Témoignage 1

2 minutes de lecture

J’ai eu de la chance.
J’ai été hospitalisé pendant trois semaines dans un hôpital psychiatrique de la région parisienne.

Je suis transmasc*, gay, et je n’ai jamais eu aucun souci avec les équipes médicales tout au long de mon parcours psychiatrique.

Pour vous dire, on m’a même fait mon injection durant mon hospitalisation. Aucune remarque, rien.

Je n’étais pas out en tant que trans’ auprès des autres patients, mais mon copain m’a souvent rendu visite. J’étais stealth, c’est-à-dire que je passais pour un garçon cis* auprès de la majorité des soignants, et de tous les patients.

Les personnes dont j’étais le plus proche à l’hôpital ont vite compris qu’on était gays, et étaient plus attendries qu’autre chose devant l’amour qui nous unissait.

Elles nous ont plutôt dit de faire attention, que certaines personnes nous causeraient du souci - c’étaient deux vieilles femmes, attendries plutôt qu’endurcies par la vie et la maladie mentale. Elles nous ont couvert de leur regard protecteur, elles nous ont aidés à passer inaperçus auprès des patients dont elles pensaient qu’ils n’accepteraient pas notre homosexualité, bref, elles ont été adorables.
Quant à mon psychiatre, je le soupçonne lui-même d’être gay. Il est un peu twinkisant*, je l’imagine bien être le top avec mon psychologue, lui plutôt bear mignon. Ma transitude n’a jamais été un problème, ni pour l’un ni pour l’autre. A leur décharge, il faut dire qu’en stade avancé d’anorexie, traversé de puissantes pulsions suicidaires, ils avaient d’autres sujets plus importants à traiter.
Mais même aujourd’hui, alors que je suis sorti depuis plusieurs mois, et que je continue avec eux le suivi - je sais, je suis incroyablement chanceux dans toute cette histoire - mon copain a pu m’accompagner à des séances, et pas une seule seconde notre homosexualité n’a été un sujet, ni un tabou.

Je peux parler de toutes les facettes de ma vie, y compris la transphobie et l'homophobie que je rencontre ou ai rencontrées, tout en étant parfaitement à l’aise, sachant que je ne serai ni jugé, ni anormalisé.

Je les aime de tout mon cœur, et leur serai éternellement reconnaissant de tout ce qu’ils ont fait pour moi. Je sais que mon cas est une exception, mais j’ai reçu les meilleurs soins possibles. Même avec cela, je conserve des traumatismes de mon hospitalisation - l’enfermement, la vérification des barquettes après les repas, l’absence totale d’intimité - alors je me doute qu’avec des soignants et des patients moins bienveillants, ce doit être terrible.

Je voulais juste dire que parfois, ça pouvait bien se passer.

C’est rare, exceptionnel même, mais ça arrive.

Aujourd’hui, je vais mieux. Je ne me mutile plus, ou presque ; je n’ai pas fait de TS depuis deux mois (pour moi, c’est beaucoup !) et je remange à ma faim, moi qui ai été anorexique pendant des années.

Notes (ajoutées à posteriori) :

* transmasc', abréviation de transmasculin : un homme qui auparavant était une femme. Pour une femme qui était auparavant un homme, on dira transfem', pour transféminine.

* cisgenre : du même genre que celui donné à la naissance, par opposition à transgenre.

*twink : une manière de catégoriser les hommes gays jeunes et minces, par opposition aux "daddys", plus âgés et trapus.

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