Pendant ma promenade, je tombais sur une asiatique, seule au milieu de l'étendue de graminées où trônaient quelques arbres morts. Elle portait une tenue d'écolière tout à fait atypique. Captant ma présence, elle se retourna. Nos regards se croisèrent. Aussitôt, elle pencha les yeux sur la liasse de feuilles qu'elle tenait entre les mains et se mit à lire dans une langue qui n'évoquait pas ses origines. Une langue qui m'était parfaitement inconnue.
Je sentis alors une vague de démangeaisons déferler sur l'intégralité de mon corps, comme si des milliers de fourmis s'étaient immiscées sous mes vêtements. Puis, tandis que je me grattais frénétiquement, cette sensation se transforma en déluge de douleur. Quelque chose me brûlait avec intensité. Je hurlai, paniqué, devant l'indifférence totale de l'étrangère. Malgré mon état, je remarquai que les arbres morts autour d'elle changeaient. Les gélivures s'effaçaient. L'écorce se reformait.
La douleur s'atténua, accompagnée d'un état proche de l'évanouissement. Ma défunte mère apparut pour se pencher sur moi, éthérée. La vie me quittait. Quelques secondes plus tard, j'observais, confus, ma propre enveloppe vieillissant à une vitesse ahurissante jusqu'à n'être plus que tissus désséchés et enfin poussière.
La jeune fille devint silencieuse. Elle souriait devant ces arbres morts qui ne l'étaient plus, et qui se dressaient à présent devant nous, en fleurs et majestueux.