B & B
B & B
Deux protagonistes; Lui c’est Ben, et elle… Ben ne le saura peut-être jamais, mais c’est Béatrice.
Ben est en location avec des amis à la montagne. Il est à ce stade de la vie où rien ne trouve grâce à ses yeux : il ignore pourquoi mais tout l’ennuie, et la routine le tue. Le ronron de son boulot, sa faible motivation à se mettre en couple, l’impression d’avoir fait le tour des sports qu’il aime pratiquer… La montagne, paraît-il, recharge les batteries et permet de faire le vide dans la tête parfois nécessaire pour réécrire une page de vie.
Donc Ben n’est pas seul : il y a trois bons copains, ainsi que deux filles qu’il ne connaît pas. Voilà deux jours qu’ils sont tous là, à buller ou randonner la plupart du temps. Une des deux filles, Cynthia, pas très subtile, n’a de cesse d’envoyer des signes à Ben depuis le début du séjour. Elle a clairement envie de lui comme on peut avoir soudain envie d’une bonne viande rouge, comme poussé par une sorte d’ancestral héritage génétique qui aurait été laissé par les Cro-Magnon, et qui se manifeste aléatoirement dans le comportement des hommes ou femmes de l'ère moderne…
Mais cette Cynthia, ne lui plait pas spécialement, c’est une fille trop facile. Elle est trop directe, ne parle que d’elle et est artificielle. Cela dit, Ben est célibataire, et il hésite à concéder un rapprochement avec elle, prête à se donner au lit en un claquement de doigt… Après tout la chair est faible !
Cynthia n’y va pas avec le dos de la cuillère, c’est même à la louche qu’elle sert à Ben des signaux. Il suffit de voir comment elle se frotte à lui quand ils sont amenés à se croiser dans le couloir du chalet, alors qu’il y a largement la place. Ou il y a ces fois où Cynthia se lève du banc de la table à manger, ne manquant pas de montrer sa petite culotte en dentelle à Ben. Il mettrait aussi sa main à couper que Cynthia attend qu’il se lève et sorte de sa chambre le matin pour sortir de la sienne en toute petite tenue transparente, en prétendant être surprise de le trouver là dans le couloir alors qu’elle voulait juste discrètement aller à la salle de bains. Une fois, oui, mais trois d’affilée, ce n’est plus une coïncidence !
Au quatrième jour du séjour, une soirée arrosée réunit tout le monde au chalet. Alors que la musique joue à fond dans la location, Ben décide de faire une pause au milieu de la fête et sort s’asseoir au fond du jardin, tout seul, une bière à la main.
Il soupire parce qu’une fois de plus aucun suspens ne l’excite : il sait qu’il n’a qu’à lever le petit doigt s’il veut « se faire » Cynthia, et ça lui fait ni plus ni moins l’effet d’une viande déjà découpée et froide lancée à un lion dans son enclos. Aucune prouesse de chasse, aucun mérite de délectation, même pas un choix personnel porté sur la cible. Tant pis pour l’image machiste pas très flatteuse pour la femme.
Le silence autour de Ben parait assourdissant en contraste avec le boxon du chalet, mais il est agréable. Ben se sent bien. Il fait chaud, et il y a un indescriptible parfum d’érotisme dans l’air. Vous savez ? Cet air respiré qui fait monter à l’esprit, sans aucune raison apparente, une mise en éveil des sens inhérents à la sexualité. Comme si on inhalait en une fois une bouffée spéciale qui stimulerait instantanément tous les sens : évidemment le toucher d’une femme nue et attirante, et ce, précédé de la vue de ses formes qui appellent à la conjugaison des corps… Ensuite l’odorat vient célébrer le choix souvent heureux de tel ou tel parfum. Quel art ! Chaque fragrance fait voyager autrement, la subtilité étant de mise car il ne doit pas être trop fort au risque de dominer, au risque de saturer le nez du partenaire et empêcher la détection du parfum naturel de la peau de la partenaire. On optimise moins l’acte sexuel si les phéromones sont ainsi entravées. Là aussi certains instincts primitifs semblent être restés.
