeux, car elle m'aime et veut mon bonheur.
À bien des égards, elle se comportait comme « la mère du monde ». Pas dans le sens où elle était à l'origine de tout, non. Dans le sens où elle voulait le bonheur de tous, comme une mère veut le bonheur de tous ses enfants sans distinction. Il y a tant de maux sur cette Terre auxquels elle souhaitait mettre fin : la famine, la guerre, la pauvreté, l'illettrisme...
Et un jour, elle aurait fait de grandes choses. De très grandes choses. Médecine, justice, humanitaire, tant de chemins de présentaient à elle !
Alors pourquoi ne voyait-elle qu'une page blanche dans le livre de son avenir ? Qui avait réussi à lui mettre martel en tête qu'elle n'avait pas de vocation, pas de futur ? Quelle horreur avait-on pu lui balancer pour qu'elle en arrive là ?
Elle avait tant d'imagination pour se voir femme accomplie avant... Religieuse, médecin, avocate, flic, présidente d'associations, juge de paix...
Quel que soit son choix. J'aurais été si fier d'elle ! J'étais déjà si fier d'elle !
Cette fierté, je l'ai perdue quand elle est partie. Je ne veux plus la voir. Elle me fait tellement souffrir.
Elle était si jolie, si intelligente, resplendissante de gentillesse et de tolérance. Mais pourquoi fallait-il que ce soit vrai, quand on dit que les meilleurs partent en premier ?
Dans les faits divers, c'est toujours comme ça, j'ai l'impression. Plus les gens sont bienveillants et brillants, plus on les déteste de l'être. On le leur fait payer très cher. Parfois même, pour pas dire souvent, le prix est la mort. Ces belles personnes n'ont pas le droit d'exister, comme si leur lumière intérieure faisait de l'ombre aux autres alors que leurs âmes sont assombries par leur jalousie et leurs actions impures.
Et moi, une purge, c'est bien ce que j'ai l'intention de faire. On m'a ôté la partie la plus pure de mon être, mon Eulalie. Sans elle, je n'en ai rien a foutre, d'utiliser des moyens illégaux et cruels. Ils vont souffrir comme elle a souffert. Tous. Je découvrirai tout ce qu'ils lui ont fait subir, et ils le subiront à leur tour !
Ils se donneront la mort. Je ne serai pas soulagé, Eulalie sera toujours morte, mais je serai satisfait. Justice pour Eulalie, c'est tout ce que je peux obtenir. Sinon, j'aurais demandé à l'avoir elle à mes côtés, et tout aurait été pardonné.
Ils ne voient pas le glaive au-dessus de leurs têtes répugnantes et vides, mais ils périront. Les feux de l'enfer seront une partie de plaisir à côté de ce qu'ils devront supporter avant de s'ôter la vie !
J'ai promis. J'ai juré. J'ai craché. J'obtiendrai réparation. Par la vengeance. Rien d'autre que la vengeance. On peut pas me rendre Eulalie. Et si tout le pays doit mourir pour que j'accomplisse ma vengeance, tout le pays mourra, je m'en cogne !
Que j'aie des alliés ou que je sois seul dans cette lutte, tous ceux qui doivent payer paieront. « Une vie pour une vie ». C'est ce qu'on dit. Mille vies pour sa vie, moi j'dis. Tous les coupables sont à occire, ce serait justice divine.
Occire. Eulalie adorait et haïssait ce mot tout à la fois. Elle aimait son côté ancien, recherché, travaillé. Elle détestait sa signification. Tuer. La mort, c'est ce qu'il porte dans son sillage. La violence. La haine. La cruauté. Le mal. La souffrance. L'agonie. La peur... Que du négatif !
Tout ce qu'elle voulait éradiquer de ce monde, en somme.
Tout me manque chez elle. Ses qualités comme ses défauts. Mais sa pureté, c'est... je... Qui a osé s'en prendre à sa pureté ? La lui ôter pour qu'elle en arrive à s'ôter la vie ! C'est abjecte !
