MATIN
Les essences se mêlent à l’odeur du mystère, une ignorance qui allèche les mondes noués aux infinités de leurs facettes… Lié et peu espacé ici l’univers est né sans espace... Sans espace suffisant pour pouvoir fuir tout cet ensemble de monde, en aucun cas l’un d’eux ne serait isolé du reste. Les lois physiques sont emmêlées, embrouillées dans une odeur que je n’explique pas, elles se transforment en une réelle magie, à voir cette fébrile flamme s'étirer le long de mon chapeau, elle pourrait bien détruire un monde ?D’ailleurs la logique s’émancipe – réfléchir à ne plus s’en prendre la tête – où ce nulle part perd de son sens ou vogue dans chacun à la fois. Je flotte dans la Forêt Miloomba, les pieds ancrés sur le sommet d’un arbre au-dessus des nuages.
Tourné vers l’Est, j’attends patiemment l’arrivée de la ligne du jour que j’aperçois au loin. J’ai laissé mon esprit au pied de l’arbre, et seuls comptent à présent les reflets dans les fils des étoiles mourantes. Ma poche en est pleine, de ces cadavres stellaires. Pourtant, je ne les récolte pas : elles viennent d’elles-mêmes, comme si je pouvais leur offrir un quelconque refuge face à l’inexorabilité du jour qui les efface – effort vain, bien entendu. Aucune ne verra jamais le soleil…
Soudain, le vent se lève. Quelques notes disparates résonnent dans mon dos, et les fils restants se pincent comme des cordes de luth. Certains, parmis les plus fragiles, se cassent instantanément. En temps normal, j’aurai déjà réagi et fait taire la flûte fautive, mais je suis incapable de bouger ; les fils, en vibrant violemment, font résonner l’atmosphère, me clouant à mon arbre. Les rafales sont de plus en plus intenses, la flûte hurle dans la nuit, les fils chantent leur fin prochaine et mon corps, pétrifié, se sature de ce brouhaha assourdissant.Le chœur des étoiles à l’agonie cessera à l’arrivée du soleil.
Les pensées fluctuent, s'encavent patiemment dans un creux du temps, que je les retiennent un moment.. même lent, mon chapeau ne me cache pas de la peur qu'elles m'achèveront . Pendant ma course vers nulle part, je cingle le mauvais brouillard par l’éclaircies d'une lumière amenuisant les plus silencieuses. L'aube brûle déjà ma fourrure, l'ombre advient comme ennemi, bien que mon ombre s'agrippe à moi sans pouvoir me couvrir. Le désert lunaire scintille d'un gris glacial dans cette ensemble de roche pourpre, elles fendent le ciel par quelques piliers, les gouffres aspirent les cris du vent par un autre, plus voraces que la détresse. Cramé dans l'impasse du retour de mes erreurs, je file droit vers la sortie du labyrinthe de mes songes.
Le sol commence à me murmurer des sons âcres puis des craquements de tous les environs, le sol s'effondre sous mes pieds...quelle plaie, la lumière s’éteint si vite. Au final je tombe bien bas, dans une grotte. La végétation glauque des cavernes illustre si bien le mystère de ma psychologie... Arrêtons de faire le poète ! Concentre-toi, je dois rejoindre la prochaine nuit, sinon…
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