Deux autres sens entrent ensuite dans la ronde. Il y a celui du goût, célébré lors du baiser magique où les langues jouent à se passer lentement l’une sur l’autre, telles deux créatures dépourvues de squelette ou articulations : un muscle unique dopé aux contractions par vagues, qui procure d’intenses sensations grâce aux terminaisons sensorielles sur la face dorsale ! Quand on y pense la bouche est une belle incarnation du sexe féminin : des terminaisons nerveuses fines, une muqueuse rose constamment chaude et humide, de micro bourgeons de captation sensorielle. Elle appelle occasionnellement à l’introduction appropriée de certaines choses autres que la nourriture : cela peut aussi bien être un doigt que l’on suce, un lobe d’oreille tété ou bien même un sexe masculin quand le moment est choisi.
Ben en est par ailleurs persuadé : les tétons d’une femme ont un goût qui leur est propre, même si cela vient de son imagination fertile. Il ne se lasse d’ailleurs pas de lécher et embrasser la poitrine de ses partenaires, pour leur plus grand plaisir aussi, faisant de ce préliminaire son approche préférée, associée à un coquin jeu de mains qui parallèlement apprivoise en temps réel d’autres parties du corps de la partenaire, guidées ou pas par celle-ci. Ben aime les étreintes, et adore la superbe phrase: " Rien de meilleur que de s’enlacer sans jamais s’en lasser! "
Mais trêve de digression …
Ainsi perdu dans ses pensées, Ben entend soudain quelque chose qui vient du chalet voisin. C’est une femme qui pleure lui semble-t-il. Il pousse la branche d’un arbre et voit alors cette sublime femme, en maillot de bain au bord d’une piscine extérieure. Son mascara a coulé sur son visage tant elle a pleuré, mais étrangement cela lui donne un sauvage air sexy qui séduit immédiatement Ben. Ses pleurs ont causé un léger gonflement de sa lèvre supérieure, rougie par l’émotion.
Ça ne lui était jamais arrivé de cette manière et avec cette instantanéité, mais quelque chose de spécial l’attira sans lutte possible.
…
Cette femme, c’est Béatrice: elle vient de louer ce chalet voisin, seule, pour oublier un vie quotidienne qui la fatigue et qui l’exaspère. Elle étouffait trop dans sa vie lyonnaise si bien rodée et a décidé, pour la première fois depuis longtemps, de faire un break et partir sans rien expliquer à personne. Son manager peut bien aller se faire voir, cette fois, elle s’offre une coupure franche et ne répondra aux sollicitations d’aucune sorte lors de cette échappée (enfin, ça c’est ce qu’elle croit…)
Elle vient de pleurer, certes, mais elle essuie ses yeux du revers de sa main avant de prendre une coupe de champagne et passer un morceau de musique douce. C’est WAIT de M83. Elle pousse le volume au maximum et décide de faire quelque chose qui va beaucoup plaire à Ben…
Elle se lève au ralenti comme dans une scène de film esthétique à souhait, et elle dénoue le haut de son maillot, qu’elle jette au sol. Puis elle tire sur les cordons de son bas de maillot sur les côtés pour le faire tomber sans lever un pied. Elle est offerte sans voile à la vue de Ben, qui n’arrive plus à fermer sa bouche. Il n’arrive plus à bouger, même pas pour mieux se cacher et se faire plus discret. Il trouve charmant ce choix de toison naturelle à la surface parfaite, loin du vulgaire ticket de métro ou de la négligente abstention de taille de la zone pileuse…
Elle se tient de dos à Ben mais soudain elle croit entendre un bruit: elle se tourne alors vers lui en posant une main devant son pubis et l’autre bras devant sa poitrine. Il observe en silence chaque détail de ce corps si féminin! Il en a pourtant vu pas mal des corps féminins, mais celui-là retient différemment son attention… Chaque centimètre carré l’appelle. Quelques secondes passent, interminables pour le plus grand plaisir de Ben, qui ne bouge toujours pas de peur d’être découvert. Il n’entend même plus la musique de son chalet tant il est absorbé par cette délicieuse scène. Il a l’impression d’avoir devant lui une biche égarée, et complètement vulnérable. Un instant de grâce lui permettant d’admirer le corps d’une femme désirable au sens noble du terme.
D’un bond maîtrisé Béatrice plonge dans la piscine et se met à nager. Son corps nu dans cet énorme volume d’eau, éclairé subtilement par les quelques veilleuses du bassin, donne à Ben l’envie de la rejoindre et de l’attraper. Il s’imagine déjà jouer à la sentir glisser nue sous ses mains, telle une sirène qui refuserait l’approche humaine et chercherait à s’échapper.
