Epilogue

40 minutes de lecture

Bonjour amis lecteurs,

Comme ce titre pouvait vous le laisser présager, ce chapitre sera le dernier ! J'espère sincèrement qu'il vous plaira. Et pour les plus curieux d'entre vous, je vous donne rendez-vous en bas pour une grande annonce ;D

Bonne lecture !

Nat'

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Le bruit d’une goutte d’eau contre de la pierre mouillée. Le baiser glacé d’un vent froid contre une chair dénudée. L’odeur de l’ancien, du minéral, de l’océan salé et de la tristesse, plus salée encore. C’est peu de choses, en fin de compte. La vie. Et c’est aussi tellement.

Cela fait longtemps que Drago ne s’attache plus à des choses aussi futiles que le passage du temps, ou l’identification d’un lieu. Pourtant à cet instant, Drago fait l’effort. Il se concentre, peut-être quelques secondes, pas plus. Pour capter ces moments fugaces qui se fraient doucement un chemin dans son horizon. L’éclat du soleil le matin. Différent de celui du soir. L’odeur du pain grillé au réveil, et celle de la soupe chaude au coucher. Le son régulier, rassurant, inarrêtable des vagues, qui le berce, l’irrite ou l’inspire selon les circonstances. Autant d’émotions qui se raniment en lui comme des nouveau-nés, hurlant à pleins poumons leur désir de vivre, leur soif de découverte, leur terreur et leur volonté vorace de dévorer le monde, d’en absorber jusqu’à la moindre goutte. Tout ceci remonte à tellement loin pour lui que Drago a presque l’impression d’effectuer ainsi le travail d’un archéologue. Exhumant une civilisation exotique et inconnue, perdue aussi bien dans l’espace que dans le temps. Il déterre les vestiges de sa vie, de son être, comme on met au jour des trésors précieux, des reflets d’or et de lapis-lazuli à la lueur tremblotante d’une bougie, dans le secret de quelque pharaon oublié depuis des siècles immémoriaux…

Drago fait l’effort. À quel point, pour combien de temps, il ne se pose plus la question. La décision s’est scellée en lui au seuil de son passage à l’autre monde, et quelque part, c’est comme s’il s’agissait du signal que son corps avait toujours attendu depuis si longtemps. Le levier, l’élément déclencheur, enfin, pour inverser l’emprise qui s’était lentement refermée sur lui pendant toutes ces années, et le ramener doucement vers la surface…

Cela n’avait pas été facile, bien sûr. Et ça ne le serait sans doute pas pendant encore très longtemps. Toute naissance réclame de la souffrance et du sang, après tout. Elle peut même être fatale, parfois. Mais Drago fait l’effort. La résolution s’est ancrée en lui et s’agrippe, remplit ses membres et son esprit de cette pensée unique : il doit essayer. Il doit tenir. S’accrocher, endurer, continuer. Encore. Saisir chaque redécouverte comme un cadeau et en extraire toute la substantifique moelle de la vie. Accepter de reconnaître la beauté là où personne d’autre ne songerait à la chercher : le ballet d’une araignée construisant lentement sa toile, dans un coin de sa cellule. Les reflets aux allures de diamant qui s’accrochent à ce fin réseau de filaments entrecroisés, lorsque la rosée du matin bourgeonne. L’humanité de ce gardien d’Azkaban, qui prend toujours la peine de lui dire « Bonjour, Monsieur Malefoy, comment allez-vous aujourd’hui ? », lorsqu’il entre dans sa cellule, alors que Drago n’a jamais été en mesure de lui répondre au cours de ces deux dernières années.

Depuis quelque temps maintenant, Drago s’efforce d’articuler un « Merci ». Il ne saurait dire exactement depuis quand il s’y essaye. Mais c’est son objectif. Son esprit reste focalisé là-dessus, comme son araignée sur sa toile. Il fait l’effort. Dans l’univers réduit que son cerveau atrophié tente péniblement de reconquérir, c’est tout ce qui compte.

Un jour, la lettre « M » franchit ses lèvres. C’est une victoire sans prix, sans forme, mais porteuse d’une joie tellement intense qu’elle plonge Drago dans l’inconscience totale pendant plusieurs heures. À son réveil, il revit tout une seconde fois. Le mouvement des lèvres, l’air vibrant contre ses cordes vocables, le son de sa voix, éteinte depuis si longtemps, le réflexe des muscles de son visage qui se contractent pour sculpter la consonne, comme pour tailler directement dans le vide et y donner un sens… C’est ça, la vie. Ce petit « M » qui lui ouvre l’univers des possibles. L’univers des « Je t’aiMe ». L’univers d’HerMione.

Une éternité plus tard, Drago joint le son « E » à son effort. Il a capté l’attention du gardien, cette fois-ci. Ce dernier s’est penché sur lui, d’abord incertain, puis il lui a accordé un sourire et lui a pressé la main. Alors que rien ne l’y obligeait. Mais il a établi ce contact, ce toucher. Une explosion dans l’univers mental de Drago. Une récompense qui sature sa production d’endorphines à des taux inégalés depuis des années. Il a ressenti chaque aspérité de la peau de cet homme, chaque ridule, la température et le grain de ses pores, et par-dessus tout, l’émotion derrière ce geste… C’est la première fois que Drago communique avec une autre personne, physiquement, depuis ce jour dans sa boutique de l’Allée des Embrumes. Son dernier souvenir en date était le meurtre d’un garçon. À présent, il en a un nouveau. La compassion de ce gardien. Il préfère infiniment ce second souvenir au premier.

Peu de temps après (Drago commence à appréhender davantage le passage des heures), d’autres personnes viennent le voir, toujours accompagnées du gardien et de sa présence rassurante. Sans doute a-t-il averti les autorités de la prison de ses progrès. Sur ce point, Drago peut au moins se féliciter de voir ses capacités de déduction intactes. Il s’efforce de retenir quelque chose de chacune de ces personnes qui se recueillent à son chevet, mais c’est encore trop pour sa conscience renaissante. Ce n’est pas grave. Tout viendra en temps et en heure. S’il y a bien une chose que Drago possède à profusion, c’est la patience. Il fait l’effort.

Finalement, une étrange forme de bonheur se fait jour en lui, dans le cadre confiné de sa petite cellule de prison, éclairée par une fenêtre à barreaux donnant sur le large, les embruns, l’océan, et un somptueux soleil d’été. Il fait frais sans que cela soit désagréable. La solitude ne lui pèse pas, car le monde le remplit : il y a trop à redécouvrir, trop à goûter, voir, écouter et sentir, dans cet univers clos qui forme les frontières de son quotidien. Pour la première fois de sa vie, sans doute, Drago expérimente vraiment ce que cela fait de savourer chaque seconde, de s’arrêter et de prendre conscience de son existence, ici, maintenant, la pression constante du réel sur le moindre de ses sens, et les merveilles absolues qui en résultent. Même lorsque son amie l’araignée vient se distraire en lui piquant la joue de temps en temps, Drago s’en amuse et voudrait la remercier. Elle le chatouille, dépose sur sa peau une danse éphémère, et une démangeaison chaude en guise de souvenir. Peut-être est-ce sa façon de communiquer, après tout. Peut-être, tout comme Drago, est-ce sa façon de dire « M ». Drago aimerait pouvoir lui répondre.

— Merci.

