Un chapitre
Cinq sens à porter, en portée comme des notes placées qui glissent dans les oreilles gourmandes, à portée de la caresse d'un de ses sens, le premier, l'ouïe.
D'une portée de cinq ou l'un sombra, un autre sens accourt à son secours, qui renifle tout bas, de peur d'éveiller ce curieux qui les dévore, l'un après l'autre. Il suit l'imperperceptible, le fil, la trace de molécules volatiles, que Louis laissa derrière soi.
Trompée du nez et de l'oreille, la portée se déroule, ouvre la voie aux sens qui s'échappent.
Hors de vue, se dilate. Les pupilles explosent sous la lumière et cherchent devant, derrière, l'ombre de ses comparses disparues. La nuit tombe en paupières et la voilà sans repère ; la vue.
Trois sens emportés, d'une oreille gourmande, d'un nez prudent, d'une vue déroutée sans lumière. Deux sens à traiter qui veulent s'en tirer et cavalent pour quitter la portée, mais le temps s'accélère ; a ligne les rattrape en clef de sol adroite, s'enroule et les glisse sur le dos de sa langue... l'essence sous mi, ré, do.
Le goût des sens n'a de sens que si la langue les tient.
À dire ou à gouter, du bruit à l'odeur, de la vue, il saura triompher : le goût dévore tout à portée, toutes les portées, tous les sens...
Un seul en fait peut encore lutter.
Qu'il vous touche, et tout est effacé, jusqu'au goût même des choses
La musique des sens voyage sur les caresses de ta main. Sans elles à quoi bon voir, entendre, sentir et goûter, il n'y a que ta peau à la mienne emportée...
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