Malheureusement c’est à ce moment précis que Cynthia décide d’apparaître et interrompre Ben, faisant éclater cette bulle de rêve en plein vol. Elle s’approche de lui et lui dit à l’oreille qu’elle ne porte pas de sous-vêtements sous sa robe. Cela n’excite pas Ben, contrarié par son arrivée à contretemps et le manque de finesse de sa "révélation". Sa seule source d’excitation ce soir est la scène d’appel au désir dont il vient d’être témoin. Alors en comparaison, Cynthia fait pâle figure. Ben la renvoie et se retourne, les yeux brillants, mais Béatrice a disparu!
…
Cette même nuit, Ben se sent audacieux, et, n’écoutant que son courage, il décide d’aller poser un message anonyme devant la porte de Béatrice qui dit “Une femme comme vous ne devrait jamais pleurer. Vous êtes l’incarnation de la beauté, quelque chose de bon et mérité va vous arriver”.
Quand Béatrice trouve la note le lendemain matin, elle a d’abord peur de l’identité de l’auteur puis elle sourit, et rougit un peu. Elle sort ramasser son maillot de bain laissé au bord de la piscine la veille, quand soudain elle voit quelque chose d’interdit. Cet interdit lui apparait cependant être quelque chose de beau : juste là, par la fenêtre ouverte de la salle de bains des voisins: c’est Ben qui prend une douche! Elle sait qu’elle n’a pas le droit de regarder, que c’est répréhensible, mais ces beaux yeux, ces muscles saillants, lui plaisent. Elle reconnaît Ben car elle l’avait remarqué au restaurant du village deux jours auparavant. Elle avait au demeurant été charmée.
Elle décide alors effrontément de regarder le spectacle qui s’offre accidentellement à elle, et elle sourit en se mordillant le bout de l’index. Ses yeux se posent sur le torse de Ben, ses bras, ses cuisses, ses fesses musclées… Quelle incroyable caméra que sont les yeux ! Un déplacement de focus parfait, une appréciation en trois dimensions imbattable: et pas de développement en chambre noire nécessaire, à l'ancienne, le souvenir peut se retrouver gravé à jamais dans la mémoire.
L’eau ruisselle sur sa peau d’homme et perle sur les poils de son corps, puis il se tourne et elle voit ce beau sexe masculin en harmonie avec tout le reste. Un régal visuel pour ses pupilles, aussi ouvertes que ses papilles!
Cependant deux minutes plus tard, voilà Cynthia qui rentre de force dans la douche, complètement nue. Ben lui demande d’abord de sortir mais elle insiste pour rester: elle essaie de l’embrasser mais il n’apprécie pas vraiment, sans vouloir l’offenser. Il la repousse gentiment, mais Cynthia se met à genoux et entreprend une fellation. Ben est avant tout un homme célibataire, et il est encore émoustillé de la scène de la veille et des rêves qui en ont découlé toute la nuit : il craque et se laisse donc faire. Il faut dire que Cynthia a de très belles formes, on ne peut pas lui enlever cela.
Béatrice est surprise par elle-même mais elle se retrouve à apprécier regarder ça, avant de ressentir de la jalousie. Typiquement féminin. Heureusement, elle a compris que Cynthia ne plait pas à Ben, et en même temps que ça l’amuse, cela la soulage.
D’humeur intrépide, Béatrice va entreprendre à son tour d’écrire un mot complètement surréaliste pour Ben, n’écoutant que son audace. Ça dit: “le sexe, c’est meilleur quand on est avec quelqu’un qui nous plait vraiment, rejoins-moi à minuit ce soir devant ma piscine. Tu connaîtras la différence. Signé: ta voisine.” Béatrice sait quelle chambre est celle de Ben; elle attache le mot à un foulard plié en boule, qui porte son parfum, et le lance parfaitement bien par sa fenêtre ouverte: le mot atterrit sur le lit de Ben. Les dés sont jetés : Alea jacta est !
…
Le soir venu, Ben trouve le mot et hume le parfum enivrant avant toute chose, et ça le rend tout chose. Il le lit et regarde sa montre: il est 0.45 !??
Son cœur s’emballe et il court dehors, saute par-dessus la séparation de jardins et arrive sur la terrasse de Béatrice. Elle est encore là, assise devant sa piscine, de dos à lui, les jambes dans l’eau. Elle sirote un cocktail et est en train de jouer avec une cerise de décoration entre ses lèvres, les yeux perdus dans le vague. La lune se reflète sur la surface de l’eau du bassin et arrive même à faire luire la cerise que Béatrice mordille nonchalamment. Ce soir elle écoute l’envoûtant Child in Time des Deep Purple. Elle a entendu Ben et sait que c’est lui. Elle ne se retourne pas. La chanson la fait littéralement vibrer. Elle sourit, son cœur accélère aussi, ce n’est pas du tout son genre d’agir comme ça, mais c’est exactement ce dont elle a besoin et envie!