Ça y est, il l’a dit. Le mot a franchi ses lèvres, au terme d’un nombre incalculable de jours et de nuits, le fruit d’une volonté claire, franche, implacable, dévouée à ce seul et unique but, sans questionnement ni doute, dévouée, tout simplement, à ce mot, ce mot qui signifie tellement. Le gardien en mesure toutes les conséquences. Lorsqu’il se penche sur Drago ce jour-là pour le dévisager, le jeune homme est persuadé d’apercevoir une larme briller entre les rides du vieux geôlier. Un minuscule fragment d’émotion, de lien humain, qui lui permet de fixer le gardien dans les yeux et de lui transmettre, en regard comme en parole, toute la portée de cet unique mot.

Dès lors, il semble que plus rien ne puisse résister à Drago. Le langage se rouvre à lui, et avec lui, le reste du monde. Cela n’est-il pas la source d’innombrables récits de création de l’univers ? À l’origine de toute mythologie, il y a l’invention du verbe, de la parole, du mot, cet outil inestimable qui permet la communication, l’échange, l’ouverture, le combat, l’amour, les pires blessures et les plus hauts sommets, l’imagination, la pensée, le rêve, et l’existence, tout simplement…

Désormais, Drago peut sentir la pulsation rapide de son cœur contre sa poitrine. Il peut remuer les doigts et partir à la conquête de ce monde qui lui ouvre les bras. Il peut se redresser, et observer la splendeur incontestée du soleil sous un angle différent. Il peut attendre l’arrivée du gardien le matin, et lui souhaiter le premier : « Bonjour ».

Drago n’en a aucune perception, mais plusieurs mois s’écoulent ainsi, paisiblement. Azkaban n’a rien des histoires de fantômes qui ont peuplé son enfance. Il n’y a plus de Détraqueurs depuis la mort de Voldemort : rien que des gardiens comme celui qui lui est attitré, et qui semblent, pour une raison encore au-delà de sa compréhension, sensibles à sa convalescence.

Lorsque Drago recommence à manger, se lever, admirer la vue depuis la fenêtre de sa cellule, humer le parfum des embruns sur sa peau, guetter le chant des mouettes, il redevient un peu plus lui-même chaque seconde. Après avoir apprivoisé son environnement, c’est lui-même qu’il redécouvre. Lui-même qu’il doit reconquérir, fauve blessé difficile à dompter, rempli de cicatrices et de vides, mais bien réel, tangible, dans son relief d’abîmes torturés et de gouffres béants. Il s’y confronte avec appréhension et prudence, mais sans véritable crainte. La peur qu’il éprouvait autrefois à l’idée de se plonger en lui-même, il l’a laissée derrière lui. Avec le cadavre de sa mère, le souvenir de son meurtre, et sa jeunesse baignée de sang. Tandis qu’il gisait au fond de lui-même, Drago a largement eu le temps de contempler tous ses reflets de lui-même. D’y faire face, et de les intégrer comme faisant partie de son être. Il faut croire que deux ans, finalement, c’était ce dont il avait besoin. Pour guérir d’un passé qui n’avait fait que suppurer pendant plus d’une décennie.

Un jour, Drago est suffisamment en forme pour formuler une requête à son gardien. Le vieil homme s’appelle Johnson. Drago a eu l’occasion de le lui demander, quelques semaines plus tôt, dans sa réinitiation au langage :

— Croyez-vous que je pourrais avoir un livre ? l’interroge-t-il.

Un livre. C’est la première fois que Drago conçoit une demande pour lui-même, depuis son réveil au monde. C’est aussi la première fois qu’il désire s’ouvrir à l’inconnu qui l’attend, par-delà la porte de sa cellule.

Johnson a souri, conscient de tout cela, bien sûr, et il lui a dit :

— Comptez sur moi.

Le lendemain, il revenait avec L’Invitation au Voyage, de Baudelaire, et tout un ensemble de poèmes du même auteur. Drago a mis plus de trois semaines à lire l’intégralité du recueil. Il dégustait chaque syllabe, chaque son. Il ravivait en lui-même le souvenir de ses sentiments sur le vif, attisés par l’ardeur des poèmes, avant de les confronter au monde réel…

Depuis, les livres se succèdent, et avec eux, tout un monde que Drago palpe du bout de l’esprit, avant d’y revenir pour de bon…

Tout le temps que dure sa convalescence, Drago ne reçoit pas de visites du monde extérieur. Elles ne lui sont pourtant pas interdites. Mais le jeune homme ne s’en étonne pas. Hermione ne quitte jamais vraiment ses pensées : elle est là dans chaque goulée d’air qu’il inspire, dans chaque étincelle de framboise lorsqu’on lui sert une tartelette en dessert, dans chaque mélodie inventée par les vagues contre les rochers en contrebas…

Drago pense à Hermione constamment, sans vraiment y penser : elle fait simplement partie de lui, autant que l’oxygène dans ses poumons ou le sang dans ses veines. Elle est l’une de ces multiples choses qu’il lui faut analyser, redécouvrir, considérer dans ses moindres aspects, avant de pouvoir s’y confronter vraiment…

Il sait pourquoi la jeune femme ne vient pas le voir. Il ne lui en veut pas. Comme souvent durant ces dernières années de son existence, ce sont ses mots qui lui ont permis de remonter du fond de lui-même. Qui lui ont laissé entrevoir ce levier, cette décision, qu’il lui suffisait de saisir… Grâce à elle, Drago a fait l’effort. Non pas pour elle, mais pour lui. Pour ce qu’il pourrait être avec elle. Pour l’avenir qu’il avait de nouveau envie de vivre.

Tout cela, c’était des perspectives encore trop grandes pour lui. Trop immenses, douloureuses, effrayantes. Il s’y confronterait lorsqu’il serait prêt. Pour l’heure, il devait déjà effectuer le difficile travail d’accepter de vivre, de se suffire à lui-même, et s’il revoyait Hermione maintenant, le choc serait probablement tellement intense qu’il retomberait aussitôt dans une inconscience protectrice.

Non, Drago se satisfait de son isolement, de sa nouvelle expérience du monde en solitaire. Cela pourrait sembler paradoxal, étant donné que son quotidien se limite à une cellule spartiate perchée au-dessus de la mer, mais il n’a jamais été aussi heureux de son existence. Tout paraît plus beau, lorsque l’on a failli tout perdre.

Tranquillement, la peine de Drago arrive enfin à son terme. Cela fait un an depuis ses bribes de retour à la vie. Désormais, Drago est à nouveau capable de parler, marcher, manger, se laver, lire, écrire. Il peut agir et se comporter comme un semblant d’être humain en société. Tout cela lui donne encore la sensation d’être affreusement artificiel ; il s’y sent maladroit, comme une machine coincée dans un costume d’homme, réagissant par automatisme. Mais il sait que cela passera avec le temps. Il ne peut rester replié sur lui-même éternellement. C’est une erreur qu’il a commise bien trop souvent. S’il a pu redécouvrir autant de trésors et de complexité dans sa petite cellule de neuf mètres carrés, comment imaginer ce que le monde entier a à lui réserver ?

Le grand jour venu, Johnson accompagne Drago jusqu’à la porte de la prison d’Azkaban :

— Tu sais où aller ? lui demande-t-il, avec cette forme de sollicitude paternelle qu’il adopte souvent avec lui.

