L'a Mer

Une minute de lecture


Dans mes litres de chair et de fluides pâteux

Je retiens une mer aux remous fabuleux ;

De formidables monts qui gonflent en tremblant,

Debout, les bras au ciel sur leur tête croupie ;

Et l'horrible fracas qu'ils font en retombant

Affole les pécheurs sur les bateaux de drague.

Ces titanesques flots, en contemplant leurs plis

On croirait voir la mer entière en une vague.

 

On ne peut y trouver de jetée, plage ou port

Ni d’îlot fabuleux aux criques nimbées d’or,

Et pourtant c'est sans fin que sur ce monde d'eau

De longs vents démentiels rugissent leur ivresse.

Le ciel sert de linceul, l'horizon, lui, est clôt ;

Je n'y ai jamais vu de rivage y germer.

Les navires perdus dans le soleil qui baisse

S'y cognent en paquets de gréements englués.

 

Je marche en clopinant ; le rythme de mes pas

Fait changer la marée du flot qui est en moi.

Cependant que je croise un ami au hasard

Et qu'il s'enquit, civil, de mes humeurs présentes,

Je songe à l'ouragan qui remue dans le noir.

Je songe à l'ouragan. Un ouragan, que dis-je ?

Au ballet prodigieux de tornades dansantes

Dont le roulis câlin me donne le vertige !


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