Gladys…

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Gladys… Gladys…

La jeune femme gémit dans un sommeil agité.

Gladys… Tu sais que toi et moi, c’est à la vie à la mort… Gladys…

Elle ouvre les yeux dans l’obscurité. Juste pour voir. N’était-ce réellement qu’un simple cauchemar, comme ceux qui tournent en boucle, qui reviennent en un lancinant leitmotiv ?

Pourquoi m’as-tu quitté, Gladys ?

La voix poursuit de son intonation glaçante. La jeune femme allume la lampe de chevet, porte sa petite bouteille d’Evian à sa bouche pour étancher sa soif. Elle jette des coups d’œil inquiets un peu partout dans sa chambre. D’un geste d’une extrême pudeur, elle ajuste la bretelle tombante de sa nuisette de satin. Elle a toujours cette inexplicable angoisse d’exhiber malgré elle un sein…

La voix s’est tue. Le silence est à peine troublé par le chuintement du radiateur en fonte.

Cela fait trois semaines qu’elle dort seule dans son grand appartement. Trois semaines qu’elle a foutu Jordan dehors parce qu’elle l’avait surpris, par un bel après-midi d’hiver, en train de travestir leur petit nid douillet en studio porno, de le grimer avec des hardeurs et des bimbos.

Trois ans de vie commune sans vraiment connaître la personne que l’on aime…

C’est à ça qu’elle pense à l’instant, en passant sa main dans ses cheveux clairs. À Jordan qui la hante, parce qu’elle l’a toujours dans la peau. Un amour qui brûle. Elle frissonne. Le froid sûrement. Et puis, il y a ce voilage qui bâille, qui laisse entrer la lumière ; une faible lueur, certes, mais qui l’indispose. Elle se lève, pose ses pieds nus sur le parquet en chêne, attrape au passage le vieux pull angora qui traîne sur le fauteuil damassé et l’enfile par-dessus sa nuisette. Elle se dirige ensuite vers l’immense fenêtre à croisillons pour tirer le double-rideau opaque, occulter totalement la vue qu’elle offrait au voisinage, à son insu. Là, voilà, c’est mieux… Elle va pouvoir enfin retourner se coucher, et essayer de dormir, un peu.

Gladys…

La jeune femme sursaute.

Tu es belle comme ça, Gladys, avec ce col en V échancré… Ça te va bien, Gladys, le gris angora d’une chatte…

Elle plaque ses mains sur ses oreilles, croit devenir folle.

D’une chatte, Gladys… Une soierie duveteuse, à l’image de celle dans laquelle j’aimais me perdre… Tu te souviens comme c’était bien nous deux ? Bien sûr que tu te souviens… Moi non plus, je n’ai pas oublié… Tu es bandante, tu sais, Gladys… Toutes les nuits, je viens en toi te faire l’amour… Tu ne peux pas m’échapper, Gladys, non… Toi et moi, on est unis pour l’éternité.

Recroquevillée au sol, la jeune femme hurle de toutes ses forces.

Tu es à moi Gladys… Pour toujours, tu m’entends ma chérie ? Pour toujours… Et maintenant, à nous deux ma chienne, ma jolie putain… Je vais te baiser…

Devant son moniteur de dix-neuf pouces, un jeune homme nu se masturbe. Derrière lui, des dizaines de photos de son ex placardées sur le mur. Cela fait trois semaines qu’il vole son intimité par caméras interposées, depuis ce qu’il a humblement baptisé " son bureau ovale ". Trois semaines qu’il prend son pied comme jamais. Il attend son heure, celui du coït suprême. D’abord la violer avec des mots obscènes, avant de terminer en beauté par l’acte physique extrême. Il imposera sa domination sexuelle, sa loi. Parce qu’elle n’avait pas le droit de le jeter comme ça. Alors elle va comprendre, comprendre qui est le maître. Et elle n’aura pas le choix. Parce qu’il a le double de ses clés.

Je vais te baiser, Gladys… Et tu vas me supplier…

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