— J’ai rendez-vous à l’hôpital, répond Drago en se massant compulsivement la nuque.

Avant sa sortie, on lui a coupé ses cheveux devenus trop longs et rendu les vêtements qu’il portait au moment de son arrivée, ce qui ne cesse de le perturber. Comme un brusque retour dans son passé, auquel il n’était pas entièrement préparé.

— Ils veulent faire des tests, explique-t-il. Mon avocat a insisté. Apparemment, mon cas a développé un intérêt nouveau pour la dépression magique.

Johnson acquiesce :

— Tu reverras peut-être ta jolie Médicomage là-bas, lui glisse-t-il.

Drago sourit :

— Peut-être, oui.

Il ne laisse ni l’angoisse, ni l’espoir submerger son esprit. Un instant après l’autre. Fais l’effort, Drago. Quoi qu’il arrive, continue, et tout finira par aller bien.

Pour l’heure, Drago ressert les mains autour du bonnet de laine que Johnson vient de lui offrir, et, sur un dernier sourire, il transplane au plein cœur de Londres.

Il a retenu son souffle avant de réapparaître. Immédiatement, les sons de la capitale l’agressent de toutes parts, mais, loin de se braquer, il s’y dévoile, il s’ouvre dans tout ce qu’il a de plus vulnérable, et il laisse la vie revenir à lui, par grandes brassées, par éclats.

Ce sont d’abord les bruits de la rue. Les commerçants qui haranguent la foule, la circulation Moldue au loin, les cris des chouettes qui battent des ailes dans leurs cages, les borborygmes de dizaines de potions et sortilèges étranges s’échappant des boutiques autour de lui, le brouhaha joyeux des passants, le tintement des Gallions qui changent de mains…

Et puis, ce furent les odeurs. Nous avons trop souvent tendance à sous-estimer l’odorat, ce sens si atrophié chez notre espèce évoluée, qui nous ramène à notre instinct le plus animal. Aujourd’hui, Drago perçoit chaque effluve comme une tornade nouvelle et délicieuse. La nourriture plutôt banale à Azkaban lui paraissait déjà un festin pour les sens, alors que dire du marché qui déploie ses fruits par dizaines à quelques mètres de lui, de la cuisine sorcière et de ses arômes fantasmagoriques, du mélange piquant de senteurs animales, de décoctions diverses, d’artifices, et de l’odeur de la foule, de la pollution, de la saleté et de la fraîcheur du petit matin, tout cela aggloméré en un étrange pot-pourri doux-amer, agréable et entêtant, intrusif et bouleversant…

Drago attend longtemps avant de rouvrir les yeux. La façade blanche éclatante de l’hôpital Sainte-Mangouste se dresse devant lui, comme si rien n’avait changé durant ces trois années écoulées. Comme s’il allait en franchir le seuil d’une seconde à l’autre, et qu’Hermione l’attendrait dans son bureau, prête à discuter des derniers souvenirs de ses parents…

Cela plonge Drago dans une nostalgie acérée, mais il se cramponne à sa résolution et serre les poings, fermement. Il est triste, c’est vrai. Mais même la tristesse est bienfaisante. C’est la preuve qu’il est en vie. Il lui aura fallu longtemps pour le comprendre.

Attentif au moindre atome stimulant ses sens, Drago gravit les marches de l’hôpital et pénètre dans le grand hall d’entrée. Sa convalescence l’a rendu plus alerte à ce qui se déroule autour de lui. Alors que trois ans plus tôt, il nageait dans un brouillard épais, luttant pour garder la tête hors de l’eau et apercevoir l’horizon, à présent tout est presque trop intense, trop constant. Il a conscience du regard des dizaines de personnes autour de lui qui s’accroche au moindre de ses gestes comme pour le ralentir. Le reconnaît-on dans la rue, maintenant ? Sa sortie a-t-elle fait les gros titres de la Gazette du Sorcier ? Drago l’ignore. Il s’est tenu le plus loin possible des informations tout le temps qu’a duré son emprisonnement.

Immobile au beau milieu du hall, il prend quelques secondes pour considérer la question. Que faire si son visage est effectivement connu du grand public à nouveau ? Doit-il en être effrayé ? Se méfier ? La vérité, c’est que tous ces réflexes qui se seraient aussitôt rappelés à lui quelques années plus tôt ont totalement disparu aujourd’hui. Bien sûr, il se défendra si on l’agresse, mais il n’éprouve plus pour les ragots extérieurs qu’une froide indifférence. Il a tellement plus à se préoccuper. Sa vie, son corps et son esprit à sauver, pour commencer. Personne ne peut se mettre en travers de cela.

— Monsieur Malefoy !

Un inconnu descend les étages à sa rencontre, un sourire chaleureux sur le visage :

— Soyez le bienvenu ! Comment allez-vous ?

Drago marque un temps d’arrêt. C’est sa première interaction avec un autre être humain en dehors du cadre rassurant d’Azkaban. Il convoque le souvenir de Johnson dans son esprit, rassemble son courage à deux mains, et serre la main que le médecin lui tend :

— Je vais bien, répond-il de sa voix encore un peu enrouée par le silence. J’ai hâte de travailler avec vous.

— Nous aussi. Venez, je vais vous montrer votre chambre.

Drago a pratiquement tout perdu après son « arrestation » trois ans plus tôt. Jusqu’à récemment, il n’en avait aucune conscience, bien sûr. C’est son avocat qui s’était chargé de le mettre au courant, dès qu’il avait été en état de le recevoir dans sa cellule. La boutique de l’Allée des Embrumes avait bien évidemment été vendue. Elle était désormais reconvertie en salon de thé ; une vocation que Drago trouvait plutôt sympathique. La cave juste en dessous avait été rachetée par un vigneron désireux d’y entreposer son vin. Quant à l’argent économisé à Gringotts depuis la fin de la guerre, il avait essentiellement servi à payer les frais de justice de Drago, ainsi que les dommages et intérêts qui lui avaient été réclamés pour meurtre.

Résultat, alors que Drago gravit en homme libre les interminables escaliers de Sainte-Mangouste, il ne possède pratiquement plus rien à son nom, à l’exception de ce nom, justement, et des vêtements qu’il porte sur le dos. Il ne s’en inquiète pas. Pour l’instant, le programme d’études consacré à sa maladie lui garantit un refuge pour les prochains mois, ainsi qu’un peu d’argent. Et son expérience lui a appris que les considérations financières ne sont pas les plus précieuses à entretenir. Pour l’heure, sa santé, sa guérison, ces timides tentatives de réconciliation entre lui et le monde, c’est tout ce qui lui importe. N’avoir plus rien à gérer le ferait presque se sentir plus léger. Comme un tout jeune enfant, émergeant nu à la lumière du jour.

La chambre qu’on lui a attribuée est simple, très blanche, mais avec une fenêtre ouverte sur le somptueux parc de Bloosmbury tout proche. Voilà une attention qui le touche. Comme si les médecins avaient pressenti sa soif de beauté, de nature, sa soif de tout. Malgré cela, la chambre ressemble un peu trop à celle qu’occupaient Jonathan et Édith Granger lorsqu’ils étaient encore plongés dans leur léthargie… Mais Drago ne peut sans doute pas en demander trop.