Elle lui dit: “Bonsoir. Merci d’être venu. Ne pose aucune question. Approche-toi et écoute.” Ben obéit et s’approche : il a envie de lui attraper les cheveux et l’embrasser fougueusement. Elle continue: “Je veux croire que cette nuit est un rêve, que ce qui va se passer n’est pas vraiment réel. On se fout de nos prénoms, d’où on vient. Je veux laisser s’exprimer mon corps et me donner à toi bel inconnu. Mon instinct me dit que tu es celui qu’il faut. Approche-toi encore, et utilise le foulard que je t’ai donné pour me bander les yeux”. Ce sont les derniers mots qu’elle prononcera. La suite ne sera que la communication innée des corps.
Ben exécute l’ordre et passe le foulard devant les yeux de Béatrice. Il prend très au sérieux la demande de Béatrice et se sent comme sous hypnose, incapable d’analyser la validité morale de la proposition, incapable de réagir par un rire, ou même un sourire. Il agira d’abord mécaniquement, puis on ne peut plus organiquement !
Il peut sentir son parfum et s’imprègne déjà d’elle. Il ne sait même pas comment elle s’appelle, mais dans son esprit, le prénom “Désir “sera parfait ! Ben enlève son t-shirt et décide de passer directement dans la piscine. Béatrice est assise au bord. Il s’approche lentement et écarte avec élégance les cuisses de Béatrice pour passer son corps. Il utilise ensuite la force de ses bras pour se lever à la hauteur de sa belle bouche accueillante.
Il embrasse Béatrice, elle qui passe ses mains dans les cheveux de Ben. Béatrice sourit, elle ne voit rien mais apprécie le moment. Son deuxième sourire est plus joueur, c’est parce qu’elle est en train d’enlever le haut de son maillot de bain. Ben est bouleversé, érotisé, charmé: il se sent invité à descendre sur ces deux beaux seins pointus en léchant la peau légèrement chlorée de Béatrice, qui lève la tête au ciel et gémit tout bas. Ben mouillé venait de donner des frissons à Béatrice dont la pointe des seins la trahissait. Il passe maintenant sa bouche sur le bikini de Béatrice, entre ses jambes légèrement tremblantes. Il caresse l’entrejambe de Béatrice de sa bouche, jouant avec sa langue, ses mains occupées à se maintenir à la surface de l’eau, à la hauteur de la belle inconnue. Béatrice serait-elle un peu fébrile ? Il semble que non… Elle se régale de l’instant.
Les pieds de Ben touchent le fond de la piscine, il redescend donc ses bras qui fatiguent. Il décide alors de prendre Béatrice dans ses bras et de l’enrouler autour de lui. Les seins de Béatrice sont pressés contre lui. Les mains de Ben sont sur les fesses de cette tentatrice. Il presse cette femme contre lui : une juste pression qui se passe de mots pour exprimer une pulsion, une envie de possession. Tous les deux jouent à se frotter l’un à l’autre, en s’embrassant avec passion contagieuse. Ils reproduisent les mouvements d’un acte sexuel en petits allers retours, ce qui excite Ben au plus haut point. Il commence à prononcer des mots de plaisir mais Béatrice place son index devant sa bouche, pour mieux lui rappeler l’interdiction de parler.
Elle sort du bassin, enlève le foulard et entre dans la remise d’équipement de la piscine. Ben la suit sans la moindre hésitation. Il fait noir, il ne voit rien et sent la main de Béatrice lui baisser son short de bain. Ben la sent alors glisser son sexe dans sa bouche chaude et douce. Elle s’est blessé un genou contre un outil, mais ne sent même pas la douleur, emportée par son propre élan de plaisir, à donner et prendre.
C’est si différent d’avec Cynthia. Dans sa manière de faire: rien de sale ou pervers, elle garde son statut de femme sexy et élégante. Ses mains, d’abord dressées sur les abdominaux de Ben, caressent son torse, puis passent derrière épouser la forme de ses fesses, et ses robustes cuisses. Elles caressent aussi la base du sexe si excité, en mouvements circulaires envoûtants. Et quelle douceur, quelle chaleur, quel velours dans sa bouche ! Vu du dessus, à la lueur de la lune dont un rayon passe, le corps agenouillé de Béatrice rappelle la forme d’un violoncelle: partie basse arrondie, ses deux petits pieds dépassant, plus haut, taille fine marquée, puis final sur une divine rondeur de poitrine.
