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Aujourd'hui, ça ne se passera pas comme ça. Non ! Ce ne sont pas les pensées sombres qui vont prendre le pouvoir de mon esprit : elles s'insinuent en douceur par tous les pores de ma peau, tentent en forme de vagues diverses et variées d'envahir mon corps, de parler avec la voix des morts murmurant des mots arides, de s'infiltrer entre les lignes qui s'écrivent, d'étaler l'encre des ombres, de noircir les aubes et les brisures de ciel, d'enlaidir les miroirs et de voiler les fenêtres, d'attiser le cœur de la blessure et bloquer les issues. Crier de peur, de haine, de ras le bol, en un appel au secours, d'exclamation, d'acclamation, à tue-tête, à pleine gorge, comme un sourd ou un putois, comme un fou, comme un perdu, comme un enragé. Ce ne sont pas les raisons qui font défaut, mais plutôt la voix qui ne parvient plus à s'époumoner devant l'histoire qui s'écrit à l'envers et le plomb de la nuit qui s'abat sur nos jours. On marmonne encore un peu entre ses lèvres sèches, mais ce ne sont que lambeaux d'éructation, rien de bien convaincant. Espérer plutôt le cri de joie !
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