Il s’installe, et dans les jours qui viennent, il s’emploie à faire connaissance avec le personnel de l’hôpital. Il y en a certains qui lui sont déjà familiers, car ils travaillaient avec Hermione et lui sur les souvenirs des Granger. Mais plein de petits nouveaux sont venus se greffer à l’équipe entre temps, et Drago met un point d’honneur à se montrer sensible à chacun. Ils sont tous curieux, polis, un peu en retrait, à la fois pour lui laisser de l’espace, et pour ne pas laisser transparaître leurs propres hésitations. Que pensent-ils de lui ? Le Mangemort devenu meurtrier. Le criminel dépressif. Le repenti.

Drago s’efforce de porter aussi peu de jugements que possible sur lui-même, et il ne peut qu’espérer en retour la même indulgence de la part de son personnel soignant.

Une routine ne tarde pas à s’installer dans ce petit univers contrôlé. Quelque part, ce n’est pas si différent d’Azkaban, si ce n’est que sa chambre est plus grande, qu’il n’a pas de barreaux à sa fenêtre, et qu’il a le droit d’arpenter les couloirs de temps en temps. Drago se méfie de la routine : ce n’est qu’une autre forme de refuge qu’il lui faudra quitter bien assez tôt. Mais en attendant, il choisit de s’y prendre en douceur.

Le matin, il se soumet de bonne grâce aux tests et aux questions de la communauté scientifique. L’après-midi, il fait de longues promenades dans le parc, poussant toujours un peu plus loin son courage et son avantage, jusqu’à s’aventurer parfois jusqu’à ce merveilleux marché aux fruits où Hermione et lui s’étaient rendus, presque une éternité plus tôt…

Le soir, il écrit à Johnson. Il lui raconte ses progrès, il lui demande si son araignée se porte toujours bien dans son coin de fenêtre, et si ce qu’il lit en ce moment l’inspire assez pour occuper ses rondes. Cela lui suffit. Pas trop d’espoir, pas trop de projections dans l’avenir. Fais l’effort, Drago. Tu vas sortir des ténèbres, un pas après l’autre.

— Bonsoir, Drago !

Le docteur Collins, l’homme qui l’a accueilli le premier jour à l’hôpital, salue Drago de retour de l’une de ses promenades quotidiennes. Cela fait un peu plus d’un mois maintenant qu’il a intégré le programme de recherches :

— Vous avez de la visite aujourd’hui. Si vous êtes prêt.

Drago hausse un sourcil :

— De la visite ?

Spontanément, il ne peut empêcher son cœur de bondir dans sa poitrine. Serait-ce Hermione ? Est-elle prête, finalement, elle aussi, à faire à nouveau partie de son monde ?

— Oui. Je l’ai fait monter dans votre chambre. Il vous attend, mais si vous ne vous sentez pas d’attaque, il n’y a aucun souci, d’accord ?

Drago se trouble. Son visiteur est de toute évidence un homme, mais qui ?

Au fond de lui, ses vieux instincts se réveillent, plus forts que jamais. Mais il les combat avec tout le savoir accumulé ces derniers mois. La curiosité, Drago. Tu veux savoir qui est ce visiteur. La curiosité est l’une des meilleures choses en ce monde. Elle nous pousse vers le haut. Elle nous donne l’envie de nous dépasser, de découvrir, d’explorer au-delà des limites de ce que l’on croyait possible. Accroche-toi, Drago. Fais l’effort. Tout ira bien.

Drago hoche la tête :

— Je vais y aller.

Son médecin sourit, fier de lui. Il laisse Drago remonter seul vers sa chambre.

En poussant le panneau, Drago reconnaît immédiatement la dernière personne qu’il s’attendait à voir en guise de première visite :

— Weasley ? s’exclame-t-il sans retenir un sourire.

Il n’a pu s’en empêcher. C’était naturel, aussi instinctif que sa peur initiale. Weasley est un visage sorti du passé, l’un de ces milliers de fantômes avec lesquels il s’est débattu durant toutes ces années, jusqu’à en venir à l’aimer, d’un attachement infiniment profond, et sincère. Il est vraiment heureux de le revoir :

— Qu’est-ce que tu fais là ? s’entend-il demander, sans perdre la chaleur dans sa voix.

— Je suis venu te voir, bien sûr, répond l’Auror en s’avançant à sa rencontre.

Il lui serre la main, et tous deux reste ainsi quelques instants, debout l’un en face de l’autre, comme dans une scène surréaliste sortie d’un autre temps. Tous deux semblent surpris d’être aussi contents de se retrouver. Weasley ne peut détacher son regard de Drago, analysant chacun de ses traits au crible de ce qui s’est passé la dernière fois qu’ils se sont vraiment parlé :

— C’est dingue, souffle-t-il finalement. Tu as tellement changé, et en même temps…

— C’est le régime de la prison. Peu de calories, peu d’exercice. Je ne te recommande pas trop.

Weasley sourit, mais sur son visage plane l’ombre de tout ce qu’il n’ose pas dire :

— Je suis désolé, dit alors Drago spontanément. J’ai beaucoup repensé à ce qu’il s’est passé dans ma boutique, il y a trois ans…

Weasley baisse les yeux, mais Drago ne se démonte pas :

— Je suis désolé d’avoir agi sur un coup de tête comme ça, juste devant toi… Je n’avais pas à t’infliger ça. Je suis désolé d’avoir été aussi impulsif.

— Étant donné les circonstances, c’était compréhensible… Je ne suis pas sûr que j’aurais réussi à me maîtriser mieux que toi.

Drago hoche la tête, avec un léger sourire d’excuse :

— Merci de ne pas m’avoir neutralisé pour de bon, ce jour-là.

Weasley balaye sa remarque d’un geste de la main :

— C’est tout naturel.

Il reprend, après une pause un peu plus longue :

— Moi aussi, je voudrais m’excuser… Pour ce que je t’ai demandé cette fois-là. À propos de mes souvenirs, d’Hermione. C’était cruel, et totalement déplacé. J’ai eu le temps d’y repenser depuis, et j’ai eu honte de moi, je te l’avoue… Pardonne-moi.

Drago acquiesce, poussant même son audace jusqu’à lui presser le bras :

— C’était compréhensible aussi.

Puis, prenant sur lui de ne plus chercher à éviter l’inévitable :

— C’est elle qui t’envoie aujourd’hui ? demande-t-il. Hermione ?

Weasley soupire, secoue la tête :

— Non. Je suis venu de ma propre initiative. Je ne savais pas si elle était déjà venue te voir ou non, je n’ai pas osé lui demander.

— Comment va-t-elle ?

Weasley hausse les épaules :

— Très bien. Très occupée, comme d’habitude. Après ton procès, le Ministère lui a confié la fondation d’une nouvelle cellule de recherche sur les maladies psychologiques magiques, donc tu te doutes qu’elle était surexcitée… Elle est ici, d’ailleurs. À Londres. Ses locaux sont juste à côté du Département des Mystères.

Drago acquiesce à chaque nouvelle parole de Weasley, perdu dans ses propres pensées. C’est la première fois qu’il ose vraiment, frontalement, demander des nouvelles d’Hermione. Et il les demande à celui qui fut son grand amour de jeunesse…

— Est-ce que vous deux, vous êtes...

Il hésite, mais se lance malgré tout :

— Est-ce que vous vous voyez toujours, elle et toi ?

