L'étrange étranger
Charlie Spenda était un étranger dans le royaume astrien. Cela sautait aux yeux et pourtant personne ne s'y attardait plus que cela. Dans un tel lieu, les excentriques n'étaient pas rares alors à moins qu'il n'y ait du spectacle ou de l'argent en jeu, Charlie était assurée qu'on ne l'embêterait pas sur son statut d'étranger.
Et tous ceux qui eurent l'occasion de croiser sa route lui trouvaient quelque chose d'hors du commun, comme une aura particulière. Comme si Charlie n'était pas seulement étranger à ce royaume, mais étranger à ce monde.
Les Estaffes songèrent que l'étrangeté chez lui, c'était sa simplicité d'esprit, ce qui ne méritait pas qu'on s'y penche davantage.
Mme Gloucester, sa patronne et couturière respectée, avait vu dans sa manière de manier l'aiguille des techniques qui lui étaient inconnues et qui valaient la peine d'être utilisées par ses autres employés.
Pour Peter de Nemours, sa particularité, c'était sa manière particulière de détourner les questions qui concernaient son passé et ses petites méthodes pour tenir l'alcool.
Si Barjaut Magimel devait choisir ce qui sonnait étranger chez le jeune homme, il aurait simplement marmonné que c'était une intuition de la part d'un vieillard qui avait déjà bien vécu.
Jeanne Jolibois quant à elle, avait tout de suite comprit que Charlie n'était pas du royaume en le voyant se précipiter dans le combat, faisant face seul à trois ravisseurs, sans même une épée.
Pour Louis Serra, si le jeune homme n'était pas du royaume, c'était clairement en raison de la méconnaissance totale qu'il avait de l'Élite, comme s'il ne savait pas à qui il faisait face.
Armance Dacourt, pour sa part, voyait de l'étranger en Charlie, en raison de sa manière particulière de regarder les nymphettes à la dérobée, comme s'il n'en n'avait jamais vu avant.
Et la liste aurait pu continuer longuement ainsi. Charlie Spenda était un étranger particulier au sein du royaume astrien, mais il semblait si bien se fondre dans le quotidien de tous que ceux qui le cotoyaient finissaient par ne plus y penser et que ceux qui le croisaient l'oubliaient rapidement.
Il était étrange. Mais pas méchant. C'était suffisant pour que l'on le laisse en paix.
Une seule personne comprit au premier coup d'oeil qu'elle était l'étrangeté de Charlie.
La Foudre fantôme.
La créature n'avait eu qu'à croiser les yeux particuliers de l'humain pour lire dans son coeur tout ce qui aurait mérité d'être sû.
Au fond, si Charlie était un étranger si étrange, c'était peut-être parce qu'il cachait la vérité. Il n'était juste pas de ce monde, pas de ce temps, pas de ce genre.
La Foudre ne pouvait cependant répéter ce qu'elle avait comprit à personne. Elle se contenta de transmettre à Charlie en un regard d'apaisement que possible.
Car au final, si Charlie était parfois très étrange, c'est parce qu'il n'était pas celui qu'il prétendait être.
Charlie se savait étranger à ce royaume, à ces coutumes, à ces modes de pensées qui l'entouraient. Et même dans son miroir parfois, elle croyait voir un étranger.
Car Charlie était une fille, mais se travestissait.
Non, vraiment, Charlie Spenda était un étrange étranger.
Mais elle ne regrettait pas de ne plus être dans son monde.
Car elle croyait avoir trouvé sa place, dans ce royaume étranger.
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