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 Me revoilà, Stéphanie, toujours hantée par ces songes, les souvenirs de Sahiane. Mais est-ce bien des réminiscences du passé, mon passé ? Ou mon cerveau qui s’acharne à rêver ? Cela faisait longtemps que je n’avais pas écrit, je reprends mon stylo pour m’exorciser.

Plus le temps passe, plus Sahiane et ses pensées s’imposent dans mon esprit. Ses propres mots retranscriront mieux que les miens ces millénaires qui défilent en moi.

***

 J’ai cru perdre la raison à ma première réincarnation, rien de ce que j’imaginais ne s’approchait de ce traumatisme. Aucun de nous n’était prêt pour faire face à la résurgence brutale de nos souvenirs.

 Comment gérer l’afflux d’émotions provenant d’une vie passée alors que l’adolescence et son flot de bouleversements commençaient eux aussi leur œuvre ? L’impact sur nos proches était tout aussi dévastateur. Ils ne savaient pas comment réagir aux terreurs nocturnes et supportaient encore plus mal, que par moment, nous ne les reconnaissions plus en tant que parents.

 Avec les siècles, nos âmes gagnèrent en résistance, nos esprits s’habituèrent à cette folie passagère, nos cœurs s’endurcirent afin de faire face aux réactions de notre entourage. À chaque vie, nous devions à nouveau apprivoiser nos pouvoirs en fonction de nos nouveaux corps et de l’augmentation de leur puissance.

 Les premiers siècles, nous fûmes seuls à connaître ces tourments, puis comme nous en avait averti le Code, une nouvelle confrérie vit le jour. Nous tentâmes de préparer ses membres au mieux, à ce choc. Nous nous y employâmes avec toutes les confréries qui furent créées par la suite.

 Nous dûmes établir des règles qui échappaient à la compréhension du commun des mortels. D’abord, éviter de renouer avec ceux connus dans la vie précédente, cela n’amenait que peine, douleur et conflits. Bien qu’il s’agisse d’un crève-cœur en tant que parent de ne plus s’assurer de la bonne santé de ses enfants et petits-enfants. La seconde, résultait d’une autre nécessité : celle d’accomplir notre travail dans les meilleures conditions physiques et mentales.

 Le principe de fonctionnement de la mémoire d’âme nous laissait environ une dizaine d’années de tranquillité, avant de réintégrer nos souvenirs et nos rôles. Dix années durant lesquelles une autre confrérie endossait notre charge en plus de la sienne.

 Bien trop de responsabilités pour laisser la nature faire à sa guise. D’autant qu’homogénéiser nos âges rendait les choses plus simples à tous les niveaux : pour, les entrainements, les missions ou même nos relations. Lorsque l’un de nous ressentait l’approche de ses limites, il en informait les autres, afin que chacun mette en ordre ses affaires avant que nous ne quittions sereinement et simultanément ce monde.

 Tout du moins, lorsque nous avions la chance de ne pas mourir brutalement et bien trop jeunes. Le procédé avait de quoi choquer, autant chaque nouvelle confrérie que quiconque dans la population. Néanmoins, nos confrères finissaient par accepter cela comme un prix à payer, nécessaire en contrepartie de nos dons.

 Nos existences nous conféraient une vision particulière de la vie et des relations entre individus. Notre rapport à la mort ne pouvait que s’imaginer difficilement. Nous finîmes par former une communauté un peu à part au sein de notre peuple.

 Ces cinq premiers millénaires passèrent presque trop vite.

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