Son esprit reste soudain fasciné par l’anneau doré qui brille à l’annulaire gauche de Weasley. Une bague magnifique, aux reflets délicatement incisés, qui ne peut signifier qu’une seule chose :

— Oui, on se voit toujours, livre l’Auror d’un air un peu embarrassé. Mais… pas comme tu l’entends, je suppose. On est amis, elle et moi. De temps en temps, quand tu lui manques trop, on sort boire un verre de Whisky Pur Feu, et on rapporte la bouteille à la maison. Elle me raconte comment tu la faisais se sentir en vie, et je lui rappelle à quel point tu étais chiant. Ce genre de trucs, tu vois. Normal.

Drago rit, d’un rire un peu nerveux, pour cacher son soulagement profond, mais Weasley ne peut ignorer l’éclat brillant qui transparaît soudain au fond de ses yeux. Il brandit sa main gauche devant lui :

— Entre-temps, j’ai suivi tes conseils, tu sais. Bon, ils étaient très mauvais, pour la plupart, mais… tu avais raison sur un point, malgré tout. Je me suis marié.

Drago éclate de rire. Autant pour laisser échapper sa joie que toutes les autres émotions qui l’assaillent simultanément :

— Marié ? Tu as donc trouvé quelqu’un capable de te supporter ?

— Oui ! J’ai eu du mal à y croire, moi aussi, mais… Elle est formidable. Très différente d’Hermione. Mais en même temps, je ne lui demande pas d’être Hermione…

Dans ces seules paroles, Drago mesure à quel point Weasley a grandi. Une petite voix en lui l’encourage à penser qu’il y est un peu pour quelque chose, et c’est agréable.

— Félicitations, dit-il sans avoir à se forcer.

— Merci. On attend une petite fille pour dans trois mois. Tu ne pourras pas échapper à tes responsabilités, j’en ai bien peur.

— Quelles responsabilités ?

— C’est toi qui m’as encouragé à vivre, tu te souviens ? Il va falloir assumer les conséquences maintenant !

Drago s’esclaffe à nouveau, rayonnant. Il n’en revient pas de voir à quel point cette visite de son ancien ennemi le ravit autant. À quel point il peut éprouver du bonheur grâce à quelqu’un d’autre. Il ne se contente plus de ses redécouvertes personnelles : il se laisse contaminer par les interactions d’un autre, et il n’a pas envie de lutter. Peu importe si c’est beaucoup, et si son esprit fragile vacille encore sur ses bases : il accueille ces bonnes nouvelles à bras ouverts, et il n’a plus envie d’en avoir peur.

— Tu devrais passer à la maison, un de ces jours, lui glisse alors Ron en lui tendant un petit papier, où il a noté son adresse. Ou écris, si tu préfères. On reste en contact, d’accord ?

Drago acquiesce. Que pourrait-il ajouter de plus ? Tout est trop parfait. Weasley prend congé de lui sur ces quelques paroles échangées, et en voyant la réalité se vider de sa présence, Drago se rend compte qu’il peut tenir seul sur ses jambes. Que même si ces retrouvailles l’ont grisé d’un plaisir entêtant, il est capable de survivre à son départ, à son absence, et de se retrouver seul à nouveau dans sa petite chambre d’hôpital. Il réalise également qu’avec cette visite de Weasley, c’est son passé tout entier qui a frappé à sa porte ce soir, et qu’il ne tolèrera plus longtemps d’être maintenu à l’écart. Désormais, la nouvelle du retour de Drago va se répandre comme une traînée de poudre auprès de tous ceux qui l’ont vraiment connu, et alors, le défilé des réunions ne pourra plus s’arrêter.

Le lendemain, c’est Harry Potter, l’Élu du monde sorcier en personne, qui frappe à sa porte. Drago l’accueille avec la même chaleur qu’il a éprouvée envers Weasley. Peut-être même plus, car il sait à quel point Potter s’est battu pour lui dans son inconscience, à quel point il a fait valoir ses circonstances atténuantes pour ne lui obtenir que trois ans de prison, et à quel point il a tout fait pour retrouver et enfermer les autres responsables de la mort de Narcissa.

Rien de tout cela n’est évoqué ce soir-là, tandis que Drago et Harry s’accordent une accolade fraternelle qui réconcilie tout, enfin, après toutes ces années d’affrontements et d’incompréhension. Le reste de la soirée, ils le passent à boire de la Bièraubeurre en contemplant les étoiles filantes par la fenêtre ouverte de la chambre, se livrant sur tout ce qu’ils n’ont jamais échangé ensemble : leurs enfances respectives, leur adolescence, leur ressenti de la guerre à l’époque, et tout ce qui aurait pu les rassembler, au lieu de les diviser. Ils ne s’atermoient pas en regrets, en hypothèses stériles. Mais ils prennent la peine, enfin, de revisiter ce passé douloureux, et de l’éclairer d’une lumière nouvelle, commune. La lumière du pardon. L’un pour l’autre, et aussi envers eux-mêmes.

Lorsque Potter finit par s’en aller ce soir-là, Drago est un brin éméché. Cela aussi, c’est perturbant, lui qui se sent déjà constamment enivré par le monde autour de lui. Il part se coucher rempli des souvenirs du passé, d’une tristesse familière, mais qui ne le blesse plus comme elle le faisait autrefois. Il souffre parce que c’est normal. Mais cela ne le détruit pas.

Le surlendemain, c’est une lettre de Weasley qui lui parvient, pour l’inviter à dîner chez lui, près du quartier de Camden. Drago ne prend pas la peine de demander l’autorisation à son médecin. Petit à petit, il réapprend à devenir un adulte à part entière, indépendant. Capable de ses propres décisions.

Il passe la soirée suivante dans la petite maison que Weasley s’est dénichée avec son épouse Joanna, radieuse et pleine de bienveillance à son égard.

Trois jours plus tard, une nouvelle lettre, cette fois-ci de Potter, qui prend innocemment de ses nouvelles. Une correspondance se met en place, peu à peu, naturellement. Drago écrit toujours à Johnson. Il sort boire un verre avec Weasley de temps en temps, il visite l’appartement de Potter. Insidieusement, il sait qu’il se rapproche ainsi de plus en plus du monde d’Hermione, mais il s’efforce de ne pas trop y penser. Le moment viendra pour eux. Il viendra. C’est la seule certitude que Drago s’autorise à nourrir.

En attendant, il s’habitue peu à peu à avoir ce petit monde réuni autour de lui. À avoir des correspondants qui attendent ses lettres, et dont il attend des nouvelles en retour. À avoir des amis. Il parvient même à débaucher son médecin pour le laisser lui montrer ses bars préférés dans le centre de Londres. La première fois qu’il fait une sortie commune avec Weasley et Potter, il a l’impression de vivre enfin une jeunesse fantasmée, comme il n’aurait jamais osé en rêver lorsqu’il était adolescent. Le trio d’or. Et s’il avait pu en faire partie, depuis le tout début…

La presse le laisse étonnamment tranquille. Les gens, dans la rue, le laissent étonnamment tranquille. Même s’il attire toujours les regards partout où il va, Drago semble susciter un mélange d’incertitude, de crainte, de sollicitude et de respect qui maintient les curieux à l’écart. Il ne s’en plaint pas. Il s’habitue à un quotidien qu’il se surprend de plus en plus à apprécier. À mesure que le programme de recherches progresse, et touche à son terme, il commence même à penser à l’avenir. Il visite quelques appartements, demande à Potter son avis sur certains d’entre eux. Il va voir l’épouse de Weasley deux étages en dessous, à Sainte-Mangouste, lorsque celle-ci met au monde une petite Rosamonde. Il se doute qu’Hermione va venir rendre visite aux heureux parents elle aussi, si elle n’est pas déjà venue. Mais il ne cherche pas à provoquer une rencontre. Il va voir Joanna en dehors des heures autorisées, et il ne s’attarde pas trop, laissant Weasley tout à son bonheur étourdissant d’être devenu père.