La chanson de Deep Purple est terminée et c’est maintenant l’hypnotique Exchange de Massive Attack qu’on entend. Béatrice est à quatre pattes pour allumer une bougie. À la vue de cette bougie qui attendait, Ben se dit que les évènements ne sont pas si improvisés qu’il n’y paraît. Il est surexcité et voit, à la lueur de la flamme, cette magnifique paire de fesses offerte à lui. Il ne peut plus attendre: il s’approche et dénoue le bas du maillot de chaque côté de son bassin: Béatrice est d’accord et l’aide à aller plus vite. Il n’est pas question de relation anale primaire: le rapport de Ben et Béatrice est tellement bon qu’il n’y a pas de place pour la bestialité… Le Cro-Magnon sera maintenu en laisse pour ce coup !
En plein ébat dont chaque minute est un véritable cadeau du destin, Ben appuie sur le dos de Béatrice pour l’inciter à se coucher au sol, ventre à terre. De la terre se retrouve sur son abdomen et sa joue est collée contre le sol poussiéreux. So sexy ! Ses cheveux blonds se salissent à leur tour, absolument chaque détail contribue à la perfection du moment, comme la scène d’un film érotique pour laquelle on voudrait rechercherait une esthétique et une sensualité irréprochables. Ben lève le genou droit de Béatrice, délicatement, car celui-ci saigne pas mal, traçant comme un arc de cercle au sol, couleur sang mélangé à la terre. Le corps de Béatrice forme ainsi un h couché. Un h parfait : le (h) de harmonie, de hmmm, de horizontal.
Commence alors un rapport profond mais exempt de toute agressivité ou d’empressement. Nulle intention de se la jouer mathématicien ou physicien, mais Ben se dit que l’angle de pénétration est renversant: il procure à l’un comme à l’autre une impression d’occupation optimale de l’espace investi.
Cela dit, même si le rapport commence lentement, la vitesse provoquée par le désir qui augmente prend la suite et s’empare de la partition première de ce concerto des corps. La taille réduite de cet espace de leur jeu érotique donne envie de faire tomber les parois et se donner aux yeux du monde, poussés par un tout puissant sentiment de gloire des sens. A chaque va-et-vient entre les reins de Béatrice le souffle devient un peu plus court.
Ben sent qu’il peut jouir à tous moments et veut ralentir pour gagner du temps, mais Béatrice a elle aussi atteint un point culminant. Elle se cambre de façon espiègle en poursuivant les mouvements de vagues de son corps qui ondule, comme commandé par une pulsion incontrôlable. Elle refuse d’arrêter ou même de ralentir; quand Ben marque une micro pause pour retarder l’orgasme, Béatrice se cambre d’autant plus et s’adonne à une danse du ventre qui accompagne fidèlement la pénétration en allées venues irrésistibles.
Ainsi soit-il : Ben ne peut plus tenir et laisse venir l’explosion des sens, celle qui donne le vertige immédiat et fait atteindre le sommet du plaisir … celle qui ferait vendre père et mère, et donne l’impression qu’on nous pompe tout d’un coup notre vie. Béatrice émet de son côté un gémissement quasi continu, qui ne laisse pas de doute quant à son orgasme. Ben arrive même à se figurer à quelle seconde précise elle a eu le sien, aux légères pulsations qui animent son vagin.
…
Cette fille est partie le lendemain, sans laisser de mot, sans aucune information sur elle. Ben ne sait pas s’il doit être frustré, déçu, être pris de remord de ne pas l’avoir retenue. Mais il se sent avant tout chanceux d’avoir partagé une relation torride le temps d’un ébat magique, qui remet en perspective toutes ces relations fades qui peuvent parfois ponctuer la vie sexuelle. Il a des regrets, mais pas de rancune…
Elle n’a pourtant pas vraiment fait quoi que ce soit de si atypique : tout a résidé dans l’osmose et la perfection de tous les détails propices à un rapprochement physique entre deux personnes.
Comme quoi les femmes ne sont pas toutes égales. Et ce n’est pas Cynthia, déjà en train de lui faire du pied sous la table au petit-déjeuner, qui va remettre en cause cette vérité !
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