Eulalie... Malgré toute la colère que j'ai pu ressentir à ton égard, je t'aimerai toujours plus que tout au monde. Je ne comprends pas, mais je ne t'en veux pas. J'en veux aux vrais coupables. Je sais qu'on dirait souvent que je te déteste, mais c'est faux. C'est ton acte et son issue, que je hais. Et ton acte, ce n'est pas vraiment toi qui l'a commis. C'est ton courage guidé par la lâcheté des autres et de ce monde trop corrompu pour toi qui est la cause de ce drame. Tu étais trop pure pour ce monde. Un ange parmi les Hommes. Ou un Homme parmi les monstres, je sais pas trop. Une bande de monstres sanguinaires, c'est ce qu'ils sont, non ? D'ailleurs, tu sais d'où vient le mot « monstre » ? Ouais, t'as raison, je vais pas t'emmerder avec ça. Oui, tu dirais jamais ça, c'est moi qui le dit. Ta voix me manque, mais j'ai beau l'entendre avec une précision extraordinaire, je sais qu'elle n'est pas tienne parce qu'elle ne dit jamais ce que toi tu aurais dit. Elle est parfaite, mais tout est dissonant. Elle ne joue pas la même musique que lorsque tu parlais. Elle est morte, elle n'a pas ton âme. Et plus je l'entends, plus je deviens une coquille vide moi aussi. Tu penses qu'il y a vraiment besoin d'être mort pour que le poids de notre âme quitte notre corps ? D'ailleurs tu sais qu'une âme pèse vingt-et-un grammes ? C'est fou, non ? Et ces vingt-et-un grammes de toi me manquent bien plus que tes trente-huit kilos, t'y crois, ça ? Bref, la bise. Ils me regardent tous, je dois retourner parmi les vivants. N'oublie pas que je t'aime. Je rêve de te rejoindre au plus vite, mais je dois vivre encore un peu pour te venger. À très bientôt dans l'au-delà. Syl', ton frère qui t'aime comme personne ne t'a jamais aimée.
— Aurélien, je...
— Tu es désolé. Oui, je sais... conclut-il en levant les yeux au ciel tout en s'efforçant de m'aider à me relever.
— J'suis une merde...
— Dis pas ça... Allez, viens t'asseoir. Tu veux un verre d'eau ? Ça va mieux ? Tu sais quoi ? Cette nuit, je dors ici avec toi, d'accord ? Demain matin tu vas décuver, puis je t'amène à la maison. Dimitri sera content qu'on t'héberge. Il t'a pas vu depuis longtemps.
Je dois ressembler à un chaton perdu. Pendant une seconde, je me suis demandé qui est Dimitri. Mais putain, c'est le compagnon de mon meilleur ami ! Ils ont une maison ensemble et ils rêvent d'adopter ! Comment j'ai pu oublier ça ?!
En attendant, Aurélien, dans ce qu'il me tait tout comme dans ce qu'il me dit, a raison. Ça serait bien qu'ils m'hébergent. Partout ailleurs, tout me rappelle Eulalie. Partout où je pose mon regard, il y a un objet que je souffre de voir car il porte en lui des souvenirs précieux de mon Eulalie. Un jour, je chérirais tous ses souvenirs. Pour le moment, le mieux est peut-être bien le vide dans mon esprit, cette obscurité totale que je recherche autant que je la crains ces derniers temps.
Alors voilà, Eulalie, je me répète mais je reviendrai. Pour l'instant, c'est moi qui dois te quitter et m'éloigner de toi. C'est temporaire. Je te le promets. Je t'aime trop pour te laisser comme ça. Tu as une partie de moi en toi et j'ai une partie de toi en moi. Je suis un peu mort et tu vis un peu à travers moi. C'est comme ça. Prends bien soin de toi où tu es. À bientôt là haut.
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