Elle venait d'être tranferée d'un autre service.

Le parkinson lui donnait un air peu expressif. Semblant totalement détâchée, c'est avec une clareté surprenante qu'elle répondait aux questions. Les troubles cognitifs ne seraient pas une fatalité ?

Puis elle annonça avec aplomb et détachement qu'elle a été violé. Le reste de son discours tenait la route. Aucune raison de douter de son histoire, qui dû être ancienne.

Arrivée à l'épaule gauche, elle évoqua son feu époux. Elle l'aimait son Marcel. Il lui avait bien fracturé l'épaule en voulant l'aider à sortir du lit mais c'était intentionnel. Contrairement à l'autre, comme elle l'appelait.

Revenues sur le sujet, l'enquête fut laborieuse puisqu'elle ne répondait qu'au compte goutte :

"Qui vous a violé ?"

- Je ne le connais pas.

- Je l'ai vu dehors dans la rue.

- Je lui ai ouvert la porte et il a fait son affaire.

Le clou fut la dernière affirmation : quand est-ce arrivé ?

- Ce matin.

Il aurait fallu commencer par cette question .... La lucidité attribuée tombait brutalement en fracas. Ceci dit est-ce un délire de persecussion ? Un viol véridique sur désorientation temporelle ? Un affleurement ou une toilette intrusive le matin même ?