Le passé comme l’avenir se font chaque jour plus pressants, néanmoins. Un matin, ce sont Jonathan et Édith Granger qui frappent à la porte de Drago. L’espace d’un instant, le jeune homme ne peut cacher sa surprise. Il les reconnaîtrait à peine. Jonathan arbore toujours son look d’aventurier, qu’il a l’air d’avoir adopté plus que jamais, même au plein cœur du sévère quartier de Bloomsbury, tandis qu’Édith s’épanouit dans son style discret tout en élégance.

— Jonathan ! s’exclame Drago lorsqu’il les aperçoit dans l’encadrement de sa porte.

Spontanément, il se lève et serre la main du vieil homme, allant jusqu’à le presser contre lui, avant de se rappeler de qui il a devant lui :

— Je suis désolé, s’excuse-t-il, embarrassé. Je sais que ça doit vous paraître très étrange, mais avec tous les souvenirs qu’on a partagés vous et moi, vous comprenez… J’ai l’impression de vous connaître. Plus que vous ne me connaissez.

Il redoute un instant que ces paroles ne réveillent de vieilles blessures, en particulier chez Jonathan, mais ce dernier hoche la tête avec indulgence :

— Ne t’en fais pas, je me suis habitué à ce que mes souvenirs me jouent des tours depuis longtemps. Je sais bien que rien ne peut être parfait. Et je sais aussi, nous savons aussi…

Il se tourne vers sa femme, qui lui sourit d’un air encourageant :

— Édith et moi savons tout ce que nous te devons, mon garçon. Malgré les hauts et les bas que nous avons pu rencontrer, et même si cela reste très difficile parfois… Nous savons que nous sommes revenus à la vie grâce à toi. Tu nous as ramenés. Alors pour cela… Merci, fils. Merci.

Et alors Jonathan, Jonathan si stoïque, si froid et si empli de colère lors de leurs derniers rapports, tend ses bras vers lui et le serre contre son cœur, de lui-même, dans une étreinte qui laisse Drago tremblant sur ses jambes et envahi de larmes. Édith ne tarde pas à se joindre à leur embrassade, et c’est à cet instant, alors que les mains de Jonathan et Édith Granger se referment autour de lui en une accolade protectrice, parentale, c’est alors que Drago réalise à quel point il est aimé. Il se sent aimé, entouré. Il a traversé l’Enfer pour en émerger avec des amis de l’autre côté, des êtres qui attendaient son retour avec espoir et patience, et qui n’ont jamais renoncé à lui. Aussi improbable que cela puisse paraître, il a tissé des liens au cours de ces derniers mois de sa précédente existence. Des liens qui se sont cristallisés au cœur de lui-même, qui ont survécu au pire de ses abandons, et qui se concrétisent aujourd’hui en une apothéose magnifique.

Dès lors, Drago ajoute Jonathan et Édith Granger à la liste de ses correspondants. Il leur demande discrètement des nouvelles d’Hermione, mais sans chercher à les impliquer dans une histoire qui ne concerne que lui et leur fille. Il ne leur demande pas non plus de taire son intérêt. Doucement, il tient à laisser deviner à Hermione qu’il est prêt à revenir vers elle. Qu’il se prépare à la rencontrer à mi-chemin, à la frontière entre la lumière et les ténèbres, entre le crépuscule et l’aube, dans cet entre-deux où ils se sont quittés il y a si longtemps, et dont il est prêt à s’extraire aujourd’hui.

Quelques semaines plus tard, il est temps pour Drago de quitter l’hôpital. Il a décrit aux médecins toutes les étapes de sa maladie. Il s’est prêté de bon cœur à toutes les expériences étranges que les spécialistes ont pu imaginer pour tester la redécouverte de ses sens. Il a mis de côté l’argent qu’on lui a offert en retour, et il a jeté son dévolu sur un petit appartement douillet, à l’extrême lisière de Londres, non loin du cimetière de Highgate où Hermione et lui avaient vécu un instant de grâce, si longtemps auparavant…

Juste avant de partir, son médecin lui adresse ses dernières recommandations :

— J’ai reçu ceci peu de temps après votre arrivée à l’hôpital, lui confie-t-il en lui tendant une lettre toute froissée, trempée de pluie et d’hésitation, signée d’une écriture caractéristique. Je n’étais pas sûr que vous seriez assez solide pour la lire, à ce moment-là… Mais maintenant, je le suis. Bon courage à vous, Drago. Vous êtes quelqu’un de remarquable.

Drago s’est figé en reconnaissant l’écriture. Mais, avec toute la volonté acquise au cours de ces derniers mois, il hoche la tête et répond au salut de son médecin :

— On se revoit jeudi soir pour un petit billard au Old Alliance, de toute façon, lui glisse-t-il avec un clin d’œil.

Le médecin rit, acquiesce. Drago transplane dans son nouveau chez-lui. Il s’est acheté quelques meubles pour rendre son quotidien plus confortable que celui qu’il se réservait autrefois dans sa cave. Il a aussi réussi à récupérer certaines de ses anciennes affaires, notamment ses livres, sa Pensine et son matériel de potions, placés sous scellés au Ministère de la Magie depuis son arrestation. Potter et Weasley ont fait le nécessaire pour l’aider.

À présent, seul dans son nouveau salon qu’il a pris soin de décorer d’une dizaine de plantes, Drago se tient debout dans la lueur du soir, seul avec lui-même et en lui-même, tenant à la main une lettre de son père. Il a peur, mais il ne cherche pas à le renier. Il ne cherche pas à fuir. Il est suffisamment fort, désormais, pour savoir qu’il est prêt à refermer aussi ce chapitre de sa vie.

Il décachète la lettre, d’un seul geste sec, et en parcourt rapidement les lignes, tracées d’une écriture aussi brisée que l’esprit qui les a pensées :

« Tu l’as fait. Je ne sais pas si c’est ce qu’elle aurait voulu, mais justice est faite à présent. Tu as fait ce qu’il fallait. Merci, pour elle ».

Drago avale sa salive, inspire et expire, lentement. La douleur remonte en lui comme un serpent venimeux et y laisse son empreinte. Mais dans le même temps, il se sent plus léger. Sans savoir exactement ce qu’il espère avec une telle initiative, il s’assoit à son bureau, attrape son encrier, et ajoute Lucius Malefoy à la liste de ses correspondants. Il écrit simplement : « Merci, Père ». Cela suffira, pour l’instant. Il a fait l’effort. Le temps dira si Lucius Malefoy le fera aussi.

En attendant, Drago range soigneusement la lettre auprès de toutes les autres, et il entame officiellement la nouvelle étape de sa vie.

