8 Janvier 2018 – 16h47
Cafétéria de l’hôpital Sainte-Croix - Paris
Dès que j’eu le temps, je me ruais vers la cafétéria pour prendre un café et un muffin. Je n’avais pas dormis de la nuit, et j’étais resté au chevet de Claire avec Gabriel jusqu’au début de mon service, pendant que Marie et Dina retournait chez eux pour récupérer quelques affaires et prendre une douche avant de revenir au chevet de Claire, qui passait le plus clair de son temps à dormir. Les résultats de la ponction lombaire serait disponible en fin de journée où demain, en début de matinée, et il n’y avait rien d’autre à faire qu’attendre. La fièvre de Claire avait baissée toutefois, ce qui était un bon signe.
Etant allé directement de la chambre de Claire à faire mes rondes ce matin, je n’avais pas eu le temps de prendre de petit déjeuner, et ma pause de midi avait été interrompue par un gros accident de voiture impliquant un semi-remorque et une dizaine de voitures sur le périphérique. Je sortais tout juste du bloc opératoire et jamais café ne m’avait semblé plus divin. Je m’apprêtais à attaquer le muffin lorsqu’une voix m’interrompit :
_ La place est libre ?
C’était Dina, l’amie de Gabriel. Je lui fit un sourire et lui répondit :
_ Oui, je vous en prie asseyez vous !
Dina posa sa tasse de thé avant de s’assoir sur la chaise en face de moi.
_ Comment va Claire ?
_ Plutôt bien, elle était réveillée tout à l’heure. Je suis sortie pour les laisser en famille.
Dina me fit un petit clin d’œil et je ne pus m’empêcher de demander :
_ Et vous ne faites pas partie de la famille ?
Dina rit en secouant la tête.
_ Je suppose, d’une certaine façon !
Je savais que Dina était née dans le corps d’un homme, mais même un homme aussi gay que moi-même pouvait voir que c’était une femme magnifique. Dina avait une peau d’ébène, et des cheveux noir et frisé, artistiquement coiffée à l’afro, formant un halo autour de son visage. Gabriel m’avait dit que Dina approchait de la cinquantaine mais je lui en aurait donné 35 sans hésitation. Interrompant mon examen, un coin de sa bouche relevé, Dina me dit :
_ Au fait Alexandre, tu peux me tutoyer.
Je souris à mon tour avant d’acquiescer. Nous tombâmes dans le silence alors que Dina buvait son café à petite gorgé et que je finissais mon muffin. Encore une fois, ce fut Dina qui prit la parole en première :
_ Tu es important pour Gabriel, tu sais. Il n’arrête pas de parler de toi.
Je laissais finalement en paix les dernières miettes de mon muffin, levant les yeux pour répondre à Dina.
_ Gabriel est important pour moi aussi, il l’a toujours été.
Dina sembla accepter ma réponse.
_ Tant que tu ne le blesse pas en chemin !
Sur ces paroles, Dina se leva en virevoltant et sortit de la cafétéria sans un regard en arrière.
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