Message secret

2 minutes de lecture

Message secret

Tchièmi,

Lève-toi, drape-toi de ton kita royal,

Que les plis de ce pagne ancien t’enveloppent comme un manteau de dignité.

Il te faudra rougir tes yeux,

Rouges comme le sang des ancêtres,

Rouges comme le crépuscule qui s’efface devant la nuit,

Rouges au point d’émouvoir les cœurs de pierre,

Au point d’attirer les regards voilés de respect,

Rouges pour que les dieux prêtent l’oreille à tes lamentations,

Rouges pour que les hommes entendent ton silence criant.

Yooo !

Ahio ! Salue ce peuple, plein de vigueur et d’espoir,

Parle-leur des jours de gloire et des œuvres bâties,

Raconte-leur les exploits d’hier, les grandes réussites,

Celles gravées dans la mémoire, et celles qui se sont effacées dans les chants du vent.

Dis-leur les mots qu’ils brûlent d’entendre,

Chuchote aux oreilles des anciens des paroles venues du ciel,

Des paroles chargées de sagesse et d’amour.

Puis, assieds-toi, et que ton silence parle.

Tu pourrais laisser tes larmes jaillir comme des rivières,

Mais ton cœur, devenu roc, retient les flots de douleur,

Car tu es un homme, un pilier,

Un homme de force, d'honneur et de dignité.

Regarde-les, ces fils et filles de la terre, assis là, unis comme un seul homme,

Leurs visages perplexes, marqués d’un sourire étrange,

Un sourire qui danse à la frontière du doute,

Un sourire qui cache leur impatience,

Car ils attendent, oui, ils attendent,

Que tu leur révèles pourquoi le tambour a crié.

Toi, batteur de tambour,

Fais parler le cuir tendu de ton instrument,

Fais-le murmurer des chants d’avertissement,

Fais-le crier des vérités cachées,

Qu’il chante pour ceux qui écoutent avec le cœur,

Et qu’ils sachent, oui qu’ils sachent,

Que ce message ne doit pas être crié sur les toits.

Les enfants pourront danser,

Dansez, enfants, dansez sous le ciel lourd de secrets,

Mais que les initiés méditent,

Qu’ils méditent les sons profonds du tambour,

Et qu’ils comprennent.

Le tambour a parlé,

Et le peuple a dansé sous les étoiles voilées.

Ô peuples de la terre !

Prêtez l’oreille à votre Tchièmi,

Le tambour a parlé,

Et il ne se taira pas, pas tant que le message ne sera compris.

Le baobab, ce géant invincible, s’est effondré…

Le baobab est tombé,

Il est tombé, dans un fracas de silence.

Et Nanan, notre Nanan, a mal, profondément mal.

- Mais peut-on guérir cette douleur qui ronge son âme ?

Peut-on effacer cette plaie ouverte dans le cœur de notre peuple ?

Seulement avec le cœur d’un moustique,

Ou la peau d’une fourmi, dit-on.

- Impossible ! Impossible, résonne le vent.

Alors la vieille femme, gardienne des mystères,

A murmuré ces mots :

"Si la guérison est impossible, alors je garderai Nanan,

Je le garderai dans l’éternité des souvenirs."

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Kouabenan ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0