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Notre vie reprit. J’ignore comment les choses auraient tourné s’il n’y avait pas eu cet accident. Un pas malencontreux et je me suis retrouvé bras et épaule en écharpe. Il m’était impossible de m’habiller et de me laver seul.
Sans me demander mon avis, Will m’aida. C’est lui qui me déshabillait et me vêtait. Sa seule remarque fut :
— Quand tu seras guéri, nous irons t’acheter des vrais sous-vêtements de mecs ! Mare de tes slips kangourous.
Je pensais que ce ne devait pas être un magasin classique. Après tout, pourquoi pas ? Au point où j’en étais ! Je n’avais plus aucun repère…
Puis, rapidement :
— Tu vas quand même prendre une douche ?
— Oui ! Tu m’aides à me déshabiller, puis je vais me débrouiller.
— Tu m’appelles si tu as besoin…
Compte là-dessus ! Me faire savonner par un pédé ! Pas question ! Surtout parce que maintenant, je n’étais plus certain de mon indifférence et d’une absence de réaction… Avec l’écharpe qu’il ne fallait pas mouiller et une seule main, la situation est vite devenue impossible.
— Will, je veux bien un peu d’aide ! Tu me savonnes s’il te plait ? Juste un peu…
Par crainte d’une raillerie, je n’osais pas lui préciser de ne pas me toucher le sexe. Il commença par les pieds, les jambes. Quand il savonna les cuisses et leur intérieur, de curieuses sensations m’apparurent. Il continuait en silence, consciencieusement. Il me savonna les testicules, insistant longuement et délicatement. Je serrais les dents et pensais, vainement, au contrôle de la semaine suivant. J’avais fermé les yeux, ne voulant pas voir mon exhibition involontaire. Il aurait pu passer à côté !
— Eh, qu’est-ce que tu fais ?
— Je te décalotte pour te laver le gland !
— Arrête ! Tu n’as pas le droit !
— Mais enfin ! Quand on se lave, on fait comme ça ! Je ne touche pas pour ton plaisir. Ce n’est pas ma faute si tu bandes !
Je me tus. J’ignorais comment on lave son pénis. Il avait sans doute raison. Il le faisait doucement. Peut-être insistait-il plus que nécessaire ? Comment savoir ? Puis il me fit retourner. Il savonna abondamment ses mains et les passa sur mes fesses, puis dans le sillon, de plus en plus profondément. Je n’osais plus de remarque, car là encore, je devinais mon absence d’instruction. Sur le torse, son insistance sur mon mamelon valide fut trahie par son sourire, d’autant que son autre main était redescendue achever le travail, facilité par un déploiement hors de contrôle. Je ne pouvais bouger sans m’inonder mon écharpe. Je rendis les armes, lui abandonnant mon corps. Le savonnage glissa vers des caresses si délicieuses que mon corps en redemandait. Ma libération fut d’une force incroyable, accompagnée si voluptueusement jusqu’à son extinction.
— Je te rince ?
— S’il te plait.
Il m’essuya avec douceur, me fit enfiler mes vêtements. Nous nous sommes retrouvés à table.
— Tu veux que je te fasse manger ?
Nous avons continué à jouer à l’invalide. J’étais son objet, tellement heureux de ce rapprochement. Il ne disait rien, mais je devinais à son air qu’il savait aussi bien que moi que nous venions de franchir un cap. Ses yeux bleus me regardaient avec une infinie tendresse, enfin libre de s’exprimer.
— Nicolas…
— Oui ?
Je redoutais des mots sur ce qui venait de nous arriver. On ne parle pas de cela !
— Ce qui me ferait plaisir…
— Oui ?
— Ce serait que tu dormes avec moi !
Oh ! Quelle merveilleuse demande ! Que j’avais envie de me blottir contre lui !
— Je veux bien. Mais tu sais, je ne peux pas bouger, avec mon épaule.
— Mais je ne veux pas te toucher ! Juste te sentir avec moi !
— Will, cela me fera plaisir.
Que de mal j’avais eu pour prononcer ces mots ! Exprimer un sentiment, exprimer une attirance, une envie, un plaisir.
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