Se souvenir de Peggy…
" La dernière fois qu’on nage
Une chose est sûre
Me dit toujours Peggy
On ne le sait pas … "
Peggy
Paroles & musique : Bertrand Belin
Il y avait le soleil, tout le temps. Dans le vert d’eau de tes yeux.
Même quand il faisait gris, même quand il faisait froid et que les flots s’agitaient par gros temps.
Il y avait la mer, et les sillons qui se formaient à sa surface à cause du vent.
Et il y avait toi surtout. Toujours malicieuse avec ton rire si haut perché qu’il en effrayait les goélands.
On avait quoi, quinze ans à peine, tu les auras pour l’éternité.
Je te trouvais belle, intrépide aussi à plonger comme ça dans les vagues, de n’importe quel rocher.
Tu n’avais peur de rien, sauf de l’amour peut-être, celui que je te vouais en secret, sans jamais te l’avouer.
L’amour, nous ne l’avons jamais fait. L’amour, c’était trop sérieux, c’était un truc de grandes personnes. Toi tu préférais l’insouciance nappée de mystère, les glaces au chocolat qui laissaient des traces sur nos lèvres, celles qui se sont effleurées un soir d’été.
Tu aimais courir sur la plage, fouler la lande ou le sentier littoral, tu jouais à me fuir pour mieux me retenir parfois, pour retenir ma main.
Je n’aurais pas dû lâcher la tienne ce jour-là, quand ils ont hissé un voile orangé dans le ciel noirâtre. Je n’aurais pas dû mais c’est la mer qui a décidé. C’est son rouleau, plus puissant, plus haut, plus fort que les autres, qui t’a emportée.
Mon chagrin, je l’ai hurlé à gorge déployée. Je l’ai hurlé, Peggy, j’ai hurlé ton prénom mouillé par mes larmes, je l’ai hurlé à m’en déchirer les cordes. Je voulais tellement pas qu’elle t’emmène, que tu partes loin de moi, pas comme ça…
Et puis j’ai détesté la mer, je me suis mis à la haïr de ne jamais t’avoir demandé ton avis, à toi qui l’aimais tellement.
" La dernière fois qu’on nage, une chose est sûre, on ne le sait pas… "
C’était ce que tu disais, Peggy. Et moi, la dernière fois que j’ai nagé, c’était avec toi.
Depuis, je ne nage plus. Depuis, j’interdis la baignade à ma femme, à mes enfants. Pour ne pas les perdre comme je t’ai perdue toi, à jamais.
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