Il n’a pas encore suffisamment d’argent pour se racheter une boutique, mais il parvient à convaincre Gringotts de lui accorder un petit emprunt, pour louer une échoppe sur le Chemin de Traverse. C’est autrement plus voyant et lumineux que son précédent commerce, mais ce changement lui fait du bien. Il s’expose aux clients sans plus redouter leur réaction, ni chercher à cacher son nom. L’enseigne s’appelle toujours « Artisan Mémoriel ». Mais le service a légèrement changé. Désormais, Drago aide les sorciers atteints du même mal que lui. La dépression magique. Ce tabou que la société sorcière refusait de reconnaître, à peine quelques années plus tôt. Il aide aussi les patients souffrant de troubles de la mémoire, tels que la maladie d’Alzheimer. Fort de son expérience auprès des parents d’Hermione, il sauve les souvenirs déficients avant que ceux-ci ne soient définitivement perdus. Il restaure l’esprit de patients qui se sentaient sombrer peu à peu au fond d’eux-mêmes, comme cela lui est arrivé pendant si longtemps. Il combat l’oubli, là où auparavant, il le promouvait…

En cela, il a conscience de se jeter sur la voie qu’Hermione désirait pour lui. « Qui sait le bien que nous pourrions faire, Drago », lui avait-elle dit un jour. Elle prétendait que cela aurait bien davantage de sens que son activité première, et comme toujours, elle avait raison. Dans ce nouveau quotidien qu’il se constitue peu à peu, seul, entouré de son petit cercle d’amis fervents, Drago a l’impression de se sentir utile. De guérir les autres infiniment plus qu’il ne l’a fait ces dix dernières années. De se racheter, enfin, après s’être finalement pardonné à lui-même.

Alors, un soir, Drago décide qu’aujourd’hui, c’est le bon moment. Il se sent plein, serein, entier. Il se sent lui-même. Amoureux de la vie comme il aurait toujours dû l’être. Conscient de ses faiblesses, prêt à les affronter, aussi indulgent qu’exigeant envers lui-même, ouvert aux autres, au monde, mais surtout, prêt à s’ouvrir à elle, à nouveau.

Drago transplane dans la rue d’Hermione.

La jeune femme a déménagé depuis son arrestation. Il le sait car Potter et Weasley se sont arrangés pour discrètement lui donner sa nouvelle adresse au détour de l’une de leurs conversations. Sans doute n’a-t-elle pas souhaité s’enterrer dans le passé, comme elle l’a fait pendant bien trop d’années. Elle a laissé le souvenir de leur quotidien ensemble derrière elle, pour s’installer dans l’un de ces jolis appartements près de Trafalgar Square.

Drago inspire à fond. C’est l’automne. Leur saison préférée à tous les deux. Depuis le trottoir, il peut sentir l’odeur des feuilles mortes provenant du parc non loin, et le discret relent de pierre et de pluie qui accompagne toujours cette période de l’année. Il s’est habillé simplement, comme il le faisait autrefois : une chemise immaculée sur un pantalon noir ajusté, un long manteau d’hiver au col relevé. Ses cheveux sont plus courts qu’auparavant, mais il a repris un peu de poids depuis qu’il a pris l’habitude de se cuisiner des plats décents. À coup sûr, elle le reconnaîtra… Pas vrai ?

En équilibre sur les marches du perron, Drago jette son incertitude aux orties, avec tout le reste. Il agrippe le heurtoir et frappe trois fois à la porte sombre. Les coups résonnent longtemps dans la nuit tombante. Drago les perçoit presque comme une sentence : le signal d’un acte irrévocable, qui déterminera le reste de sa vie à jamais…

La porte s’ouvre, et l’instant reste suspendu. Elle est là, c’est elle. Hermione ouvre la porte. L’espace d’une seconde, sa réalité remplit tellement la sienne que Drago demeure totalement incapable de réagir. Les mots qu’il avait prévus pour l’occasion s’envolent comme des bulles de savon dans l’atmosphère. Mais ce n’est pas grave. Au final, les mots, les vrais, il les trouvera d’instinct. Il le sait. Il a fait trop de chemin pour se laisser aujourd’hui paralysé par l’appréhension. Aussi, lorsqu’Hermione se décide enfin à rompre leur silence pour parler la première, il accueille ses paroles avec un sourire :

— Je savais bien que tu viendrais, dit-elle doucement.

Drago acquiesce :

— Je savais que tu m’attendrais.

Dans ce seul échange, déjà, ils se sont tout dit. L’accomplissement de tout ce cheminement ensemble porté à son paroxysme : après lui avoir montré la voie, après s’être dévouée corps et âme à sa guérison pendant des années, Hermione l’avait laissé partir, au seuil de la décision critique. Celle qu’il était le seul à pouvoir prendre. Elle l’avait laissé se débrouiller, se reconstruire, et lui prouver ainsi qu’il avait compris cette leçon essentielle qu’elle avait tenté de lui apprendre : pour vivre, vivre vraiment, il faut d’abord apprendre à exister pour soi-même. À s’estimer, juger ses actions avec autant de clairvoyance que d’empathie, à se suffire à soi-même. Tenir seul sur ses jambes, se satisfaire de sa seule compagnie, nourrir ses propres ambitions, ses propres rêves. La salvation ne peut jamais résider en l’autre, jamais. C’est un poids et une responsabilité bien trop lourde à faire porter sur les épaules d’une autre personne. Une injustice. Personne ne devrait se voir attribuer la clé du bonheur d’un autre. L’amour, enivrant et merveilleux, ne peut être qu’un complément d’une existence équilibrée, il ne peut en être la condition. Sans quoi, immédiatement, les toxines s’accumulent, jusqu’à ce que l’ensemble s’effondre…

Aujourd’hui, debout sur le perron de ce joli immeuble dans le froid de l’automne, Drago peut affirmer qu’il a compris cette leçon. Il s’est occupé seul de ce que lui seul pouvait accomplir : affronter son passé, le regarder dans les yeux, le laisser le traverser, en guérir. Avec du soutien, bien sûr, et une volonté sans faille, mais seul malgré tout. Par lui-même. Il a fait l’effort, et c’est sans aucun doute Hermione qui lui en a donné l’inspiration. Qui lui a réappris à vivre, à aimer, à espérer. Mais au final, il s’en est sorti seul. C’est la plus grande fierté qu’il ait éprouvée de sa vie, et il en voit le reflet dans le regard d’Hermione aujourd’hui.

Il n’y a plus qu’une unique question en suspens entre eux. S’aiment-ils encore ? Après tous ces longs mois d’absence, ont-ils encore envie de poursuivre cette aventure ensemble ? Pour sa part, Drago serait prêt à répondre oui, bien sûr, sans hésiter. Mais rien n’est moins sûr pour Hermione. C’est elle qui s’est retrouvée délaissée, abandonnée et désemparée du jour au lendemain, encore une fois, après tout. Drago ne pourrait lui en vouloir d’avoir appris, elle aussi, à vivre sans lui. À se passer de l’amour prodigieux qu’ils ont connu ensemble. À envisager de construire autre chose, peut-être.

Quelle que soit sa décision, en tout cas, Drago est prêt à l’accepter. C’est peut-être le plus grand changement qui s’est opéré en lui depuis son réveil. Trois ans plus tôt, si on lui avait demandé de continuer sans Hermione, il aurait affirmé ne pas pouvoir y survivre. N’était-ce pas ce qu’il avait dit à Weasley, d’ailleurs, juste avant de plonger dans l’inconscience ?

