Juste une lueur

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Le soleil basculait derrière la ligne d'horizon. Je me tenais, en compagnie de Leila, à la lisière du bois. Vêtues de vêtements confortables, chaussées de souliers souples, nous attendions, espérions l'exactitude des renseignements donnés par nos parents.

J'angoissais à l'idée d'avoir pris la mauvaise direction. Exit de mon smartphone et son GPS.

Mon bref échange avec mon père me revenait :

— Là où vous allez, vous n'aurez pas besoin de technologie.

— Mais où ?

— En sécurité.

La voix de Leila interrompit mes pensées

— Sonia, j'ai froid et j'ai peur, retournons chez nous.

Derniers feux du couchant ; ciel qui s'assombrit graduellement ; nuances de cobalt, indigo, marine, noir... La température qui se rafraîchissait de façon drastique. Je regardais enfin, ma cadette. Elle me jetait un regard suppliant. Ses bras serrés autour de son corps, elle implorait, grelottait. Ses yeux se noyaient de larmes, ma réponse, un peu sèche, ne l'étonna pas.

—Tu sais bien que ce n'est pas possible.

Je sortais de son sac posé sur le sol, un gilet de laine mauve, je l'aidais à le passer.

Ma voix s'adoucissait.

—Bientôt, nous serons à l'abri. Papa et maman viendront plus tard.

Il s'agissait d'un pieux mensonge, je l'avais deviné, avant qu'ils ne nous poussent hors de la maison. Leila eut l'air de me croire, elle essuya une larme venue s'égarer sur sa joue, rejeta ses cheveux bruns en arrière et s'emmitoufla dans sa veste. Voyant qu'elle reprenait courage, je lui adressais un sourire, avant de tirer à mon tour un blouson sombre de ma besace.

Nous nous remîmes en attente, cette fois la nuit s'installait, le bois tout proche s'obscurcissait. Les arbres se transformaient en créatures fantasmagoriques, inquiétantes. Un hululement m'apprit que la faune nocturne ne tarderait plus à sortir. Ma peur s'accentuait.

Puis, je l'aperçus, mince pinceau de lumière perçant l'opacité grandissante. Je la désignais à Sonia.

— Regarde, elle est là, tout comme papa nous l'avait promis.

— C'est à peine visible.

Je lui pris la main et lui assurait avec confiance :

— C'est ici, c'est le passage.

Je l'entraînais à ma suite, elle ne résista pas. Nous arrivâmes face à la lueur qui s'élargissait. Alors que la lune montait dans le ciel, nous nous glissâmes, sans effort, dans l'interstice miroitant...

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