Cicatrices de papier
Malgré ce temps qui passe et émousse mes souvenirs informes, des bribes de bleus à l’âme subsistent quelque part en moi.
Quelques verts-de-gris aux couleurs fanées, quand la tristesse ou la douleur s’estompe à force de la camoufler sous des tonnes de mascara.
Je ne maquille plus ma souffrance, je ne la vomis plus sur des feuilles de papier qui ne cicatriseront jamais.
Je la regarde en face, dans le reflet de ma glace, je sais qu’elle est mon héritage.
Je sais qu’elle fait partie de mon histoire, que l’absence ne s’écrit pas à l’encre noire sur un carnet à spirales, qu’elle est là, qu’elle se vit, qu’on se la prend en pleine gueule sans jamais pouvoir l’esquiver.
Je sais surtout qu’Elle me manque, qu’Elle me manquera encore et encore, que Son sourire, Sa douceur, dans ma mémoire, s’érodent.
Je ne peux pas retenir ces images qui, tel un vieux parchemin, s’effritent ; je ne peux rien retenir.
Il n’y a que le manque qui reste.
Et puis des photos, celles qui parfois jaunissent.
J’ai quelques bleus à l’âme, oui, quelques verts de gris ; des maux couchés sur du papier, des cicatrices.
Car même si la souffrance n’est plus, le manque sera toujours là, inexorablement.
Ce manque de Toi.
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