Prologue : image furtive…

Une minute de lecture

Il y a des images furtives qui se fixent durablement dans nos mémoires parfois.

Celle qui me reste ressemble à ce tableau de Vettriano, Seul le rouge profond II, ou du moins ce tableau m’y fait souvent penser…

Ma mère se maquillait assez peu, mais ce souvenir est lié à ce geste très féminin : celui de se grimer dehors un soir, à la lueur d’un lampadaire la nuit tombée.

La case était sommaire, les sanitaires l’étaient encore davantage, alors pour " se faire belle " comme on dit, pour aller danser quelque part, ma mère usa du système D, gestuelle immortalisée par l’objectif de mon père ce soir-là.

Je devais avoir six ou sept ans à l’époque, et jamais je n’ai trouvé ma mère aussi jolie, quand le ballet des ombres la mettait si bien en lumière. En pantalon noir et petit top léger, les pieds habillés d’un vernis aussi écarlate que ses sandales à talons, elle composait avec le muret de pierres sur lequel elle s’était vaguement assise pour profiter de son reflet dans le minuscule miroir du vanity-case qui reposait, en position ouverte, à côté d’elle, de façon à pouvoir peindre ses yeux ou ses lèvres sans déborder.

Aujourd’hui encore, lorsque je m’attarde sur la toile de Vettriano, c’est à elle que je pense, si sublime ce soir-là. Parce qu’il y a des images furtives qui restent, celles que l’on n’oublie pas quand ces êtres chers s’en sont allés déjà…

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