De retour à leurs vaisseaux, sur la face cachée de la Lune, Lhiréou et les équipages Stellaires sont plongés dans une grande perplexité.

La vie sur cette planète, que les "Hommes" ont baptisée "Terre", leur apparaît étrange. Cette biosphère recèle une vie d’une richesse extraordinaire et une très grande diversité avec des millions d'espèces végétales et animales. Tout cela n’existe pas sur Leaurélia.

Il est très difficile pour Lhiréa & Lhiréou de comprendre pourquoi les espèces appelées "cétacés" par les "humains" n’ont pas réussi à s’imposer sur la planète. Les frères, sœurs et cousins de "Méa" vivent dans un environnement immense. Les océans représentent plus de 70 % de la surface de la planète terre.

Comme les Leauréliens, ces créatures sont parfaitement adaptées à leur environnement. "Méa" respire l’air de la surface, elle est capable de plonger très profond dans les eaux, là ou le soleil s’éteint.

Elle connaît le soleil, la lune, les étoiles. Elle sait si ceux de son espèce sont amis ou dangereux, malades, ou inquiets. Elle lit littéralement à l’intérieur des corps avec ses cris ultrasoniques.

Elle peut parler avec les siens à des dizaines de kilomètres de distance. Leurs grandes sœurs, les baleines bleues, peuvent se parler à plus de 3 000 km de distance. Lhiréou, reste marquée par la musique de leur langue. Elle respire le bonheur de vivre.

"Méa", de façon quasi instantané, n’a détecté aucune agression en elle, de fait elle l'a accepté spontanément. Mais, comme Lhiréou n’a pas eu le temps d’échanger avec "Méa" et les siens, elle ne connaît rien de leur histoire.

D’après les archives "Humaines", décryptées par Lhiréa et ses équipes, les "Dauphins" existent dans les océans depuis 50 millions d’années "terrestres" soit bien plus longtemps que l’espèce humaine sur la Terre.

Quelque part les ancêtres des Leauréliens, ont de fortes similitudes avec le peuple de "Méa", estiment Lhiréa & Lhiréou. Cela ne leur donne toujours pas la clef pour comprendre pourquoi cette espèce n’a pas, comme les Leauréliens, évoluée pour se lancer dans l’espace.

— C’est incroyable Lhiréou ! Une espèce de singes peureux, la moins adaptée à l’environnement hostile, a quitté les arbres pour envahir toute la surface de cette planète.

— D’après leurs archives, la découverte du feu par ces petits singes a permis leur évolution et leur conquête de toute la planète.

— Lhiréa, les peuples des océans de la "Terre", et les frères et sœurs de "Méa" me plaisent beaucoup. Mais je doute que les "Hommes" et les "Dauphins" arrivent à se comprendre.

— Je te rejoins Lhiréou. Les "Hommes" ne voient, dans la race des cétacés, qu’une source de nourriture, ou, pire encore, une concurrence pour leurs pêcheurs, alors qu’ils ne sont que quelques millions, en regard de 7 milliards "d’Hommes".

— "Méa" craint les pêcheurs, elle nous l’a dit. Ses frères et sœurs sont toutefois bien incapables de voir dans les "Hommes" un danger pour leurs semblables, quand ils accompagnent les bateaux ou jouent avec eux.

— Ils sont là depuis des millions d’années et ils risquent de disparaître, en quelques décennies seulement, dévorés par les "Hommes".

— Lhiréa, nous n’arrivons pas à comprendre le comportement des "Hommes".

— C’est étonnant Lhiréa ! Individuellement ou par groupe ou clan, ils sont capables de grandes réalisations, et de plus en très peu de temps. Ils possèdent une réelle intelligence pratique, elle se développe à une vitesse vertigineuse (il y a moins de 60 ans qu’ils utilisent l’énergie nucléaire !). Ceci d’après l’interprétation de leurs archives traduites de la langue anglaise.

— Oui Lhiréou ! Il semble qu’ils soient démunis d’intelligence collective. Ils dévorent tout, autour d’eux. C’est normal avec cette croissance exponentielle de leur population.

— Lhiréa leur comportement est très étrange ! Ils agissent comme si la terre entière était leur petit jardin, comme du temps où ils étaient encore de simples cultivateurs. Il semble qu’ils ne perçoivent pas la planète sur laquelle ils vivent ! Je souhaiterais comprendre plus en profondeur le fonctionnement de cette biosphère. Elle s’est emballée comme une chaudière qui va exploser. Je ne pourrai pas le faire simplement avec des allers-retour en navette de la Lune.

— Réa, vous semble-t-il réalisable d’installer un de vos vaisseaux sous l’océan de façon à ce qu’il ne soit pas repéré de la surface ?

— Je pense qu’il n’y a rien d’impossible à cela, bien que je vous rappelle qu’ils sont prévus pour naviguer dans l’espace et moins pour servir de sous-marin !

— Réa, je ne vais pas installer une base sur la Terre. Il me faudrait l’accord du Grand Conseil des Gardiennes de la Vie.

— En installant le vaisseau ainsi, de façon temporaire, nous resterons dans une phase d’exploration, Lhiréa qu’en penses-tu ?

— Lhiréou, je te comprends, mais il te faudra prendre un maximum de précautions.

— Dans ce cas nous allons étudier, plus en détail, la géographie pour ne pas nous installer à proximité immédiate de zones trop fréquentées par les "Hommes".

— Merci infiniment Réa.