Mais aujourd’hui, sa réponse serait différente. Drago a accumulé suffisamment de ressource en lui-même, désormais, pour savoir qu’il serait capable de survivre à son absence. De continuer à se reconstruire seul, et de s’ouvrir, peut-être, à de nouvelles personnes. Il conserverait ses amitiés précieusement acquises, il embrasserait le souvenir d’Hermione avec tout l’amour qu’il éprouverait toujours pour elle, mais il s’en relèverait, malgré tout. Sa vie, son horizon, ne s’arrête pas à la décision d’Hermione ce soir.

Hermione est-elle capable de lire tout cela en lui, à l’instant même ? Tandis que son regard d’un brun si lumineux parcourt le relief de ses traits, peut-elle suivre en même temps l’évolution de ses pensées, et l’immense chemin qu’il a accompli depuis leur dernière vraie discussion ?

Drago se souvient à peine de leur dernier baiser, de cette dernière fois où il l’a serrée dans ses bras, le matin avant de partir à la boutique, ce fameux jour. Il donnerait tout pour connaître ces sensations à nouveau… Mais le choix est celui d’Hermione.

Drago la contemple à cet instant, pour s’imprégner de sa présence, graver dans sa mémoire ses traits qu’il pourrait reconnaître par cœur dans le noir, à la seule suggestion de son toucher, de son odeur…

Elle aussi est très différente de la jeune femme désespérée qui avait poussé la porte de son enseigne une éternité plus tôt. Elle n’a plus cet air affamé, affamé d’une chance, d’une solution, d’une oreille pour l’écouter, esclave de ses chaînes, de la mission qu’elle s’était assignée… Désormais, elle porte toujours sur elle son air sérieux et travailleur, mais il y a de l’espace pour la vie, malgré tout, dans ce visage qu’elle présente au monde. Elle semble manger à sa faim, dormir, laisser derrière elle une bonne partie de ses soucis, lorsqu’elle franchit la porte de chez elle. Ses boucles brunes ondulent sous la lueur dorée du crépuscule, ses cils accrochent quelques gouttelettes de bruine, ses joues rosissent à peine sous le vent froid. Elle est plus belle qu’elle ne l’a jamais été.

Avant qu’elle parle, rien qu’en la voyant ainsi, Drago lui sourit à nouveau, plus largement. Il se sent tellement fier d’elle, lui aussi. En un sens, ils peuvent au moins se féliciter, tous les deux, que leurs retrouvailles les aient fait grandir. Ils auront appris à guérir l’un avec l’autre, grâce à l’autre, et aussi l’un sans l’autre. Le cycle est complet ; à présent, il ne reste plus qu’à continuer…

Finalement, une décision semble se refermer dans l’esprit d’Hermione. Drago le voit, rien qu’à sa façon de le regarder. Elle s’écarte légèrement pour dévoiler un petit couloir tapissé de soie rouge derrière elle :

— Tu veux entrer ? lui propose-t-elle.

Il y a un avenir derrière cette porte ouverte. Drago lui en propose un meilleur :

— Et si tu m’accompagnais ? dit-il en lui tendant la main.

De minuscules gouttes de pluie viennent aussitôt se déposer au creux de sa paume. Il n’y prête pas attention. Hermione marque un temps d’hésitation, puis sourit, le sourire le plus heureux que Drago lui ait jamais vu :

— Oui ! s’exclame-t-elle en saisissant sa main dans la sienne, d’un élan vif, ferme et sans regret.

Drago l’attire à lui, à l’extérieur, et la serre dans ses bras. La pluie se met à tomber plus fort autour d’eux, comme pour marquer son assentiment, tandis que le soleil brille encore au loin. Drago presse Hermione contre lui ; d’un seul coup, il redécouvre cette dernière pièce du puzzle de l’univers qu’il n’était pas encore parvenu à assembler : son parfum, la sensation de son corps épousant le sien, la douceur de sa peau ; tout ceci lui est rendu, et plus encore, tellement plus…

Hermione se recule un peu, emprisonne son visage entre ses mains en coupe, pour mieux le scruter entre ses larmes :

— C’est le moment ? demande-t-elle. C’est vraiment le moment ?

— Oui, souffle Drago sans la lâcher des yeux.

Ils s’embrassent au beau milieu du perron, indifférent aux regards des passants, aux éléments, à tout ce qui a toujours conspiré contre eux. Ils se retrouvent pour ne plus jamais se relâcher. Prêts à arpenter le chemin de la vie l’un auprès de l’autre, parce qu’ils l’ont décidé, et non parce qu’ils en dépendent.

Prêts à choisir la vie de tout leur cœur, de tous leurs sens.

Dans son inexprimable perfection.

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Bonjour amis lecteurs,

Ça y est, "Perfect Sense" est enfin terminée !! J'espère sincèrement que cette fin vous aura plu et aura été à la hauteur de vos attentes. Je sais que beaucoup d'entre vous redoutaient une issue tragique (me connaissant ^^), mais cela n'aurait pas cadré avec le message que je voulais transmettre à travers à cette histoire : une ode à la vie, tout simplement, et la promesse que l'on peut toujours se relever.

Oui, ceux qui me lisent depuis longtemps savent que j'écris souvent sur la dépression ^^. Ce n'est pas par plaisir d'être sombre, mais c'est un sujet important, qui me tient à cœur, et auquel j'essaye d'apporter ma voix, maladroitement peut-être, car je ne suis pas une professionnelle, mais avec espoir malgré tout.

Si vous êtes vous-même dans une période difficile de votre vie, j'espère vous avoir offert un peu de rêve et d'évasion avec mon histoire, et j'aimerais vous témoigner mon soutien, vous dire qu'il est toujours possible de se relever. Je n'ai pas la prétention de dire que ce sera facile, mais c'est possible, et ça, c'est peut-être tout ce qui compte.

Enfin, si vous aimez ce que je fais, je tiens à vous dire que j’ai déjà publié 2 romans papiers !

Le premier, Ézéchiel, est un thriller psychologique qui parle de la frontière entre le rêve et la réalité, et de la façon dont notre subconscient peut nous manipuler. Avec une jolie romance en prime ;D !

Il est paru le 27 janvier 2021 chez Edelweiss Editions ! Vous pouvez d’ores et déjà découvrir les 16 premiers chapitres gratuitement sur ce site, et le roman est disponible à la commande sur Internet sur le site de ma maison d’édition, ainsi que sur toutes les plateformes dédiées.

Le second, Into the Deep, est un roman fantastique qui explore la fosse des Mariannes, l’endroit le plus profond sur Terre ! Un jeune océanologue y découvre une créature qui pourrait bien remettre en question tout ce qu’il croyait savoir sur les fonds marins, sur la science et, en définitive, sur lui-même…

Il est paru le 12 avril 2022 chez SNAG Fiction, et il est disponible sur Internet et dans toutes les librairies !

Si vous souhaitez soutenir une jeune auteure et vous procurer mes romans, je vous suggère de cliquer sur mon LinkTree, disponible sur mon profil, et dont je vous remets le lien ici :

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Vous y trouverez des liens menant vers mes romans, mais aussi vers mes réseaux sociaux, où je partage toutes mes actualités d’écriture !

Aidez-moi à faire vivre ces beaux projets !! =)

Je vous dis à très bientôt pour de nouvelles aventures,

Nat'

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