17 Décembre 2017 – 19h45
Cinéma Les ponts – Paris
Aujourd’hui, j’avais rendez-vous avec Gabriel pour aller au cinéma. Il m’avait appelé le lendemain de notre virée shopping pour me demander de l’accompagner à cette séance spéciale, une vielle rediffusion de son film favori. Gabriel n’avait cessé de me vanter les mérites de ce film, ne se souvenant plus du nom. Il m’avait décrit ce fameux film comme une épique course contre la montre : un père partant à la poursuite de son fils handicapé qui a été enlevé par de méchants esclavagistes. Le père ayant déjà perdu sa femme et ses autres enfants dans une terrible tragédie étant près à tout pour retrouver son rejeton. N’ayant rien contre un bon film d’action de temps à autre, je ne méfiait pas du tout. De toutes façons j’aurais fait n’importe quoi pour Gabriel, sauf sauter d’une falaise. Quoi que. Et je me retrouvais devant le cinéma. Avec à l’affiche un seul film : Le monde de Némo.
Je me mettais donc un peu à l’écart de tous les enfants accompagner de leurs parents, qui me jetais parfois des regards un peu étrange avant d’appeler Gabriel. Celui-ci répondit dès la première sonnerie et sans lui laisser le temps de réagir, je lui demandais :
_ Le monde de Némo, vraiment Gabriel ? Tu aurais pu me prévenir !
Seul le rire de mon meilleur ami me répondit. J’attendis patiemment que la crise soit passé.
_ Je suis désolé de t’avoir menti Alexandre, mais j’avais peur que tu ne veuille pas m’accompagner si je te disais la vérité.
Je soupirais intérieurement.
_ J’aurais peut être été un peu reluctant, mais j’aurais quand même finit par venir Gabriel, et tu le sais non ?
Il y eu un léger silence au bout de la ligne puis Gabriel dit :
_ Je sais Alexandre. Mais ta réaction était vraiment trop drôle !
Je ne pu m’empêcher de sourire. Le caractère blagueur de Gabriel ne ressortait plus autant maintenant, et je chérissait chacune des occasions. Même si je me retrouvais le dindon de la farce.
Une demi heure plus tard, nous étions installés au dernier rang d’une de la petite salle de cinéma et la salle se retrouvait plongée dans le noir. Je m’enfonçais profondément dans mon siège, profitant de la chaleur provenant du corps de Gabriel, nos bras et nos jambes se frôlant parfois.
10 minutes à peine après le début du film, j’entendit un reniflement. Surpris je me tournais vers Gabriel, le surprenant entrain d’essuyer une larme avec sa manche. Je posais une main sur sa cuisse avant de lui chuchoter à l’oreille :
_ Ca va ?
Il hocha la tête, reniflant de plus belle avant de répondre sur la même ton :
_ C’est juste tellement triste, perdre sa famille comme ça !
En finissant sa phrase, Gabriel prit ma main dans les siennes, son corps tourné vers moi. Il ne me lâcha pas du reste de la séance, versant de nombreuses larmes. Ce côté de Gabriel que je n’avais encore jamais vu, cette sensibilité toucha une corde sensible chez moi, et je passait le reste du film à passer régulièrement des mouchoirs à Gabriel et à le regarder, émerveillé.
A la fin du film, Gabriel et moi attendîmes que la foule soit sortie avant de nous extirper de nos fauteuils et de nous dirigé à notre tour vers l’extérieur. Gabriel avait lâcher ma main dès que les lumières se furent rallumées et sa chaleur me manquait déjà. Voyant son visage rouge et bouffi, bien que toujours aussi beau à mes yeux, je proposais à Gabriel de venir manger chez moi, au lieu d’aller au restaurant comme prévu initialement. Il me remercia d’un signe de tête, et nous nous dirigeâmes vers un taxi. Le trajet se fit dans le silence, Gabriel regardant dehors, et moi regardant Gabriel.
Je fit un simple plat de pâtes carbonara accompagné de deux bières et nous nous installâmes au salon pour manger. Une fois repu, sirotant tranquillement nos boissons, je demandais à Gabriel :
_ Ca va mieux ? Tu avais l’air dans tous tes états en sortant du ciné ?
Gabriel rougit légèrement, et baissa la tête.
_ Et Voilà, tu connais mon plus gros secret maintenant…Je suis un cœur d’artichaut quand il s’agit de dessin animé… Ne me parle même pas de Bambi !
Je souris, avant de poser la question qui m’intéressait réellement.
_ Pourquoi aller voir ce film avec moi…Tu n’as pas de copine, ou une fille que tu voudrais draguer ? Je veux dire….Quelle fille résisterai à un homme pleurant devant Némo ?
Gabriel ricana avant de renchérir :
_ Parce que tu t’y connais en fille, toi ? Tu as déjà couché avec une fille au moins ?
Ce fut à mon tour de rougir.
_ Et bien oui, j’ai déjà eu des relations sexuelles avec une fille, il y a très longtemps.
Je fronçais le nez en me rappelant le désastre de ma relation avec Rachel et Gabriel rit de mon expression dégouté .
_ C’est comme si toi, tu couchais avec un homme !
Je tentais vainement de me défendre. Gabriel pris une gorgée de bière avant de me répondre tout naturellement :
_ Oh, mais c’est déjà arrivée… et ce n’étais pas si terrible.
Je recrachais ma gorgée de bière, avant de me tourner vers Gabriel qui me regardait d’un air innocent.
_ Tu es bi alors ?
Gabriel haussa les épaules sans me quitter du regard.
_ Pas vraiment, je me considère comme hétéro, un peu curieux peut être. J’ai eu l’occasion de tester autre chose et je l’ai saisis. De toutes façons, je n’ai jamais eu de vraie relation, ni avec une femme ni avec un homme.
Je regardais Gabriel curieusement. Il avait toujours eu de longues, pour notre âge, relation et il m’avait toujours donné l’impression de ne vouloir être l’homme d’une seule femme. Visiblement, j’avais tort. Mais c’était surement car j’avais désespérément voulu être l’unique de Gabriel. Répondant à ma question silencieuse, Gabriel enchaina :
_ Je te l’ai déjà dit, j’ai beaucoup de dettes, et je ne veux pas m’impliquer dans une relation sérieuse avant d’avoir tout remboursé… Il ne me reste que un ou deux ans, et tout sera réglé.
C’était une raison valide. Et je préférais pour ma santé mentale, que Gabriel reste célibataire le plus longtemps possible. En tout cas, assez longtemps pour qu’il ne puisse plus se passer de moi en tant qu’ami.
_ Et toi alors, des rencontres intéressantes ces derniers temps ?
Je decidais donc de montrer à Gabriel les applications de rencontres que j’avais sur mon téléphone. Zoé et moi, les avions choisie et ma meilleure amie s’était chargé de faire le profils. Pour marquer toutes les bases, les mots de Zoé et non les miens, j’avais trois applications : le mondialement reconnu Grindr, Gaydar et Hornet.
Nous passâmes le reste de la soirée à rire devant les profils idiots que ces applications recelaient.
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