Nous avions rendez-vous. Quelque part. Dans un manoir entre Vérone et Florence.

Moi, je rêvais de romance et d’adultère, d’un amour interdit.

Mais je ne le connaissais pas, je n’avais pas compris.

Dès notre première rencontre, j’avais mis mon cerveau en vacance. Parce qu’il me grisait. M’électrisait.

Et depuis, sentimentale, je me laissais porter. Sans réfléchir.

Notre première escale en Toscane. Une croisière en solitaire, les mille et une nuits.

Je ne savais pas qu’il était comme ça. Je lui faisais confiance, aveugle. Pas de cerveau de secours dans mes bagages.

Obéissante et soumise, je n’étais plus qu’un corps nu, évanescent, alangui sur le baroque d’une méridienne princière. Incapable de penser. De réagir.

Transi d’effroi. Esclave. Pétrifié sous un loup anonyme. Une négation de moi.

Je devenais tout ce que je ne voulais pas. Une femme-objet, une poupée d’adulte.

Celle qu’il avait déshabillée du regard et de ses mains, empressé. Et avec laquelle il allait jouer au docteur.

Lui que je croyais si doux, si tendre. Romantique. Derrière son masque, il n’était rien de tout ça.

L’esprit vide de toute substance, dépouillée de mon âme, je sentais le froid de la lame d’un couteau caresser le velouté de ma peau blanche.

Un bruit de tissu qu’il dézippa s’échoua sur le sol. Feutré. Et puis, j’entendis sa voix. Son intonation glaçante.

— Sachez, ma chère, qu’il n’y a pas d’amour sans souffrance…

Un frisson me fit courber l’échine. Il n’en pouvait plus d’attendre.

Et sans patience, il me transperça avec doigté et maîtrise. De toute part.

Un cri, puis le silence quand tout s’éteignit. Ma dernière heure avait sonné. Mon dernier souffle.

C’était sa façon d’aimer. Dans la douleur et dans le sang.

Je n’aurais pas dû venir.

Je n’en suis d’ailleurs jamais revenue.